Que risque l’Europe après la fermeture, par Poutine, du gazoduc Nord Stream 1 ?

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Après avoir, très souvent, soufflé le chaud et le froid pour prendre de court ses adversaires et les déstabiliser, le président russe Vladimir Poutine entend, cette fois-ci, «infliger un maximum de dégâts» à l’Europe en la plongeant dans le froid alors que l’hiver qui approche à grands pas s’annonce ardu.

Ainsi, même si les pays européens s’y sont préparés, depuis le déclenchement de la guerre d’Ukraine, la décision de mettre à l’arrêt – officiellement pour raisons techniques ; à savoir, des fuites d’huile – le gazoduc Nord Stream 1, prise, ce mercredi, par le maître du Kremlin confirme la volonté de ce dernier de mettre ses voisins européens en difficulté pendant les mois les plus froids de l’année car, comme l’a écrit la Süddeutsche Zeitung, «contrairement à ce qui avait été annoncé, aucun gaz ne transitera par le gazoduc Nord Stream 1 à partir de ce samedi (3 septembre)».

Prise quelques heures à peine après que le sommet du G7 ait convenu, vendredi, de plafonner le prix du pétrole russe, cette initiative ne serait donc rien d’autre qu’une contre-attaque du président Poutine qui fait suite à la décision prise, la semaine précédente, par Moscou, d’interrompre l’activité du gazoduc reliant la Sibérie à l’Allemagne et de cesser, du même coup, d’approvisionner en gaz le groupe français «Engie» en évoquant la nécessité d’entreprendre des travaux de maintenance.

Mais, si une telle décision a fait dire au journal argentin «Pagina 12» que «la guerre de l’énergie a commencé», Siemens Energy a déclaré, pour sa part, dans un communiqué, qu’en sa qualité de « fabricant de turbines», il confirme qu’une fuite d’huile «ne constitue pas une raison technique pour arrêter les opérations». Il s’agit donc, bel et bien, d’une opération de «chantage» par laquelle le président russe veut donner un coup de pouce au bras-de-fer économique qui oppose Moscou à Bruxelles et qui attise les craintes d’un rationnement énergétique et de récession dans plusieurs pays de l’Union européenne.

Or, pour contrecarrer le «chantage» russe, dès que Moscou avait commencé, au début de cet été, à fermer le robinet du gaz, les pays du vieux continent s’étaient attelés à diversifier leurs sources d’approvisionnement et à augmenter leurs stocks de gaz en prévision de l’hiver.

Si donc, à l’issue du Conseil de défense sur la crise énergétique qui s’est tenu vendredi dernier, la France a assuré disposer d’une réserve de gaz de 92%, le quotidien belge «Le Soir» rapporte, pour sa part, que le ministère belge de l’Energie s’est voulu rassurant en déclarant que « l’échec du redémarrage du gazoduc Nord Stream 1 n’aura pas d’impact sur l’approvisionnement de la Belgique».

En outre, si l’on en croit Klauss Müller, le président de l’autorité de régulation du réseau gazier allemand, l’Allemagne, qui est l’un des pays les plus dépendants du gaz russe, s’est préparé à ce type de coupure en améliorant ses capacités de stockage qui ont atteint près de 85% et en diversifiant ses sources d’approvisionnement, en gaz naturel liquéfié (GNL).

Mais, bien qu’en se mettant en ordre de bataille, les gouvernements européens se disent prêts à affronter un arrêt prolongé de Nord Stream 1, l’économiste Cornelia Meyer, citée par la BBC, rappelle que «les dégâts sont déjà là» dès lors que cette guerre énergétique «a déjà d’énormes conséquences pour le gaz en Europe, qui est environ quatre fois plus cher qu’il ne l’était l’an dernier». Cela aura-t-il comme première conséquence le fait que le coût de la vie va «vraiment grimper en flèche» comme l’a affirmé Cornelia Meyer ? Tout semble le confirmer mais attendons pour voir…

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