Wole Soyinka, première et unique «âme noire» nobélisée

Il y a 31 ans, Wole Soyinka fut le premier écrivain noir nobélisé. Il en demeure jusqu’au aujourd’hui le seul lauréat noir à avoir décroché le prix Nobel de littérature. Ecrivain engagé au profit des questions sociétales et intellectuelles de son pays et de toute l’Afrique. Cette plume aux semailles des vents avait quitté les Etats-Unis quand Donald Trump avait été élu. Il s’y installe en Afrique du Sud pour rejoindre l’Université de Johannesburg.

En effet, l’auteur âgé de 83 ans, dont l’œuvre littéraire est singulière, avait occupé le poste de l’attaché à l’institut des affaires africaines-américaines de New York University. C’est en 2016 que Soyinka a quitté le pays de l’oncle Sam après une carrière riche et importante d’une vingtaine d’années.

Il est inutile de présenter son œuvre à la fois polymorphe et occidentalisée dans deux mots. En revanche l’écrivain de la fameuse pièce de théâtre «Le Lion et la perle» était l’une des voix littéraires qui ont opposé au courant littéraire et politique qui a été créé durant l’entre-deux-guerres par des  écrivains francophones africains en l’occurrence Aimé Césaire, le poète Léopold Sédar Senghor, Guy Tirolien et bien d’autres voix littéraires actives dans le champ  littéraire africain. Du théâtre à la poésie en passant par le roman, la vision du monde de Wole Soyinka puise dans la réalité dramatique des africains et l’existence humaine. Il va sans dire que ses œuvres traversent les frontières de la localité. Bref, elles sont universelles.

Ainsi le dramaturge via le bais du théâtre incarne la réalité de son pays, évoque les problèmes de sa génération et pense le devenir d’une Afrique proie des guerres, de la famine, de l’ignorance et de la colonisation.

Son style est dans cette dimension du renouveau, de l’excellence et de la maîtrise littéraire. Car entre tradition et modernité, les œuvres théâtrales de Wole Soyinka sont mêlées entre la tradition du spectacle africain connu localement et l’art classique et moderne du théâtre occidental. A vrai dire, le dramaturge s’inspirait du particulier pour embrasser l’universel. Ce qui faisait d’ailleurs l’originalité de son œuvre !

L’homme avait consacré une part importante de ses écrits à l’écriture dramatique en publiant en effet après la célébré pièce «Le Lion et la perle» éditée en 1958, «La Danse de la forêt» parue en 1960, une pièce de théâtre en l’honneur de l’indépendance nigériane.

D’autres pièces de théâtre ont vu le jour les années 60 et 80. Dans cette optique nous songeons aux pièces La Route (1965), Bacchae (1973), La Mort et l’écuyer du roi (1975), Opera Wonyosi (1981).

La poésie et le roman ne sont pas en reste de son œuvre fondamentale. Cette figure de proue de la littérature africaine a enrichie les étagères de la bibliothèque universelle avec des œuvres mettant en lumière la société nigériane, les massacres commis au Biafra, dont «Les Interprètes» sorti en 1965 et «Une Saison d’anomie» édité en 1973. Et ce n’est pas tout !  L’auteur avait publié en 1982 un récit autobiographique intitulé : Aké. Dans le roman que dans la critique Soyinka a avait publié également des textes critiques où présente sa vision vis-à-vis de la littérature africaine et des mythes.

En d’autres termes c’est à travers l’écriture, avec toutes ses formes bien évidement que continent africain a été interrogé, pensé et révélé au monde.

Mohamed Nait Youssef

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