«Mon Dieu gardez moi de mes amis, Quant à mes ennemis je m’en charge»

Dans tout ce qui s’écrit et se dit, une idée fait l’unanimité de l’ensemble des intervenants. Cette idée veut que le monde au lendemain de la pandémie soit différent de celui qui est établi. Cette vision optimiste semble couler de source pour ceux qui l’affirment ; pour les autres, le silence marque leur scepticisme. Mais à préfigurer ce monde du futur et les conditions du changement, les approches ne sont plus unanimes et les expressions restent mitigées.

Cela rappelle, il y a de cela  soixante six années environ, la chute de Diên Biên Phu qui a initié, entre autres facteurs, l’émancipation des peuples subissant alors l’emprise du colonialisme français.

La faillite du modèle occidental devant l’expansion de l’épidémie s’est traduite par l’incapacité des puissances occidentales d’affronter la pandémie sans crise sanitaire. L’égoïsme de certains Etats envers des alliés s’est exprimé par un repli suscitant la fragilité de la communauté européenne déjà secouée par le Brexit et autres refus d’intégration. Les scènes de panique et de pillage dans les cités de l’oncle Sam mettaient à mal l’image d’un système où l’organisation sociale, l’opulence, la discipline et la solidarité devraient dominer.

Et alors que la crise économique montre ses chiffres ; les discours se limitent à la conjoncture imposée par ce brin d’ARN invisible qui ne cesse de tuer. Hier encore ils ne cessaient de fustiger celles et ceux qui montraient du doigt les insuffisances des processus démocratiques en cours dans la gestion des affaires courantes.

Il faut le dire, les modalités de cette révolution annoncée se retrouvent un peu ici et un peu ailleurs malgré la morbidité ambiante.

La personne humaine ne veut plus être considérée comme un «élément statistique» dont le «X barre» permettait aux nomenklaturas, d’ici et d’ailleurs, de faire apparaitre la partie pleine du verre quand ils le jugeaient nécessaire pour renforcer leur domination et sa partie vide au moment où l’austérité en tout devrait être supportée par les masses.

La personne humaine ne veut pas devenir un code QR lui permettant de profiter des services pour satisfaire ses besoins et devenir un individu dont les données sont traitées pour l’asservir encore plus.

La personne humaine, ici et ailleurs, veut rester un être vivant ayant «la conscience et le contrôle de soi, le sens du futur et du passé, la capacité d’entrer en relation avec les autres, de se préoccuper des autres, la communication et la curiosité». Un être social responsable qui veut que «l’autre puisse vivre tel qu’il le voudrait pour soi ».

La personne humaine, de par le monde, voudrait que les développements des sciences et des technologies favorisent la justice sociale, l’élimination des disparités territoriales et la généralisation du bienêtre du vivre ensemble en symbiose avec la nature et l’environnement qui l’entoure.

La course effrénée à l’accumulation de l’or et de l’argent voulue par la finance, ici et ailleurs, s’est montrée incapable de résoudre et ses problèmes, et les problèmes du monde et de mettre un frein à son atavisme attaché au profit. C’est elle qui pose le problème démographique en priorité. C’est elle qui prend les changements climatiques comme un facteur secondaire alors qu’ils menacent la planète.

Dans notre beau pays qui restera une île géopolitique pour quelques temps encore, les atouts sont nombreux pour que l’après Covid-19 soit meilleur que son passé. La volonté politique quand elle s’exprime lève les obstacles qui empêchaient d’assurer une vie digne à l’ensemble de nos compatriotes. Certes les attitudes obscurantistes sont toujours présentes dans notre société et ne cessent de réclamer encore plus au lieu de prêter mains fortes à la santé publique, à l’éducation nationale; à l’effort mobilisateur de toute la nation pour s’en sortir avec le moindre mal.

Ce n’est pas la première fois que cela est enregistré à l’encontre de ces vautours. Lors de l’organisation de la Marche Verte populaire, certains avaient estimé que le pécule amassé aux dépens de la population et de ses biens communs ne pouvait servir à l’affermissement du destin national. C’est pour cela, et qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs, on clamera:

«Mon Dieu gardez moi de mes amis, Quant à mes ennemis je m’en charge».

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