Sur le vif
Mohamed Nait Youssef
Les polémiques sur tifinagh ne cessent d’alimenter ! Au début, il faut le dire, il y a même ceux qui sont partis plus loin en disant que l’amazighe ne verra pas son plein essor avec le tifinagh. Portant, les choses ou encore certaines visions ont changé au fil du temps. Or, après un retard inexplicable et un blocage dans le circuit législatif, la loi organique n°26.16 définissant le processus de mise en œuvre du caractère officiel de l’amazigh, ainsi que les modalités de son intégration dans l’enseignement et dans les domaines prioritaires de la vie publique a été publiée enfin au Bulletin officiel n°9314, du 26 septembre 2019. Les raisons de ce stand-by ont été multiples; surtout d’ordre politique et idéologique dont certaines voix estiment même que la graphie tifinaghe freine le développement et le rayonnement de l’amazighe
Pour la petite histoire, la commission de la culture et de la communication à la Chambre des représentants a adopté, lundi 3 juin 2019, cette graphie dans l’écriture de la langue amazighe dans toutes les transactions administratives et financières. Enfin, le point de divergence du choix de la graphie a été surmonté et tranché lors d’une session plénière historique qui a eu lieu, lundi 10 juin 2019, à la Chambre des représentants en adoptant les deux projets de loi organiques n°26.16 et celui n°04.16 relatif à la création du Conseil national des langues et de la culture marocaine. Ce texte, prévu par l’article 5 de la Constitution de 2011, a ensuite été transféré à la Chambre des Conseillers où il a été adopté, en plénière, lundi 23 juillet.
Ces derniers jours, le débat sur tifinagh remonte de nouveau à la surface lorsque les joueurs du club Hassania Union Sport Agadir (HUSA) ont joué, dimanche 13 juin, contre le Wydad Athletic Club pour le compte de la 19e journée de la Botola Pro, avec des maillots dont les noms des joueurs sont écrits en tifinagh. Ce fut une première dans l’histoire de la scène sportive nationale et même magrébine!
En outre, la direction de la HUSA a souligné que ce geste symbolique coïncide avec le 10e anniversaire du projet de Constitution adopté par référendum, le 1er juillet 2011, qui reconnaît pour la première fois l’amazigh en tant que langue officielle aux côtés de l’arabe.
Sur les réseaux sociaux, les images de panneaux écrits en tifinagh trônent sur les façades de certaines institutions publiques mal traduits et qui ne respectent pas les normes de la langue amazighe ont été véhiculées dernièrement par les internautes.
Des erreurs qui sautent aux yeux sachant les grands changements commencent par les petits détails où se cache parfois… le diable. Mieux vaut alors en rire qu’en pleurer ! Ces institutions auraient évité tout ça en recourant aux organismes spécialisés et compétents en matière de traduction et d’écriture de la langue amazighe.
Aujourd’hui, les regards seront retournés vers la Commission ministérielle permanente chargée d’assurer le suivi et l’évaluation de la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe qui aura certainement du pain sur la planche afin d’accélérer la cadence de la mise en application des volets législatif, juridique, pédagogique et scientifique. En attendant…dans l’espérance que cette attente ne soit pas longue !