Un nouveau camouflet pour Washington

Sanctions contre l’Iran

Le 15 Août dernier, le Conseil de Sécurité avait rejeté, à une écrasante majorité, la résolution par laquelle Washington voulait prolonger l’embargo sur les armes en Iran qui, en application des dispositions dûment fixées par le Joint Comprehensive Plan of Action (JCPoA) signé à Vienne en Juillet 2015, arrivera à expiration le 18 Octobre prochain.

Réagissant à ce rejet, le chef de la diplomatie américaine qui, nonobstant ses multiples déplacements à travers le monde, n’était parvenu à rallier à sa cause que la petite république dominicaine, a déclaré, ce jeudi, à la tribune de l’ONU: «America will lead» (l’Amérique montrera la voie» pour signaler que son pays entend prendre ses responsabilités en rétablissant les sanctions internationales contre la République islamique iranienne jugée coupable d’avoir violé les engagements qui lui incombent aux termes de l’accord de Vienne en reprenant ses activités d’enrichissement d’uranium.

Par ces propos, dignes de la «guerre froide» du siècle passé mais répondant au souci américain d’activer un mécanisme juridiquement controversé à l’effet d’anéantir définitivement l’accord de Vienne, Washington entend invoquer son statut de pays «participant» pour dénoncer unilatéralement le «non-respect notable» de ses «engagements» par un autre signataire et rétablir, au terme de 30 jours, les sanctions initialement appliquées à l’encontre de Téhéran par le biais du mécanisme dit «snapback»; cela sans même que Moscou ou Pékin ne puissent y opposer leur véto.

Mais en faisant face au refus catégorique de ses alliés européens de s’arrimer au char US, le chef de la diplomatie américaine ne s’est pas empêché d’accuser la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne, d’avoir « choisi de s’aligner sur les ayatollahs » au pouvoir en Iran et de préciser, par ailleurs, que «leurs actes mettent en danger les peuples d’Irak, du Yémen, du Liban, de Syrie et même leurs propres concitoyens (et que) l’Amérique ne va pas se joindre à cet échec du leadership».

Rappelant, de leur côté, que « les Etats-Unis ont cessé d’être un participant (lors) de leur retrait de l’accord», la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont souligné, dans un communiqué commun, ne pas pouvoir «soutenir» l’initiative américaine car «en dépit des défis majeurs engendrés par le retrait des Etats-Unis», ils entendent «préserver» l’accord de Vienne en tant qu’unique moyen permettant d’encadrer le programme nucléaire iranien.

Autant dire qu’en prononçant de tels propos du haut de la tribune des Nations-Unies, le responsable américain semble avoir oublié que la «Pax americana» n’a plus sa place dans le monde d’aujourd’hui,  surtout qu’en cette affaire c’est bien la Maison Blanche qui, par son approche «isolationniste» et «anti-multilatéraliste» s’était désengagée, unilatéralement le 8 mai 2018, d’un accord international dûment signé par l’Iran, les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU et l’Allemagne au titre de l’encadrement du programme nucléaire et balistique iranien.

Considérant, enfin, que les Etats-Unis sont, désormais, un pays «non participant» à l’accord de Vienne, la représentation chinoise à l’ONU estime que la lettre de Mike Pompeo ne peut, en aucun cas, «être considérée comme une activation du snapback». Il en est de même du côté de la représentation russe qui estime que le «snapback » est «inexistant». Autant de raisons ayant poussé Abbas Araghchi, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, à qualifier, sur son compte Twitter, la notification américaine de «nulle et non avenue».

Et maintenant? Comment va se comporter la Maison Blanche face à un tel désaveu alors que, sur ce dossier, elle est plus isolée que jamais, que le Conseil de Sécurité est profondément divisé et que la date des prochaines élections présidentielles se rapproche inexorablement ? Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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