L’UE proche d’un accord pour aider l’Allemagne

Économies de gaz

Les ministres de l’Énergie de l’Union européenne, réunis mardi à Bruxelles, semblaient proches d’un accord pour réduire leur consommation de gaz de façon coordonnée et aider ainsi l’Allemagne, après une nouvelle réduction drastique des livraisons russes.

« La solidarité européenne est absolument essentielle », a martelé la ministre française Agnès Pannier-Runacher, à son arrivée. « Nos chaines de production industrielles sont complètement interdépendantes. Si la chimie tousse en Allemagne alors c’est toute l’industrie européenne qui peut s’arrêter », a-t-elle averti.
Le géant russe Gazprom a annoncé lundi qu’il réduirait dès mercredi drastiquement, à 33 millions de m3 quotidiens, ses livraisons à l’Europe via le gazoduc Nord Stream, arguant de la nécessité de maintenance d’une turbine.
Cette nouvelle coupe est « une preuve supplémentaire » que l’Europe doit « réduire sa dépendance dès que possible » envers la Russie, a souligné le ministre tchèque en charge de l’Énergie, dont le pays assure la présidence tournante du Conseil de l’UE.

« L’unité et la solidarité sont les meilleures armes que nous ayons contre (le président russe Vladimir) Poutine et je suis sûr que c’est ce que nous montrerons aujourd’hui », a déclaré Jozef Sikela, avant la réunion avec ses homologues sur un plan de réduction de la consommation de gaz de l’UE proposé par la Commission européenne.
Bruxelles avait proposé la semaine dernière de diminuer de 15% la demande européenne de gaz à partir du mois d’août, afin de pouvoir passer l’hiver sans catastrophe majeure. La Russie représentait jusqu’à l’an dernier quelque 40% des importations gazières de l’UE.
Le plan de Bruxelles propose que chaque pays fasse « tout son possible » pour réduire, entre août 2022 et mars 2023, sa consommation de gaz d’au moins 15% par rapport à la moyenne des cinq dernières années sur la même période, notamment en baissant le chauffage des bâtiments.
En cas de « risque de grave pénurie », un mécanisme d’alerte rendrait « contraignante » pour les Vingt-Sept la réduction de 15%.

Cette dernière mesure vise à mutualiser l’effort en cas d’urgence pour aider notamment l’Allemagne, très dépendante du gaz russe. Un choc majeur sur la première économie européenne se répercuterait immanquablement sur l’ensemble des Vingt-Sept. D’où le besoin de solidarité.
« Ce n’est pas seulement un problème allemand, c’est un problème de l’Europe centrale et orientale qui s’est trop longtemps reposée aveuglément sur le gaz russe bon marché. Et nous devons maintenant résoudre cela ensemble », a déclaré le ministre allemand Robert Habeck, en exprimant un mea culpa de son pays.
« L’Allemagne a commis une erreur stratégique dans le passé » en cultivant cette dépendance envers Moscou et le gouvernement travaille d’arrache-pied pour la supprimer, a-t-il expliqué.
Le plan avait fait ces derniers jours l’objet de vives critiques de la part de plusieurs États. Parmi les plus virulents: les pays d’Europe du sud, dont l’Espagne, où le souvenir des plans de rigueur douloureux imposés par Berlin après la crise financière de 2008 est encore vif.

La ministre espagnole de la Transition écologique Teresa Ribera avait dénoncé un manque de concertation de la Commission et jugé le plan « injuste » et « inefficace ». Les diplomates des 27 ont donc profondément modifié la proposition initiale pour permettre un accord.
La dernière version sur la table, consultée par l’AFP, prévoit que ce soit le Conseil de l’UE, représentant les Vingt-Sept, et non la Commission, comme celle-ci le demandait, qui décide de la mise en oeuvre éventuelle d’objectifs contraignants.
Cet objectif de 15% serait par ailleurs adapté à la situation particulière de chaque pays grâce à une série d’exemptions, tenant compte en particulier du niveau de stockage atteint et de la possibilité d’exporter le gaz économisé vers d’autres pays.
Certains États, comme l’Allemagne, se sont toutefois inquiétés du nombre important de dérogations qui risquent de réduire l’effort européen.
« La nouvelle proposition est beaucoup plus équilibrée », a estimé mardi Teresa Ribera, à l’instar d’autres ministres.
« Les pays membres ont des problématiques différentes, mais à la fin je m’attends à ce que nous ayons un accord politique », a déclaré la commissaire à l’Énergie, Kadri Simson.

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