Un intellectuel prolixe, prolifique, immortel et universel. Abdelkébir Khatibi, décédé le 16 mars 2009 à Rabat, demeure à travers ses écrits et ses livres dans la mémoire des lecteurs et chercheurs d’ici et d’ailleurs.
En hommage à son parcours et son œuvre singulière, Toubkal Éditions vient d’éditer dans sa collection ‘’Repères’’ un ouvrage collectif intitulé «Celui qui vient de l’avenir, Abdelkébir Khatibi» sous la direction du poète et professeur universitaire, Abdelghani Fennane.
«Un ouvrage à la mémoire de Abdelkébir Khatibi, un hommage posthume, à l’écrivain et au penseur radical qu’il est, au nom aussi de l’amitié et de la filiation de l’esprit. Il s’agit de voir ce qui de son œuvre bat en nous comme un souffle inépuisable, ce qui du feu initial de son chant s’est transformé en nous en une «passion froide» qui a œuvré dans différents lieux de savoir et de création, mais qui ravive encore notre imaginaire et notre critique, ouvre un horizon de pensée sans fin : pensée-autre, double critique, bi-langue, intercontinent littéraire, bi-pictura, intersigne, aimance…», soulignent les initiateurs de cet ouvrage. Et d’ajouter: «Trois générations d’auteurs ont participé à cet ouvrage qui, par un autre parti pris, questionne l’oeuvre théorique, philosophique, critique et politique de Abdelkébir Khatibi».
Un grand nom de la littéraire, de la sociologie et de la pensée, les réflexions e les publications d’Abdelkébir ont incontestablement enrichi le paysage culturel, littéraire, artistique, sociologique et philosophique marocain. Ainsi, pour mettre les lumières sur sa pensée plurielle et à avenir. Et pour mettre des éclairages sur son héritage et son œuvre complète, plusieurs plumes y ont apporté leurs regards entre autres Abdesslam Benabdelali, Abdelmajid Benjelloun, Rachid Benlabbah, Jalil Bennani, Mohammed Bennis, Moulim El Aroussi, Abdelghani Fennane, Marc Gontard, Mourad Khatibi, Hassan Laghdache, Mohamed Maouhoub, Hassan Moustir, Abdallah Saaf, Khalid Zekri. Pour ce qui est des photographies, elles ont été assurées par Jamal Benabdeslam, Mona Martensson, Alexia Mione sans oublier les dessins calligraphiques de Noureddine Daïfallah.
«Il n’est pas mort celui qui vient de l’avenir. Son absence est auréole. Son silence est susurrement infini au milieu de la nuit, de l’autre nuit dont l’ombre est le gage de l’éternité des dieux. Sa disparition, un simulacre auquel il nous a habitués à travers ses départs, ses dédoublements, ses dérives et ses multiples réincarnations.
Le temps habillera sa mémoire de l’étoffe de l’Ancien. La mauvaise herbe de l’oubli jamais ne couvrira son nom. Derrière le rideau où son visage s’absente, il nous parle, il continue à nous parler, dans sa double langue, avec ce langage des signes dont il a tatoué son corps orphique: calligrammes, poèmes, fragments… Son corps qu’il a disséminé, en offrande, parmi les différents champs de savoir», décrivait Abdelghani Fennane sur Abdelkébir Khatibi.
Mohamed Nait Youssef