La course au sensationnel interroge de plus en plus sur la qualité du traitement médiatique et son impact sur les droits d’autrui. La question a été soulevée mercredi à l’occasion de la séance inaugurale du master «communication politique» à l’Institut supérieur de l’information et de la communication.
Le ministre de la Justice, Mohamed Aujjar, s’en est pris avec véhémence aux médias qui traitent les affaires judiciaires, en l’occurrence celles liées à l’arrestation de personnalités publiques, sans respecter le principe de présomption d’innocence. Ce qui constitue une atteinte aux droits de ces personnes. Aux yeux d’Aujjar, le manque de formation des journalistes dans le domaine juridique explique en grande partie ce type de dérive médiatique.
Ce désamour entre Aujjar et certains médias s’explique aussi par l’exploitation des enfants à des fins commerciales. Le ministre dénonce la publication de contenus portant atteinte à l’image et à la dignité de l’enfant. Il critique surtout les sites d’information. Les révélations sur les cas violences faites aux enfants se sont multipliées ces dernières années, suscitant une avalanche de clics sur les réseaux sociaux au détriment des droits des victimes.
Aujjar va plus en loin en affirmant que les médias peuvent contribuer à l’échec de la transition démocratique, comme cela a été le cas dans certains pays voisins. En cause, le piège du parti-pris dans lequel plonge certains supports. «Nous avons besoin d’une élite médiatique professionnelle, en mesure de défendre la démocratie et les droits de l’homme loin de toute logique de désinformation et de la course à clics qui caractérise aujourd’hui plusieurs portails d’information», dit-il.
Devant les étudiants, il a appelé les médias à se conformer à la déontologie. Car, dit-il, «le processus de transition démocratique et la réussite des réformes sont tributaires dans une grande mesure du niveau de professionnalisme des opérateurs de la communication et de l’information.
Il faut dire que la faiblesse des capacités de communication du corps judiciaire ne favorise pas un traitement médiatique de qualité. En l’absence d’information officielle, les médias tombent dans le piège de la désinformation. Aujjar en est conscient. Pour y pallier, les parquets ont été autorisés à communiquer plus régulièrement avec les journalistes à travers la publication de communiqués de presse.
Hajar Benezha