2022, l’année de toutes les hausses

Blé, maïs, sucre, gaz, pétrole, métaux de base et phosphates

F. EL Mouden

Les incertitudes liées à l’évolution du conflit entre la Russie et l’Ukraine, les deux grands exportateurs de matières premières alimentaires et énergétiques combinées au rebond de la demande mondiale et aux contraintes sur l’offre sont à l’origine de la forte tendance haussière de cours des produits de base. La flambée est généralisée aux produits énergétiques, denrées alimentaires, fertilisants et métaux de base. Une tendance, qui selon les estimations devrait se maintenir tout au long de l’année 2022. Une prolongation qui  aura un impact marqué sur l’inflation et la croissance économique mondiale.

Les cours du pétrole affichent une forte hausse pour atteindre leur plus haut niveau de  2008, annonce la DPEF dans son dernier bulletin de conjoncture. La hausse s’élève à 45% depuis le début de l’année en cours. La direction des prévisions économiques et financières indique que la Russie reste le plus grand exportateur mondial de pétrole et le deuxième plus grand exportateur de pétrole brut derrière l’Arabie saoudite.

Les prévisions de l’Agence internationale d’énergie (AIE), tablent sur une baisse de la production de pétrole de la Russie d’environ un quart (3 mbj) à partir du mois d’avril, infligeant ainsi le plus grand choc d’approvisionnement depuis des décennies. Le déficit de pétrole russe serait difficile à compenser à court terme précise, la DPEF. Qui rappelle qu’en raison d’un écart grandissant entre l’offre et la demande mondiales, les stocks pétroliers poursuivent leur repli pour afficher leur plus bas niveau en huit ans entre 2017-2021. Ainsi, la tendance générale laisse apparaitre des cours de pétrole relativement élevés en 2022 avec des fluctuations.

Gaz butane : une hausse de 86% sur un an

Du côté des cours du gaz butane, les cours ont augmenté de 33% depuis début 2022 et de 86% depuis un an. Elle  s’inscrit dans le sillage de la hausse généralisée des prix des produits énergétiques, dont le gaz naturel, en raison des craintes sur l’approvisionnement, accentuées par la guerre entre la Russie et l’Ukraine.

Parallèlement, les prix du phosphate brut se sont établis à 172,5 dollars la tonne, marquant une hausse de 96% depuis un an. Selon, la DPEF Les cours des produits phosphatés sont soutenus par des perspectives d’offre et de demande serrées à court terme et par des niveaux élevés des prix des produits énergétiques et des produits agricoles (maïs, soja, sucre…), impactant positivement les marchés des engrais. Toutefois, la disponibilité des engrais sur le marché mondial pourrait être impactée par les sanctions économiques occidentales sur la Russie qui est un exportateur majeur.

Les prix du blé tendre (SRW) ont enregistré 451 dollars la tonne en moyenne entre le 1er et le 18 mars, soit une hausse de 33% par rapport au mois de février et de 65% depuis un an. Ils ont atteint un pic de 522 dollars la tonne le 7 mars, leur plus haut niveau depuis 2008. La hausse est amplifiée par la perturbation de la production et du commerce agricole dans la région Mer Noire, suite encore à la crise russo-ukrainienne.

A signaler que  la Russie et l’Ukraine sont deux principaux producteurs et exportateurs de céréales, représentant environ 30% du blé commercialisé dans le monde. Les exportations de la Russie pourraient être entravées par les restrictions sur le financement du commerce et les exigences supplémentaires en matière d’assurance du fret maritime. Une persistance de la crise risque de faire grimper encore les prix des denrées alimentaires et de créer des pénuries, menaçant ainsi la sécurité alimentaire des pays importateurs, notamment de la région MENA.

Toutefois, la montée des prix du blé devrait être atténuée par des perspectives de récoltes favorables. Selon la FAO, la production mondiale de blé devrait atteindre 775,4 Mt en 2021/2022, pratiquement au même niveau que la saison précédente, grâce à des récoltes abondantes en Australie et en Argentine. Pour la saison 2022/23, la FOA s’attend à une production mondiale de blé record de 790 Mt (mais cette prévision préliminaire ne tient pas compte des impacts du conflit). L’essentiel de la hausse devrait provenir de l’Amérique du Nord.

Les cours du maïs ont enregistré 336 dollars la tonne en moyenne sur la période 1-18 mars, en hausse de 15% par rapport à février et de 37% en glissement annuel, soutenus par de larges achats de la Chine, des contraintes sur l’offre mondiale et une flambée des prix énergétiques. Les pressions à la hausse sur les prix de maïs sont accentuées par des inquiétudes sur les récoltes en Amérique du Sud (Brésil et Argentine), affectées par un climat sec.

Les prix du soja se sont établis à 714 dollars la tonne en moyenne entre le 1er et le 18 mars, en hausse de 8% par rapport au mois de février, portant leurs gains à 29% depuis début 2022. Ils ont atteint 736 dollars la tonne le 18 mars, leur plus haut niveau depuis 2012,

Le conflit russo-ukrainien exerce une pression supplémentaire sur les prix des huiles végétales. La région Mer Noire représente environ 60% de la production et 80% des exportations de l’huile de tournesol au monde.

Les cours mondiaux du sucre brut (ISA) ont enregistré 417 dollars la tonne en moyenne en mars (du 1er au 18), en hausse de 6% par rapport au mois de février, portant leurs gains à 22% depuis un an.

Des prix du pétrole élevés incitent les usines brésiliennes à détourner la canne à sucre vers la production de l’éthanol (et vice-versa). L’équilibre offre/demande du sucre reste serré. L’Organisation internationale du sucre (ISO) prévoit pour la saison 2021/2022 un déficit de l’offre sucrière mondiale de 1,9 Mt (contre 2,6 Mt prévu en novembre et 2 Mt enregistré pour 2020/2021).

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