Réforme

La réforme est-elle inéluctable ? A comparer les situations de notre peuple au début du siècle dernier et actuellement on ne peut que l’affirmer. De même, tout marocain vous dira que ses processus et ses mécanismes ne sont pas linéaires et que ses chemins ne sont pas droits.

De l’aspect vestimentaire des personnes au système des valeurs qui les anime, de l’aménagement du territoire à l’organisation politique et administrative du pays, l’évolution est plus que perceptible. Elle est vécue avec ses réalisations positives, ses échecs et les attentes qu’elle crée auprès des uns ou les appréhensions qu’elle suscite chez d’autres.C’est dans cet équilibre dynamique que la réforme s’exerce pour devenir changement, revendication ou simple vœu s’intégrant avec d’autres dans un éventuel projet de société.

On ne peut imaginer autrement  le royaume du Maroc sans ce qu’il est et sans ce qu’il porte comme ambitions d’émergence économique, de la volonté de prendre en compte tous les leviers sociaux pour  le bienêtre de la population dans son ensemble et d’œuvrer pour le redressement démocratique afin assurer les droits et les libertés nécessaires à l’émancipation du peuple. Force est de constater que toute propension à vouloir marcher à reculons dans la gestion de ces ambitions ne peut que connaitre l’échec car elle ne se situe pas dans la continuité des efforts prodigués et des avancées réalisées.

La dégradation des repères dans une société clair-obscur qui change  pousse à la dépréciation des acquis. La tendance est de regarder dans le rétroviseur historique pour retrouver ses marques et en faire l’apologie. Aucune organisation politique, syndicale ou corporatiste n’est plus crédible autant qu’elle l’était dans les conditions antérieures. Aucun leader n’est préservé par la vindicte. On ronronne dans sa place dans un sommeil non apaisant. Cela rend les extrêmes plus actifs pour bomber le torse et donner de la voix. Leur épouvantail peut servir à retarder la réforme ou tout au moins à la réduire dans sa matérialité car ils, ces extrêmes, ne sont en phase qu’avec eux-mêmes, loin de la réalité de la population et de son vécu. Il faut reconnaitre qu’ils ne s’inscrivent pas dans le cadre de la réforme et s’enferment beaucoup plus dans une motivation idéologique, qu’ils veulent pure, que de s’intégrer dans une évolution politique à la recherche du possible pour améliorer les conditions interdépendantes de la vie sociale.

Ce sont ces conditions mêmes qui agissent sur le rapport des forces et poussent à la réforme. La possibilité de le faire n’étant pas régie par la capacité de le faire, il reste à prendre l’initiative et à promouvoir l’effort d’adaptation et d’ouverture de la société dans le cadre de la justice sociale et la durabilité du développement. Car qui n’avance pas recule. La crédulité des masses est en régression permanente et exponentielle et la fausseté des discours ne peut plus emporter la reconnaissance et l’adhésion. Le parler vrai est confronté à la réalité de l’existant et du vécu et des solutions mise en œuvres pour pallier aux dysfonctionnements relevés. Le chant de la réforme, ne peut être comme celui des sirènes qui conduit au désenchantement, à la démobilisation et à l’attentisme. L’appréciation est non dans la satisfaction de toutes les attentes mais dans la conformité entre la promesse et sa traduction sur le terrain.

Qu’il s’agisse de l’organisation politique ou de toute institution étatique, la réforme est jugée dans les faits des résultats qu’elle met en œuvre et non dans l’intention qui se renouvelle sans pour autant que le changement initié s’opère convenablement. C’est dans cette zone de fractures entre le discours et la réalité que s’introduit le désespoir et enfante extrémisme, violence et rejet.

Pêle-mêle; que cela s’agisse de la lutte contre les inégalités sociales et les disparités spatiales, qu’il s’agisse du système éducatif ou du système de la santé, de la justice, du logement ou de l’emploi, de la réalisation de l’équipe nationale dans la coupe du monde de football, du retard de la ligne grande vitesse et des conditions supportées dans les voyages par train, de l’arnaque là où elle se pratique,des vacances et de l’occupation des plages, du sable et de son pillage, de l’environnement, de la polygamie ou de l’apparition de tâches blanchâtres sur les cactus et des mesures qu’il est nécessaire de prendre, le pays a besoin d’un nouveau souffle de réforme.

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