Salafin-Taslif: Le mariage arrangé des outsiders du crédit conso

Dans une opération de renforcement de ses capacités, la filiale de crédit à la consommation de FinanceCom, Salafin, absorbe son homologue Taslif, filiale de Saham Finances. Cette opération de fusion-absorptionqui fera du nouvel ensemble le troisième acteur du marché national du crédit conso donnera-t-elle à ce dernier les fondamentaux nécessaires pour un déploiement sur le continent?

Un cadeau d’anniversaire. Pour son vingtième anniversaire, Salafins’est offert sa jeune concurrente, Taslif.Les maisons-mères de Salafin, FinanceCom, et de Taslif, Saham Finances, ont conclu le deal il y a quelques semaines. Faut-il le rappeler, cette fusion absorption est une première manifestation du partenariat stratégique conclu entre les deux groupes en juin 2015 dans « l’objectif de mettre en commun leurs compétences et d’accélérer leur expansion dans le secteur des services financiers en Afrique» et marque le premier pas d’opérations futures.Le nouvel ensemble, élégamment surnommé « Salafin élargie », sera doté de fonds propres d’1 milliard de dirhams, de 5 milliards de dirhams d’encours et d’un réseau élargi de 25 agences en propre. Et malgré la présence des deux acteurs sur le même segment, leurs activités semblent complémentaires.  En effet, Salafin est présent sur le crédit personnel avec prélèvement bancaire, les crédits automobiles, la LOA et les crédits renouvelables. Taslif détient quant à elle un portefeuille constitué essentiellement de prêts avec prélèvement à la source, sans oublier une spécialisation dans le financement de véhicules utilitaires. Le nouvel ensemble se voit donc offrir une large clientèle à adresser.

Un repositionnement de Saham à l’horizon!

Ce rapprochement présenté comme s’inscrivant dans une logique industrielle devrait, selon les managements des deux groupes, créer des synergies industrielles fortes via un partage de savoir-faire et des best practices, le développement de nouvelles activités ainsi que l’ouverture du réseau de vente de Saham assurance aux produits de l’ensemble fusionné. Il devrait également renforcer la position de Salafin sur le marché marocain du crédit conso, la propulsant à la 3ème place en matière de produit net bancaire. Et si Salafin était en quête, depuis quelques années, d’une croissance externe pour donner un nouveau souffle à son modèle, cette opération serait-elle un autre désengagement de Saham Finances de certaines activités?

Car récemment, de nombreuses rumeurs ont circulé sur la volonté du groupe de Moulay Hafid Elalamy, Ministre de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Economie Numérique, de céder ses activités du pôle Santé. Le groupe aurait mandaté la branche française de JP Morgan afin d’explorer les opportunités de cession de cette activité. Ce pôle comptequelque de 4 cliniques à Casablanca, Tanger et Marrakech. Si le groupe n’a ni confirmé ni infirmé l’information, la prise d’une participation minoritaire dans le nouvel ensemble Salafin peut-elle être assimilée à un recentrage tout en douceur de Saham Finances sur certaines activités uniquement ? Dans tous les cas, Saham Finances a déjà montré son appétit sur de nombreux terrains et “ce désengagement“ sans le nommer de Taslifn’est pas anodin.

Néanmoins, cette fusion, en plus de consolider les activités de Salafin, enclenche des synergies évidentes entre les deux acteurs. Elle renforce le positionnement stratégique de Salafin sur le marché du crédit à la consommation autant qu’elle offre à Saham Assurance l’opportunité de s’appuyer sur l’expertise de Salafin tout en tant devenant un actionnaire minoritaire mais actif au sein de l’entité. Aussi, elle offre des opportunités intéressantes à Salafin, notamment dans le chassé croisé de l’expansion en Afrique des banques marocaines.

Damer le pion à Wafasalaf sur le marché africain?

