L’extrême-droite exige le retrait des mesures prises contre les violences sexistes
Le 2 décembre dernier, un petit parti d’extrême-droite «Vox» avait fait une entrée fracassante au Parlement régional d’Andalousie en raflant douze sièges d’un seul coup alors qu’il n’en avait aucun ; un score inespéré mais bien réel qui lui permet, désormais, d’exercer un chantage sur les deux autres formations de droite que sont l’historique «Parti Populaire» et le nouveau-venu libéral «Cuidadanos».
Radical, ultranationaliste, ouvertement xénophobe et antiféministe, opposé à l’immigration illégale et à l’indépendantisme catalan, le petit parti de Santiago Abascal entend bien user de tout son poids pour permettre à la droite de mettre fin à trente-six années d’hégémonie socialiste dans la région dès lors que ses douze sièges sont indispensables pour la constitution d’une coalition majoritaire de droite.
Mais l’entente embryonnaire qui se dessine dans cette Andalousie qui, avec ses 8,4 millions d’habitants est la plus peuplée du pays et qui est placée en première ligne pour l’accueil des migrants qui traversent le Détroit de Gibraltar, risque de ne point voir le jour et de ne point permettre aux andalous de se «débarrasser de 36 ans de régime socialiste» si les deux autres formations de droite n’accèdent pas aux injonctions de «Vox».
Conscient de la «force» qu’il représente, désormais, en Andalousie et de l’ascension spectaculaire que lui prédisent les sondages lors des prochaines élections municipales, régionales et européennes de Mai 2019, «Vox» dénonce l’un des rares consensus en matière sociétale; à savoir, la discrimination positive en faveur des femmes dans les entreprises et les administrations. Ainsi, son leader, Santiago Abascal ne s’empêche pas de déclarer qu’il y a un très grand nombre d’hommes qui sont battus par leurs épouses et que plusieurs plaintes déposées par les femmes pour mauvais traitement de la part de leurs époux, sont fausses et sans fondement. Lui emboitant le pas, Francisco Serrano, le leader de «Vox» en Andalousie, veut «en finir avec cette obsession du genre car dans une famille, tous peuvent être victimes d’agressions et de violence, enfants, vieillards et hommes aussi».
Et si, face à de tels propos, Albert Rivera, le leader de «Ciudadanos» ne transige pas car, pour lui, « lutter contre les violences faites aux femmes est une obligation», Pablo Casado, le patron du Parti Populaire, met, quant à lui, de l’eau dans son vin en affirmant qu’«un quart des victimes de la violence, souvent invisibles, sont des hommes».
Ainsi, pour que cette coalition de droite puisse voir le jour et mettre fin à l’hégémonie socialiste qui perdure depuis 36 ans, «Vox» a transmis au Parti Populaire 18 conditions parmi lesquelles l’expulsion de 52.000 migrants clandestins dont un très grand nombre de marocains, la fin du «tourisme sanitaire» en supprimant les aides aux associations oeuvrant dans le cadre de la préservation des droits des migrants, en assimilant à «une collaboration avec la mafia» le sauvetage en mer des migrants et, enfin, en mettant fin aux aides aux partis politiques et aux syndicats.
Autant dire, au vu de toutes ces injonctions, qu’en Andalousie, le chemin vers une parfaite entente entre les trois formations de droite est encore long et que l’hégémonie socialiste pourrait encore avoir de beaux jours devant elle mais attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi