«Nous sommes à l’aube d’un courant de management féminin»

Programmé le lendemain de la fête de la femme, la première édition du Colloque des Femmes en finance et affaires (FEF), organisé par Financité Events, est prévue sous le thème «Libérer le leadership féminin». Cette activité est consacrée à la situation actuelle des femmes marocaines œuvrant dans les domaines de la finance et des affaires ou qui sont propriétaires d’entreprises. Seront abordés leurs défis, leurs enjeux, mais aussi leurs succès et leurs accomplissements. Rachid El Maataoui, Co-fondateur de Financité nous explique les objectifs de ce colloque et nous livre sa vision sur le positionnement de la femme marocaine dans le monde des affaires.

Al Bayane : Financité Events organise le 9 mars 2018 la première édition du Colloque des Femmes en finance et affaires sous le thème «Libérer le leadership féminin ». Comment avez-vous eu l’idée de lancer ce colloque?

Rachid El Maataoui : L’implication des femmes dans le monde des affaires étant encore discrète dans le Royaume, nous avons décidé de lancer ce colloque afin d’insuffler davantage de punch aux femmes œuvrant dans les domaines de la finance et de l’entreprenariat pour les encourager à mieux se positionner dans la société. Nous sommes partis, en effet, d’un constat selon lequel il y aurait un besoin d’encadrement supplémentaire des femmes qui aspirent à des carrières dans le management des affaires. C’est la raison pour laquelle le format « colloque » a été choisi. D’ailleurs, sa dimension scientifique est très présente puisque cet évènement se veut une plateforme de débats et d’échange qui réunira femmes leaders, dirigeantes d’entreprises, décideurs de la sphère publique, mais aussi les représentants d’institutions financières et les experts internationaux, sans oublier les parties prenantes intéressées par le développement des carrières des femmes et leur épanouissement professionnel.

Quelles sont les femmes financières et d’affaires qui participent à cette première édition?

Les intervenantes qui participent à cette première édition représentent l’univers de la finance certes, mais dans des domaines totalement différents et dans des postes variés. Toutefois, pour bien appréhender la question du leadership féminin, nous avons décidé d’impliquer les hommes aussi.  Le but du colloque n’est pas de faire parler les femmes entre elles mais de faire parler les femmes avec les hommes. Ces derniers sont issus des entreprises et institutions où la promotion de leadership féminin fait partie de leur «ADN».

A votre avis, pourquoi plusieurs entreprises marocaines n’accueillent pas encore des femmes à la tête ou au sein de leur conseil d’administration?

Tout d’abord, il faut signaler que jusqu’ aujourd’hui, le management au Maroc reste empreint de valeurs masculines. Néanmoins, un certain nombre de femmes à la tête des entreprises ont démontré qu’il y a une autre façon de gérer, fédérer et prendre l’élite avec des valeurs autres que féminines. Elles ont, en effet, montré que les femmes ne sont pas obligées de se transformer en homme pour s’imposer. Elles sont restées dans leur posture féminine et elles ont réussi à mettre en place un leadership clair, visible et efficace. Donc, nous pouvons dire et conclure que nous sommes à l’aube d’un nouveau courant de management qui reposerait sur des valeurs plus reconnues aux femmes en termes de style de gestion, de fédération des équipes et de méthodes de négociation et de conciliation.

Quelles sont les difficultés auxquelles font face les femmes qui veulent se lancer dans l’entrepreneuriat, la finance et les affaires?

Au Maroc, il y’ a bien la question des stéréotypes selon lesquels une femme ne serait pas au même degré que l’homme sur certains critères et qualités nécessaires à l’entreprenariat. C’est bien évidemment une idée complètement fausse puisque sur certains sujets, la femme n’est même pas égale à l’homme mais elle le dépasse. Aussi, nous constatons que les femmes se créent des obstacles de type : « je ne suis pas à la hauteur », « je ne suis pas capable », « ce n’est pas à moi de devenir un leader » et autres. Donc, le principal obstacle de la femme est elle-même. Alors que les femmes doivent aller au-delà de leurs zones de confort pour justement prendre les commandes. Enfin, pour faire face aux freins à l’entrepreneuriat des femmes, il faut mener un travail culturel, social et socioprofessionnel qui doit faire comprendre, aux hommes comme aux femmes, qu’il n’y a aucun problème qu’une entreprise soit dirigée par une femme.

Quelles actions menez-vous pour continuer à renforcer la place des femmes dans ces domaines?

Nous estimons et souhaitons que ce colloque soit le début d’une action de sensibilisation des femmes sur les différentes facettes de leurs vies professionnelles. Nous voulons leur parler de la façon avec laquelle l’entreprise a besoin d’elles et de leurs compétences. Nous voulons mettre en place une vision 360 qui permettrait à chacune des femmes de voir et de concevoir sa feuille de route et de tracer son bonheur professionnel. C’est la raison pour laquelle, au niveau des intervenants, nous avons fait appel à des coachs à dimension internationale qui connaissent toutes les problématiques liées à l’insertion professionnelle des femmes et qui vont leur apporter les réponses convenables. Nous voulons, en effet, importer au Maroc un nombre de solutions qui existent ailleurs pour encourager l’entreprenariat féminin et favoriser le leadership chez les femmes. Il s’agit notamment des formations d’encadrement et des programmes de certifications et de reconnaissance. Par ailleurs, nous estimons, qu’au Maroc, il y a un certain nombre d’associations ou d’organisations qui travaillent déjà sur la cause mais nous leur faisons un reproche direct et frontal, c’est  d’être extrêmement réservées et élitistes. Ces organisations rassemblent un nombre de femmes qui constitue un groupe qui ne représente nullement la dimension nationale. A ce titre, je signale que notre colloque dispose de 300 places et nous avons reçu par contre 6000 demandes de participation, ce qui montre le déficit de la prise en charge de la femme marocaine qui veut travailler, produire et avancer!

Peut-on s’attendre à d’autres éditions du colloque pour les années à venir?

C’est clair ! C’est un évènement que nous allons instaurer dans la vie événementielle du Royaume.  Le colloque devrait prendre une dimension régionale et un aspect international sur les années à venir.

Propos recueillis par KaoutarKhennach

Biographie

Rachid El Maataoui a commencé son parcours au sein d’un cabinet spécialisé dans le conseil financier opérationnel. Il a intégré ensuite la Banque d’affaires de la Société Générale pour y passer 7 ans et réaliser plusieurs opérations d’envergure. A l’occasion d’une mission de conseil stratégique au Fonds Hassan II (35 milliards DH sous gestion), Rachid El Maataouia été appelé à intégrer l’équipe dirigeante dudit Fonds en tant que Directeur du Pôle en charge de la stratégie et du développement. Après deux ans, il retourne à son domaine de prédilection et prend en charge la direction des activités de conseil en ingénierie financière de BNP Paribas au Maroc. Une expérience qui a duré 5 ans suite à laquelle il prend sa retraite du salariat et se lance dans l’entrepreneuriat. Depuis, Il a créé de belles histoires entrepreneuriales à travers la holding, Meet Invest Group. On note notamment Kapital Transak, société de Conseil financier et stratégique, Financité Institut de Formation en Haute Finance et Lancité, espace de business facilities et de Coworking à Casablanca.

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