Attendons pour voir…
Nabil EL BOUSAADI
Le 3 Février 2022, le septennat du président italien Sergio Mattarella arrivera à son terme et, d’ici-là, 1.009 grands électeurs – à savoir, 630 députés, 321 sénateurs et 58 délégués des régions – sont appelés à lui trouver un successeur car bien qu’étant éligible pour un second mandat, le président sortant a refusé de se représenter.
Aussi, à l’heure qu’il est, ce scrutin présidentiel, dont le premier tour se tiendra le 24 janvier prochain, est le principal sujet de préoccupation de tous les états-majors politiques italiens depuis plusieurs mois ; que ceux-ci appartiennent à la gauche ou à l’extrême-droite en passant par la droite et par le Mouvement 5 étoiles (M5S, anti-système).
L’Italie étant régie par un régime parlementaire, le président de la république assume, à première vue, un rôle essentiellement honorifique.
Or, en y regardant de plus près, on note que ce dernier est, constitutionnellement, le garant de l’unité nationale et des institutions. Ainsi, à l’issue des élections générales tout comme lors des crises politiques, le président italien joue un rôle de premier plan en ce sens qu’il garde la main sur le processus des négociations menées au titre de la formation des gouvernements de coalition en procédant, lui-même, aux consultations des groupes parlementaires préalablement à la nomination du président du Conseil des ministres.
C’est, en effet, le chef de l’Etat qui mène les consultations au titre de la formation du gouvernement et qui dispose, par ailleurs, du droit de dissoudre les deux chambres. En outre, si pour gouverner, le Président du Conseil doit, en dernier lieu, obtenir la confiance des deux chambres du Parlement, le Président de la République dispose, quant à lui, d’un droit de véto sur la composition du gouvernement.
Si donc, à l’heure actuelle, l’essentiel de la bataille pour la présidence italienne se déroule encore en coulisse et que la pression monte au fur et à mesure que l’échéance approche, force est de reconnaître que le grand favori de ce scrutin est Mario Draghi, l’actuel président du Conseil italien quand bien même les présidentielles italiennes ont cette particularité qu’en général rien ne s’y passe comme prévu si bien que leur chronologie est parsemée de coups de théâtre et de changements d’alliances qui font que leurs résultats restent incertains jusqu’au dernier moment.
Cette incertitude est renforcée, cette fois-ci, par cet impromptu de dernière minute que constitue la participation de Silvio Berlusconi qui, malgré son grand âge, une santé fragile, les nombreuses affaires judiciaires qui lui collent à la peau et le fait qu’il soit l’homme politique italien qui a été le plus critiqué depuis la seconde guerre mondiale, entend lui aussi briguer la présidence italienne après avoir dépassé tous les autres dirigeants depuis Benito Mussolini en effectuant, tout ou partie, de quatre mandats distincts à la tête du gouvernement.
Sachant pertinemment que s’il veut succéder au président Sergio Mattarella, il a grandement besoin de l’appui de ses « rivaux politiques », le vieux « Cavaliere » ne s’est pas empêché de tendre la main à des députés appartenant aux formations réputées comme étant les plus hostiles à sa candidature ; un pari risqué, certes, mais qu’il compte bien prendre avec l’espoir d’accéder à la présidence de la République.
Y parviendra-t-il ou ne s’agit-il là que d’un ultime coup d’épée dans l’eau ?
Difficile de le confirmer tant l’issue de ce scrutin reste incertaine mais attendons pour voir…