Célébrer Agadir, une destination mise à mal par la pandémie

Le tourisme sous la loupe

Reportage réalisé par Saoudi El Amalki

La famille du tourisme tant national que régional, toutes autorités et disciplines confondues, s’est donnée rendez-vous aux Dunes d’Or de la capitale du sud, en vue de débattre du secteur mis à mal par la crise pandémique. Le rassemblement de tout ce beau monde sur le plateau de l’un des prestigieux hôtels de la ville, fut l’œuvre inédite du Conseil Régional du Tourisme (CRT) Agadir Souss Massa dont le président Rachid Dahmaz, encensé de louanges par l’assistance était aux anges d’avoir pu réussir un coup de maître de sublime sensation.

En fait, il faudrait se lever tôt pour pouvoir mobiliser, en une journée une pléiade d’intervenants tous bords réunis en format hybride, tout en priorisant le présentiel pour le gratin de marque. En effet, la présence de Fatim-Zahra Ammor, ministre de tutelle qui au fait, effectuait sa première sortie après sa nomination, de son binôme Adil El Fakir, Directeur Général de l’ONMT, de Hamid Bentaher, président de la CNT et une flopée d’institutionnels et d’acteurs professionnels donnaient à cet événement qu’on avait intitulé «Agadir Souss Massa days», tout l’éclat escompté. Il faut bien relever que cette initiative, première du genre et vivement appréciée, advenait en ces moments d’égarement causé par la crise virale, où les uns et les autres ont besoin de réflexion et de concertation à mener dans la sérénité pour remonter la pente. Brillamment modérée par Faïsal Tadlaoui, cette journée comportait des séances allant du prélude aux panels pour clore sur des signatures de coopération. Déroulement !

Dans son mot de préambule, Ahmed Hajji, Wali de la région Souss Massa s’est focalisé sur la nécessité de confronter la pandémie, par la continuité des travaux du Plan de Développement Urbain PDU, pour consolider les aspects attractifs et concurrentiels touristiques de la ville. Il ne manquait pas de rappeler le potentiel de la destination qui renferme une offre territoriale intégrée, permettant l’essor du secteur en matière legs historique et de site patrimonial. En corrélation avec les disparités, exigences et mutations de l’heure, le PDU s’ébat avec rigueur et ténacité sur le temps imparti pour aller de pair avec l’effort formatif et de l’aérien dont la mise en avant sont légion dans le sillage promotionnel de la cité. Pour sa part, Fatim-Zahra Amor, la ministre du tourisme annonçait que l’Exécutif allait procéder aux appuis sous formes d’indemnités forfaitaires en direction des plaignants des effets de la Covid, par l’implication bancaire dans le pourparler en cours.

A cet égard, elle se désole de l’impact dont le tourisme fut victime par cette crise sanitaire pendant presque deux années de suite. Pour ce, elle n’hésitait pas de rendre hommage à l’abnégation et la résilience des acteurs du secteur, tout en mettant en exergue les actions salutaires de l’Etat en termes d’enrayement de l’épidémiologie et la campagne de vaccination. Sur une note beaucoup plus optimiste, la responsable fraîchement installée voyait se profiler à l’avenir proche une réelle relance de ce domaine sérieusement affecté, à travers la reprise de l’aérien et les activités, en attendant la levée de toutes restrictions. Certes, le contexte actuel est encore au statu quo, malgré les assouplissements enregistrés avec grand satisfecit, mais il va devoir rester précautionneux de bout en bout, jusqu’à l’anéantissement final de l’épidémie, par l’immunité collectif.

Il faudrait réinventer la ville d’Agadir par cet ambitieux programme urbain, par le biais de l’incorporation du tourisme de culturel, de nature et de développement pérenne, tout en maintenant celui du balnéaire pour lequel la destination fut  réputée. Et d’enchaîner que la priorité de son département s’articule autour de la formation des nouvelles générations, avec des standards universels, en vue de prétendre recouvrer la place de choix de naguère et de se positionner sur la scène planétaire en hub national du tourisme.

