Akherfi Mohamed Ben Brahim, naquit dans la région de Khénifra. Il faisait partie du lot d’enfants Amazighs qui eurent la chance d’être scolarisés. Il suivit des cours que le fquih donnait en arabe sous une tente ambulante qui suivait le douar dans ses déplacements de transhumance.
La dite tente servait en même temps d’école coranique et de mosquée, (timzguida). Le fquih qui y enseigne, était engagé par la djmâa, (Jma3t), pour une durée d’un an ferme, rarement renouvelable, sous réserve d’accord entre les deux parties. La formation d’Akherfi Mohamed à l’enseignement traditionnel lui permit de rejoindre, l’université Lqarawiyine à Fès.
Cet enseignement lui permit, par ailleurs, de maîtriser fort bien la langue arabe, en plus de sa langue maternelle, le Tamazight. Notons pour anecdote que son intégration à la radiodiffusion fut le fruit du hasard. Lors d’une promenade dans les ruelles de Fès, au moment où il était encore étudiant, il entendit, sur les ondes de la radio, que cette institution souhaitait recruter des fonctionnaires qui maîtrisaient le Tamazight. Il répondit à l’annonce. Ainsi, au siège de la RTM, il fut reçu par Hmmadi Lyazid.
Ce dernier était originaire de la tribu des Zemmour. Après sa retraite, il vécut à, Dait Roumi, dans les environs de la ville de Khemisset. Celui-ci s’occupait de la présentation des informations à la radio Amazighe. Dès son intégration dans cet établissement, Akherfi, se vit attribuer le poste d’aide rédacteur et présentateur des bulletins d’informations en Tamazight. N’ayant pas pu s’adapter à son nouvel environnement, il quitta, volontairement Rabat pour Fès dans l’espoir de poursuivre ses études. Ayant constaté, son absence prolongée, ses supérieurs ont lancé un appel sur les ondes de la radio lui enjoignant de regagner son poste qu’il avait abandonné. Il ne tarda pas à rejoindre de nouveau la RTM pour reprendre son travail de nouveau jusqu’à sa retraite.
A Rabat, avant son mariage, il élit domicile aux quartiers : «Yakoub Al Mansour» puis, «Lâakari», en compagnie de son compatriote et collègue, Mr Berrahou Lhoussaïne.
Après l’inauguration de la station régionale de la ville de Béni Mellal, M. Akherfi, fut affecté dans cet établissement afin d’exécuter un vaste programme de lutte contre l’analphabétisme. Les émissions de cette station, produites et présentées par ce jeune fonctionnaire, étaient destinées aux habitants, surtout amazighophones des régions de Béni Mellal et d’Azilal. Son supérieur hiérarchique fut Lghazi Cheikh qui supervisait, à l’époque, les programmes en Tamazight, tandis que Ahmed Sahoum, le célèbre poète du «Malhoun» était, quant à lui, chargé des programmes diffusés en arabe dialectal.
Avec le détachement de Driss Belkacem de la sûreté nationale à la RTM, Akherfi vit son rêve, celui pour lequel il avait tant milité avec ses collègues, se réaliser : la plage initiale horaire de deux heures d’émission en Tamazight passa à quatre heures. Parmi ses émissions réussies nous nous contentons de ne citer que : «Achabar Imazighen» et «Min bayte fennan» qu’il produisit en collaboration avec M. Ouâali.
Ses compétences le promulguèrent au grade de chef de service des dialectes, Tachelhit, Tarifit et Tamazight au moment où Ziani Mohamed était directeur de la télévision à la RTM. Il eut l’honneur de présenter une des célèbres émissions télévisées, intitulée « fi robo3 Al Atlas » qui était diffusée chaque samedi soir sur les écrans de la télévision, en noir et blanc. Il eut comme collaborateur, à l’époque, Ouassaddine Ouâali, tandis que le réalisateur n’était autre que Mohammed Reggab.
Avant de conclure cette modeste investigation consacrée à ce personnage illustre, il est à rappeler qu’Akherfi Mohamed ben Brahim, Lhoussaïn Berrahou et Ouassaddine Ouâali, étaient tous lauréats de l’université d’Al Quarawiyine et que leur recrutement au sein de la RTM, relevait de leur ordre de citation.
Hamzaoui Abdelmalek
(Chercheur amazigh)