Vladimir Poutine ou la présidence ad vitam aeternam…

Ce 10 mars 2020 est une date importante dans l’histoire de la Russie moderne puisque c’est ce jour-là que la députée Valentina Terechkova de «Russie Unie», le parti du Président – une personnalité très connue dans le pays puisqu’elle a été la première femme à avoir effectué un vol dans l’espace – a présenté devant la Douma, la chambre basse du Parlement russe, une motion proposant soit de lever les limites sur les mandats présidentiels soit de permettre à l’actuel président de se faire réélire pour deux nouveaux mandats de six années chacun donc de pouvoir rester en place jusqu’en 2036 alors même que ce dernier est âgé de 67 ans et qu’il a déjà passé 20 ans à la tête de la Russie.

Mais si cette proposition a désorienté tout le monde alors que la réforme constitutionnelle en cours d’examen était supposée préparer un après-2024 sans Poutine, elle a, bien sûr,  «agréablement surpris» l’intéressé qui, dans sa réponse à la députée, a tenu à lui rappeler que la «stabilité (du pays) devrait être prioritaire  (et qu’un) pouvoir présidentiel fort est absolument nécessaire à la Russie».

Après l’intervention du chef de l’Etat, le texte qui a été soumis à l’appréciation de la Douma et  qui permettrait à Poutine de «remettre le compteur à zéro» au motif que les mandats présidentiels effectués sous le régime de l’ancienne constitution ne compteraient plus, a recueilli l’approbation de 380 députés ; les 44 élus communistes s’y étant opposés.

Après sa transmission, le lendemain, à la chambre haute du Parlement, ce texte sera soumis à un « vote populaire » le 22 Avril prochain. Aussi, en dénonçant ce qui a plutôt l’air d’un coup de force dont l’instigateur n’est autre que le président lui-même, près d’une centaine de personnes se sont rassemblés le jour-même à Moscou pour protester contre la réforme constitutionnelle en cours d’étude et  pour appeler à des actions de protestation ce vendredi.

Ainsi, alors que la Constitution en vigueur écartait l’hypothèse d’un maintien au pouvoir de Vladimir Poutine après la fin de son actuel mandat qui expirera en 2024, voilà que cette éventualité devient non seulement de l’ordre du possible mais une quasi-certitude dès lors que, formellement, c’est la Douma qui, à l’issue de cette mise en scène savamment orchestrée va permettre à l’actuel président de briguer deux nouveaux mandats, sous réserve, toutefois, de l’accord d’une Cour Constitutionnelle toute acquise à sa cause.

C’est dire qu’alors qu’il règne sans concession sur la Russie, depuis vingt ans, le président Vladimir Poutine n’entend toujours pas se dessaisir du pouvoir mais qu’il chercherait plutôt à continuer à marquer de son empreinte les décennies à venir en restant à la tête du pays jusqu’à l’âge vénérable de 83 ans. Aussi, s’il parvient à garder les clés du pouvoir russe pendant 36 années, Vladimir Poutine va donc dépasser le fameux « long règne » du Petit Père des Peuples, Joseph Staline, sur l’ex-Union Soviétique, puisque celui-ci avait duré moins de trente ans. Alors, attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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