Zevaco, ou quand Casablanca tourne le dos à son mécène

Le monde de l’art a cette manie détestable, propre à lui, de graver un nom dans la postérité, mais de négliger son porteur de son vivant.

De Jean-François Zevaco, l’architecte français aux contributions innombrables au patrimoine architectural de Casablanca, sa ville natale, ne raisonne plus que le nom. Il est décédé en 2003 des conséquences d’une longue maladie, laissant derrière lui sa touche esthétique moderne qui a marqué l’architecture marocaine.

Le Dôme Zevaco en est témoin. «Kora Ardia» pour la majorité des casablancais, n’était pas qu’un agencement de métal voué à rouille, mais un édifice couvert en plaques de résine multicolores, qui éclairait le passage souterrain entre la ville nouvelle et la médina.

Le dôme fut négligé pendant longtemps, mais heureusement pas démoli, comme le furent certain chef d’œuvres de Zevaco. Le pavillon du Maroc à la foire internationale de Casablanca, une œuvre futuriste dessinée avec l’architecte Emile Jean Duhon en 1954, a été rasé sans que les circonstances en soient dévoilées.

Le leg de Zevaco, c’est également la très fréquentée villa Zevaco qui abrite depuis plusieurs années l’enseigne Paul à Casablanca, c’est l’actuel Crédit agricole faisant face à la gare de Rabat ville, c’est la station thermale de Sidi Harazem, c’est aussi sa touche lors de la reconstruction de la ville d’Agadir après que le séisme de 1960, où en plus d’avoir conçu la poste centrale et la caserne de pompiers, il s’implique dans le logement en dessinant des villas et des immeubles en bande : des maisons économiques à la construction, faciles à entretenir et correspondent au style de vie urbaine de la classe moyenne musulmane. Si l’on ne peut chiffrer son apport à l’architecture marocaine, on peut quantifier ses meubles à l’heure où la maladie le gangrénait, peu nombreux car il en serait même arrivé, selon plusieurs témoignages de ses proches, à vendre ses meubles pour survivre.

Iliasse El Mesnaoui

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