Les fresques murales des enfants
Sur la façade du mur extérieur de l’école primaire Sidi Mohamed Ali Marzouk dans la médina d’Assilah, un groupe de visiteurs et de passants se prennent en photo devant huit magnifiques fresques murales de taille moyenne, qui ont été réalisées avec brio et finesse par des enfants, dans le cadre de la 44è édition du Moussem culturel international d’Assilah.
Cette année, les encadrants ont choisi le thème « Eau » et ont fait participer une brochette d’enfants créatifs, soigneusement sélectionnés dans le cadre des ateliers artistiques du Moussem, pour réaliser des fresques murales hautes en couleurs qui fascinent par leur beauté et leur singularité.
Les fresques des enfants peuvent sembler être une activité passagère au Moussem d’Assilah, mais en fait il s’agit d’une pépinière qui ouvre grand ses portes aux enfants talentueux, pour qu’ils s’engagent dans un parcours artistique. Un point de peinture ou une touche de plume peuvent marquer le début d’une carrière créative.
L’artiste-peintre Kawtar Echrigui, membre de la Fondation du Forum d’Assilah et encadrante de l’atelier de peinture pour enfants, a souligné que les enfants Zailachis (issus d’Assilah) participent depuis 44 ans à la réalisation de fresques murales créatives porteuses de messages éducatifs clairs, expliquant que « la poursuite de cette tradition a fait que les enfants d’Assilah sont créatifs par nature et abordent les arts avec passion et enthousiasme ».
Dans une déclaration à la MAP et à sa chaîne de l’information en continu M24, Mme Echrigui a relevé que les enfants suivent un parcours artistique dans le cadre du Moussem d’Assilah, qui commence par les ateliers de peinture pour enfants jusqu’à la participation à la réalisation de fresques murales, notant que les enfants bénéficient également de l’opportunité d’accompagner de grands artistes dans la réalisation de leurs fresques et de participer aux expositions, un parcours qui est couronné par la création de leur propre fresque murale.
L’artiste a estimé que « les fresques murales des enfants sont une école à part entière, à travers laquelle sont passés de nombreux artistes Zailachis », notant que ces ateliers pour enfants ont été organisés depuis la première édition du Moussem, et ont bénéficié à beaucoup d’enfants, dont certains sont devenus des artistes de renom.
Elle a précisé que les encadrants ont choisi le thème de « l’Eau » pour cette édition, eu égard aux changements climatiques qui affectent le monde, relevant que les huit fresques réalisées par les enfants envoient des messages forts aux visiteurs sur la nécessité de préserver cette ressource vitale.
Les enfants Aya et Adam ont parlé, avec beaucoup d’enthousiasme, de leur participation pour la première fois à la réalisation de fresques murales, dans une ambiance ludiques et instructive, soulignant que leur fresque donne à voir une goutte d’eau entourée de deux mains, et lorsqu’elle tombe sur la planète, la nature s’épanouit et devient plus verte.
Pour sa part, l’encadrant Mohamed Soufiane Sghir, artiste et professeur d’arts plastiques de l’enseignement secondaire collégial, a affirmé que les ateliers pour enfants ont connu la participation d’environ 500 enfants, parmi lesquels un groupe a été choisi pour réaliser des fresques murales colorées, soulignant que ces artistes en herbe sont encadrés durant toutes les étapes de cette opération.
Après plusieurs expériences, les enfants acquièrent des techniques et des compétences qui leur permet de passer au niveau supérieur et de développer leur confiance en soi, en accompagnant les grands artistes-peintres dans la réalisation de leurs fresques qui égayent les murs d’Assilah.
Dans ce cadre, le jeune artiste-peinte zaïlachi, Mohammed El Alaoui, qui était en train d’aider l’artiste Narjiss El Joubari dans la réalisation de sa fresque murale, a indiqué que le Moussem a permis aux jeunes de la ville de prendre contact avec les artistes qui affluent chaque été dans cette ville balnéaire, dans l’objectif de développer leurs compétences artistiques et d’acquérir de l’expérience, en côtoyant de grands artistes qui partagent avec eux leurs expériences, leurs techniques et leur vision des choses.
« Nous apprenons quelque chose de nouveau lors de chaque édition, que nous nous employons à l’appliquer dans nos œuvres », a-t-il dit, soulignant que ce processus réussi permet de développer le talent et la créativité des enfants et des jeunes.
Sur une autre partie de la médina, Salima et Sara, deux artistes plasticiennes d’Assilah, s’affairent à finaliser leurs fresques murales adjacentes, après avoir suivi le même parcours artistique au Moussem.
« C’est un rêve qui est devenu réalité », a dit Sara, exprimant sa fierté de pouvoir laisser son empreinte sur les murs de sa ville natale.
Sara Hlaloum, lauréate de l’Institut national des beaux-arts (INBA), a mis l’accent sur son parcours au Moussem d’Asilah, depuis sa participation à l’atelier des enfants du Moussem, aux expositions des jeunes artistes zailachis et aux autres expositions collectives, jusqu’à la réalisation de sa première fresque murale, se disant fière de faire partie des 44 artistes qui ont laissé leur empreinte sur les murs de la cité des arts.
Dans une ville qui respire l’art et la créativité, le Moussem d’Assilah est devenu une école à part entière qui forme une génération de jeunes créatifs.
Le programme de cette édition d’été, qui est consacrée aux arts plastiques, répond aux attentes des amateurs de peinture, d’écriture, de poésie et de sculpture, et jette des ponts entre les différentes générations de créateurs marocains et étrangers.