Mohamed Berrada, ancien DG de SAPRESS

D’abord, je dois souligner que je suis fier de faire partie des personnes qui ont contribué à l’opération de distribution des journaux  Al Bayane, que ce soit la version francophone ou arabophone.  Il faut dire que ces deux organes médiatiques ont joué un rôle important et considérable dans l’histoire de la presse marocaine et dans le paysage médiatique du Maroc contemporain. D’ailleurs, l’histoire retiendra que ces deux journaux furent dirigés par un grand leader, en l’occurrence feu Si Ali, que Dieu ait son âme.  C’était une personnalité sincère, courageuse,  visionnaire dotée de compétences managériales hors-pairs et un défenseur acharné de la liberté d’expression, de la démocratie et du véritable patriotisme.

L’histoire retiendra également que la société Sapress, dont son rôle était non seulement la distribution des journaux mais également l’appui et le soutien de la presse engagée, a vu le jour grâce à la contribution des feus Ali Yata, Abdelkarim Ghellab et Abdelhafid El Kadiri, entre autres.

Les journaux d’Al Bayane, dont on commémore le 45 e anniversaire de leur création, constituaient l’un des affluents importants du champ médiatique, ayant pour objectif la promotion de la presse nationale. Par leurs lignes éditoriales et leurs contenus journalistiques, ces deux organes ont marqué le champ médiatique national. Encore plus, ils étaient considérés comme un référentiel incontournable voire une courroie de transmission de la pensée clairvoyante. Autrement dit, ils furent un agent de socialisation, destiné à inculquer aux jeunes les valeurs du progrès, de la modernité, du sentiment d’appartenance à la nation et du véritable patriotisme.

En dépit d’un contexte défavorable, les menaces de fermeture et d’harcèlement, les journaux d’Al Bayane ont pu confirmer leur place dans le paysage médiatique à un moment où la publication d’un journal était considérée comme une aventure hasardeuse.

Il convient de souligner que malgré ces contraintes et les difficultés à tous les niveaux,  les journaux d’Al Bayane ont fait preuve de résistance et courage avec seulement les moyens de bord. Cela est dû essentiellement à la volonté et la détermination du staff des journaux d’Al Bayane et en grande partie à Feu Si Ali, qui fut doté de compétences inouïes.

Si Ali avait les qualités d’un coach, soucieux de tous les détails, souvent à l’écoute de ses collaborateurs, notamment les journalistes acquis à leurs convictions. Des journalistes qui écrivaient avec leurs cœurs, incarnant parfaitement  la tendance du journalisme militant.  En termes plus clairs, les articles du journal Al Bayane et en particulier ses éditos, dont j’en garde quelques-uns dans mes archives,  pourraient servir de leçons en matière de civisme et de patriotisme. Bref, les journaux d’Al Bayane représentent le modèle d’une presse militante, engagée et crédible. Il est vrai que la presse traverse aujourd’hui une phase transitoire même difficile, mais il faut insister sur le fait que  les journaux d’Al Bayane ont traversé dans le passé des crises plus dures et ont pu, malgré les contraintes, continuer leur chemin avec courage et détermination.

Les journaux partisans représentent une grande part de l’histoire du Maroc moderne et c’est grâce à eux qu’on a vu l’institutionnalisation d’un champ médiatique, la consécration de la liberté d’expression et le renforcement des valeurs de la démocratie.

Si Ali fut à la fois le rédacteur en Chef, le directeur de l’imprimerie, le responsable financier… Il avait son propre style et des capacités managériales énormes…Bref, ce fut un militant au vrai sens du terme. Il exerçait le métier du journalisme sans avoir un but lucratif. Il était au-dessus des petits calculs… Cela peut s’appliquer aux journaux du parti, qui malgré la crise, ont pu tenir le coup, en restant fidèles à leurs principes et aux valeurs progressistes tout en ayant un impact indéniable sur la scène médiatique.

A cette occasion, je souhaite aux journaux d’Al Bayane longue vie et un parcours plein de succès.

 

 

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Témoignage de Mohammed Haitami

«Al Bayane est devenu notre propriété collective»

Quand l’Homme se tient sur le seuil de la quarantaine ou la dépasse de peu, il se rappelle de son passé et de ses réalisations, et prospecte simultanément le futur à l’appui de son expérience et de ses ambitions.

En commémorant son 45e anniversaire, le journal «Al Bayane» se remémore les étapes qu’il a vécues et les développements dont il a été le contemporain.

Nous avons le droit de nous interroger si «Al Bayane» a atteint les objectifs tracés par ses fondateurs le jour où ils ont décidé de se lancer dans l’aventure du journalisme ? Nous devons aussi évoquer les circonstances de sa naissance en 1972. Pour moi, les accomplissements de cette tribune ont dépassé ce que je présume être les aspirations que ses instigateurs portaient à sa sortie au monde. Il suffit d’énumérer les achèvements des 45 années précédentes pour évaluer la générosité des générations successives ayant contribué à l’articulation de ce projet et à sa durabilité.

«Al Bayane» a-t-il pris part au développement et à l’enrichissement du paysage médiatique marocain ? Sans hésitation, oui, car le journal est le miroir de son éditeur. Je me rappelle notre professeur Ali Yata, paix sur son âme, et de sa persistance à maintenir la constance et le rayonnement de la publication, et la mémoire me ramène aux années 90, au groupe Maroc Soir, lorsque Yata a décidé de renouveler les équipements de l’imprimerie d’Al Bayane, et a demandé au directeur général de l’époque de permettre l’impression du journal dans nos imprimeries pendant quelques semaines, en insistant qu’il ne manquera pas son rendez-vous avec ses lecteurs, et sa requête a été satisfaite.

Je me rappelle, le jeune de vingt ans que j’étais vers la fin des années 70, je voyais le journal militant, mais sans démesure. Il n’était pas similaire à certains journaux partisans qui occultaient les sujets de l’heure ou qui lançaient des piques aux autres publications, mais était et reste cette parution qui considère son rendez-vous régénérable chaque semaine pour donner au lecteur une matière informative raisonnée à forte valeur ajoutée, et s’intéressait à des sujets d’ordre économique que je rencontrais rarement dans les autres publications.

Un autre atout qu’Al Bayane conserve toujours est le détachement et le respect du lecteur. Le journal n’a jamais, à ma connaissance, pris le parti de quelqu’un dans des affaires relevant de différends ou de courants au sein du parti qu’il représente.  Il a par ailleurs conservé une caractéristique qui a maintenu sa réputation et sa crédibilité, celle de l’objectivité, puisqu’il a réussi à définir clairement sa ligne éditoriale sans tomber dans le conflit existant entre le projet partisan et l’intégrité journalistique.

Au fil des années, Al Bayane est devenu notre propriété collective, une partie de notre histoire et de notre présent.

Félicitations donc à Al Bayane pour son 45e anniversaire, et tous mes vœux de rayonnement sous la houlette de mon frère et ami Mahtat Rakkas qui poursuit ce parcours en dépit des infortunes que connait notre métier, en étant certain qu’Al Bayane persistera sur le tracé qu’il s’est fixé et qu’il continuera ses apparitions quotidiennes durant les années et les décades à venir.

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