Produire marocain et consommer marocain

En voulant honorer l’appel de mes camarades parlementaires à consommer marocain; le souvenir de ces boîtes d’allumettes, utilisées par la population à plusieurs fins, et au dos de laquelle on pouvait lire «En utilisant les produits marocains, vous participez à l’économie du pays», s’est imposé.

Cela date des premières années de l’indépendance; depuis lors, sous la pression du Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale, beaucoup de mesures et de décisions ont été prises sans que les modèles de développement mis en œuvre ne répondent aux besoins affirmés et aux attentes souhaitées de la population.

C’est donc dans un pays où les inégalités sociales et les disparités territoriales ne cessent de s’accentuer que la pandémie de la covid19 s’est répandue. Mettant en évidence les dysfonctionnements, exacerbant les inégalités et mettant tous les équilibres socioéconomiques à rude épreuve, la propagation de la pandémie s’est accompagnée d’une accentuation de la précarité, de la vulnérabilité et de la pauvreté. L’économie nationale est fortement impactée malgré les transferts des Marocains du Monde qui n’ont pas tari; et ses déficits ne sont pas comblés par le recours accru à l’endettement.

C’est dans ce contexte que s’inscrit cet appel à consommer marocain lancé par le Groupement Parlementaire du Progrès et du Socialisme à la Chambre des Représentants. «Chaque pays ne compte plus que sur ses propres moyens pour faire face aux répercussions de cette crise… par l’orientation, la régulation et l’organisation de la production selon des stratégies intégrées accompagnées de la réglementation des prix, du respect de la concurrence, de la garantie de la qualité et de la protection du consommateur», dixit le député PPS de la Chaouia.

Cette approche patriotique de l’industrialisation du pays sur la base de ses besoins est possible. Elle est réalisable. La fabrication de masques pour la protection contre la propagation du coronavirus en est la preuve. La volonté politique a servi de puissant levier pour subvenir aux besoins internes du pays dans des conditions de crise où la mobilisation a été au niveau de la prise de décision. Notre beau pays devenait un exemple et une référence de l’adaptation de son industrie à ses nécessités; et dans le même sillage, d’autres projets voyaient le jour.Les besoins de la vaccination contre la covid19 ont montré qu’il ne s’agit pas seulement de pouvoir développer un vaccin et de le produire, mais aussi de pouvoir répondre à la production de tout ce qui accompagne cette action.

D’autre part, le développement de notre capital humain ne peut se limiter à son éducation obligatoire et à sa formation nécessaire. En tant que force productive, il faudrait aussi qu’il puisse s’intégrer dans des structures nationales de production pour mettre à profit ses compétences au lieu de s’inscrire dans «la fuite des cerveaux» après celle des bras et du travail physique. Faute de cette intégration, notre capital humain restera démarché pour immigrer par ceux et celles qui lui reconnaissent ses capacités dans l’innovation et ses aptitudes dans la compétitivité. Notre pays s’appauvrira encore plus et sera handicapé pour assurer la relance de son économie et son émergence.

Il est à noter que cet appel n’est pas le premier dans son genre. On peut affirmer que la grande majorité des acteurs socioéconomiques nationaux sont convaincus de sa pertinence. Les entreprises nationales gagneront autant que les ménages dans la consolidation du marché intérieur. L’amélioration de l’emploi renforcera l’insertion sociale et le raffermissement de la cohésion sociale. D’autres indicateurs économiques seront à l’avantage dans cette volonté de «produire marocain et de consommer marocain».

Last but not least, à celles et à ceux qui palabrent sur l’apport des partis politiques de prendre acte des propositions des forces vives de la nation et d’en reconnaitre la valeur.C’est par ce biais que la consolidation du processus démocratique se fera.

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