De son côté, Karim Achengli, président de la région Souss Massa estime que cet événement est une aubaine d’amorcer l’échange et le partage avec différents acteurs de la profession, d’autant plus que tout le monde est présent pour faire valoir son pont de vue, dans ce contexte particulier où sévit encore la pandémie, frappant de plein fouet l’économie en général et le tourisme en particulier. En fait, cette rencontre est une opportunité de réfléchir sur les moyens appropriées pour juguler la crise avec symbiose, en inventant des solutions concrètes à ces maux. Le conseil régional, dit-il, requiert une place primordiale au tourisme, de par sa stratégie indéniable et sa vitalité incontestable.

Sa volonté de porter tout le soutien nécessaire et accompagner l’écosystème régional du tourisme, est sans faille. Pour ce faire, il a déjà mis en place une société de développement de la région, dotée d’un plan d’action ainsi que la signature de conventions avec les compagnies aériennes notamment Air Arabia et la RAM.

Par ailleurs, poursuit-il, la région contribue potentiellement à l’aménagement des stations d’Aghroud, Anchor et Imsouane, tout en viabilisant la dimension patrimoniale et d’arrière- pays de la destination. Prenant la parole, Adel El Fakir, le Directeur Général de l’ONMT déclarait que cette édition qui survenait en ces temps cruciaux était un réel tremplin pour repenser l’offre de la première station balnéaire du Royaume et du coup, se munir de l’espoir pour s’y mettre à petits trots du redressement. Il faisait savoir que, depuis déjà quelques temps, la destination était dans le viseur des Tours Operators pour ses atouts de toute attractivité. Le nouveau produit à chantiers en cours de finalisation qu’est Taghazout Bay qui sied à la dimension actuelle constitue une plus-value à la destination.

Au cours de son allocution, Hamid Bentahra, président de la CNT, se félicitait de la tendance plutôt optimiste emprunté par la destination d’Agadir, en tentant de se surpasser par rapport à la conjoncture, par le biais d’un véritable partenariat public-privé. Cette approche est en mesure de sortir des ornières et rebâtir une industrie plus performante. Il va donc falloir, souligne-t-il, quitter la logique binaire de l’ouverture complète et la fermeture complète, par la remise de l’optimisation de l’épreuve vaccinale. Dans le même ordre d’idées, le pionnier des opérateurs du tourisme expliquait que le challenge gagné par notre pays a cet effet inciterait à éviter le paradigme de restriction qui handicape la reprise du secteur.

L’envie ardente de voyager de par la planète est en passe de faire émerger ce désir intenable. Et puis vint le tout de celui grâce auquel cet échange a pu avoir lieu, de par sa persévérance ardue mais également son volontarisme ardent. Rachid Dahmaz, président du CRT Agadir Souss Massa, puisque c’est de lui dont il s’agit, indiquait, de prime abord que nul n’était responsable de la crise qui faisait des dégâts sens dessus, sens dessous, tout en rendant un vibrant hommage aux professionnels du secteur qui ont fait preuve de discipline et de solidarité. Il insuffle de grosses  bouffées d’espoir dans les vaisseaux du tourisme en faveur duquel il envisageait un avenir des meilleurs, par l’injection impérative des investissements publics et privés. Le premier vice-président du conseil de la commune Agadir, Mustapha Bouderka affirmait qu’on ne pouvait faire éclore une ville sans l’épanouissement durable du tourisme et inversement. Cette crise ne date pas d’aujourd’hui, mais c’est à ne pas se leurrer, cette désinvolture est issue des décennies durant. Le PDU que le Souverain a lancé le 20 février 2020, est intervenu juste avant l’épidémie.

On y apporte en tant que conseil communal plus de 34% du budget alloué, sur une enveloppe générale estime à 6 milliards de dirhams. Le relèvement de la station balnéaire d’Agadir dont les retrouvailles avec pavillon bleu, est tributaire de mise en marche de nombre de niches, dans la dynamique structurante de la ville et la centralisation repositionnée, prônée par le Monarque.