«Nous avons tracé les grandes lignes de notre stratégie de développement, elle devra être affinée au regard des perspectives qu’offre ce partenariat. Y figure en bonne place, le développement en Afrique subsaharienne en collaboration avec notre actionnaire historique BMCE Bank of Africa et sa filiale Bank of Africa mais aussi avec le nouveau partenaire Saham Assurance. C’est un potentiel énorme du fait de la présence des deux groupes dans plus de 20 pays», déclarait Aziz Cherkaoui, Président du directoire de Salafin, dans les colonnes d’un confrère.Cette alliance pourrait donc constituer un tremplin pour les deux groupes dans leur désir et plan d’expansion en Afrique. En effet, avec la présence de Saham Assurance et de Bank Of Africa, filiale de BMCE Bank Of Africa, sur le continent, l’émergence d’un acteur du crédit à la consommation dans les pays d’implantation se profile  à l’horizon avec d eplus en plus de précision. La synergie créée au Maroc pourrait être dupliquée dans ces pays et permettre au nouvel ensemble de prendre une avance sur le reste du continent, à défaut de rattraper Wafasalaf sur le marché marocain. Présent sur le continent, à Dakar, dans le sillage d’Attijariwafabank au Sénégal, Wafasalaf se fait encore discrète. Une conjonction des forces comme viennent de le faire les deux acteurs du secteur bancaire et de l’assurance est assurément gouvernée par une volonté de prendre une position prépondérante sur le continent. En somme, un nouveau théâtre des opérations s’offre à ces sociétés de financement sur les terres africaines.

Soumayya Douieb

Détails chiffrés du deal

Au moment de conclure ce deal, Salafin accapare 8,1% de parts de marché et accumule 1,2 milliard de dirhams de production nettes, des encours de crédit de 3,3 milliards et un total bilan 3,5 milliards de dirhams. La filiale de FinanceCom dégage un produit net bancaire de 371,2 millions de dirhams et un résultat net de 138 millions de dirhams. Elle emploie quelque 239 personnes. Quant à Taslif, sa part de marché est de 3,1% et elle dégage un produit net bancaire de 110,1 millions de dirhams, un résultat net de 37,7 millions de dirhams et emploie une centaine de personnes.
Le rapprochement des deux entités fera grimper la part de marché de Salafin nouvelle version à 12%, avec un ratio de solvabilité supérieur à 20%. Les encours de créances combinés de deux acteurs s’élèveront à 5 milliards de dirhams avec des fonds propres consolidés à 1 milliard de dirhams et un produit net bancaire qui s’établira à 500 millions de dirhams.En additionnant les capitalisations boursières des deux sociétés, Salafin atteindrait une valeur de 2,5 milliards de DH.
La parité d’échange fixée lors de cette opération de fusion-absorption est de 1 action Salafin pour 39 actions Taslif. Dès lors, le capital du nouvel acteur sera détenu à 60,8% par BMCE Bank Of Africa, à 13% par Saham Finances, à 4,4% par Sanam Holding, à 4,2% par le RCAR. Les 17,7% restants constitueront le flottant en Bourse.

Salafin

Filiale du groupe BMCE BANK, SALAFIN est une société de financement qui offre un jeu complet de services de crédit à la consommation à travers trois principales catégories de produits : le crédit personnel (du crédit classique, de la location avec Option d’Achat ou Mourabaha), le crédit automobile et le crédit revolving. Salafin a été créée en 1997 et occupe le troisième rang du secteur en termes de résultat net sur 19 sociétés. Salafin a développé un réseau de distribution qui compte 19 agences indépendantes Salafin réparties sur les grandes villes du Maroc, 173concessionnaires, 60 agents et courtiers d’assurance en plus des 700 agences BMCE Bank. Salafina créé, en 2003, une filiale, ORUS Services, qui loge les activités informatiques de cet acteur du crédit à la consommation. En 2007, la filiale de FinanceCom a fait son entrée à la Bourse de Casablanca.

Taslif

Filiale des groupes Saham et Sanam, Taslifest un acteur du secteur du crédit à la consommation. Créée en 1986 par le groupe Sanam, Taslif a été introduite en Bourse en 1997.Suite au rachat du spécialiste du crédit Camion Salaf en 2007,le groupe Saham prend les commandes du tour de table. Taslif obtient son agrément pour l’activité du leasing (Location avec Option d’Achat) en 2008. L’adossement de Taslif aux groupes Sanam & Saham lui permet d’accroître sa notoriété et son activité de distribution des crédits via des synergies avec le réseau d’agents et courtiers de Saham Assurance.

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