La rue d’Al Hoceima!

La rue d’Al Hoceima s’est encore agitée, quoique l’interdiction ait été rendue publique bien auparavant par les autorités locales. Tout le monde savait alors qu’il y aurait outre passement et par conséquent, on s’attendait à des accrochages entre manifestants et services d’ordre.

Or, le bilan n’était pas, fort heureusement, aussi tragique qu’on l’avait – peut-être – imaginé, à la veille de l’émeute. L’envie de s’époumoner à tue-tête n’était pas, sans doute, tout à fait rassasiée, en dépit de l’effort de réhabilitation de la région qui se déploie, à brides abattues, ces temps-ci. D’autre part, il était bien évident que les frondeurs, si répondants qu’ils sont aux appels des manifs, ne pouvaient pas faillir à ce mouvement du 20 juillet, bien décidé, il y a plus de cinq mois.

C’est dire combien on pouvait devenir ringard si la cause à mener ne dépendait pas seulement de sa propre volonté. Il était bien clair que les mioches qui, arborant des slogans hagards, rôdaient dans les artères, semblaient jouer le jeu de chefaillons en filigrane, pour faire perdurer un Hirak essoufflé et vidé de substance sensée. Progressivement, le canular se démystifie, face aux répliques instantanées des doléances légitimes et fondées des populations rifaines. Certes, ces réactions étaient tardives et, faut-il bien le reconnaître, survenues sous la pression de la rue. Mais, il vaut mieux tard que jamais, dit-on et ce n’est plus une raison de continuer à perturber une zone, désormais en plein chantier au grand bonheur des citoyens.

Il bien vrai qu’Al Hoceima a toujours été considérée comme une destination no desiderata, à l’instar de nombre de régions du pays, laissées pour compte, depuis fort longtemps. Une attitude centrale qu’on avait constamment condamnée, dans le sillage de la réclamation de l’égalité de la répartition des ressources et de la mise en application du principe de l’équité sociale et territoriale du pays. Aujourd’hui qu’on s’atteler à s’y mettre, malgré les retards et les contraintes, il n’est plus permis de s’y opposer pour d’autres agendas attentatoires à la stabilité et à la souveraineté de la nation. Ceci étant, il n’en demeure pas moins vrai, non plus, que c’est bien la rue qui précipite parfois les bonnes solutions. Mais, quand la rue devient redondante et dépendante d’autres détenteurs de ficelles, elle est synonyme de déstabilisation et démolition. D’autant plus que son rôle est limité dans le temps et l’espace, puisqu’elle est sitôt relayée par l’Institution qui étudie les requêtes et décrète les décisions, en fonction des moyens dont elle dispose.

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