Panels autour des thématiques

Pas moins de cinq panels ont succédé au cours desquels des acteurs, chacun de son domaine respectif, ont étalé leurs contraintes et leur espoirs. On retiendra le premier panel, entre autres, l’illustre  intervention de James McGregor, export international en tourisme, selon laquelle il suggère une nouvelle industrie car le marché s’est transformé par la crise de la pandémie. Elle serait fondée sur l’acte écologique où il importer de réévaluer, restituer et recentrer le secteur, tout en insistant sur les concepts de la sécurité, l’environnement et la durabilité. En ce qui concerne le plan de développement touristique de la ville et de la région, le président du conseil régional de montra catégorique : «On ne peut pas aborder le plan de développement sans apporter les réponses immédiates à la crise virale et l’état de souffrance de l’écosystème», relève-t-il, tout en mettant l’accent sur le potentiel de l’arrière-pays. Quant au vice-président du conseil communal de la ville, il a présenté les grands volets du PDU, en particulier le relefting de la corniche, la réalisation de la première ligne du Bus à Haut Niveau de Services (BHNS), la mise en place du parc urbain Al Inbiât et le rehaussement de l’offre culturelle et touristique…

La ville aura eu  droit un relooke des plus éclatants. Puis, l’audience a eu droit à la communication de la Société Marocaine de l’ingénierie Touristique (SMIT) qui indiquait que son souci allait à la mise en place des actions consacrées aux TPME touristique et à la création du premier Technopôle dédié l’axe du tourisme avec l’installation d’un incubateur pour ce tissu. D’autre part, Abdelkrim Azenfar, directeur général de la Société de Développement Régional du Tourisme (SDRT) met en exergue le travail accompli au niveau des projets du milieu rural qui consistent à valoriser les  sites de l’arrière-pays, tel le Toubkal, la palmeraie d’Aït Mansour, la grotte de Wintmadouine, le Tioute, en plus de la mise en place d’un circuit touristique à l’adresse de l’art rupestre de Tata. Saïd Dor, le président de la chambre de commerce, d’industrie et de services du Souss Massa, a également conditionné la résorption de la problématique virale à la résolution de la problématique des ressources humaines dans le secteur du secteur du tourisme.

Dans son intervention, Majid Joundy, président de la CGEM de la région Souss Massa, aurait insisté sur l’association de tous les acteurs dans le processus de relance, de manière à se projeter dans l’avenir tout en étant aussi solidaires et synchronisés. Mohamed Bahja, directeur de l’aéroport Al Massira a présenter les indicateurs essentiels de l’aéroport d’Agadir les prévisions selon les restrictions actuelles, les projections en matière de la capacité et le trafic. Le travail investi à l’agrandissement de 3 aéroports d’Agadir, de Marrakech et de Tanger est en cours de finalisation. Enfin, Asma Oubou, directrice du CRT d’Agadit Souss Massa a donné un aperçu sur les tâches et les rôles de l’instance fédératrice qui doivent être suivis et  accompagnés par l’engagement effectif des autres acteurs locaux et régionaux. « On a élaboré des plans d’action par le biais d’une approche participative avec l’ensemble des intervenants. Malgré la pandémie, on a réussi nombre d’actions selon quatre axes qui sont la promotion, l’aérien, le produit et l’animation », fait-elle savoir, en détaillant chacun de ses axes, par des actions ponctuelles.

En clôture de ces journées de «Agadir Souss Massa dans», on procédait à  cérémonie de signatures de deux conventions dont la première  avec l’Institut Supérieur International du Tourisme de Tanger, en présence de  Adnane Afquir, Directeur de l’ISITT et la seconde avec l’Association TAWADA, Association des conducteurs de taxi. On ne pourrait alors que saluer vivement la prestance seigneuriale du président du CRT et de son staff, tout feu tout flamme pour la qualité de l’organisation, le tact du relationnel, l’affluence des décideurs et l’éminence du menu proposé.

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