Vénérer son patrimoine, c’est le préserver de l’oubli et de la disparition. En effet, les amoureux du livre découvriront parmi les nouveautés du Salon international de l’Edition et du Livre (SIEL) qui se déroule du 9 au 19 février un beau livre à peine sorti dans les librairies, «Patrimoine Vivant du Maroc», dans le stand du Ministère de la Culture.

Ce livre réalisé sous la direction de Saad Hossini et Ahmed Skouniti, sous la coordination de Fatima Ait M’hand,  contient des textes de Fatima Ait M’hand, Rahma Miri, Mustapha Nami, Morad Riffi Alami, Ahmed Skounti et des photographies des artistes Hassan Nadim et Abdellatif Sibari qui mettent en valeur le patrimoine vivant du Maroc.

Magnifiquement travaillé, le livre est un périple dans les univers authentiques de notre mémoire collective riche et diversifiée. Chaque texte et chaque image illustrent et révèlent à la fois la pluralité et l’authenticité du patrimoine vivant et contemporain enraciné et ancré dans l’histoire. A première vue, l’œil est frappé par la photo de couverture du livre intelligemment choisie.

Sur cette couverture simple et sobre, apparait un fauconnier dont les traits du visage et le regard en disent long. C’est d’ailleurs grâce à la lumière fine que le photographe a pu mettre en valeur les traces du temps chez ce vieil homme porteur d’une richesse inestimable. La lumière révèle au grand jour le passé caché du vieux fauconnier dont le regard serein et profond est projeté vers l’avenir.

Une image symbolique qui en dit davantage sur le patrimoine marocain, sachant que la fauconnerie est une tradition ancienne ancrée dans la culture de certaines régions du Royaume.

L’espace culturel de Jemaa El Fna est également à l’honneur dans ce beau livre. La place mythique, qui a été proclamée chef-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité en 2001, puis intégrée à la liste représentative du patrimoine culturel immatériel en 2008, est présentée dans ce livre de manière poétique et esthétique à travers la plume d’Ahmed Skounti. Cet endroit qui renvoie dans l’imaginaire de chaque Marocain aux histoires interminables, à des visages, des pratiques, des plats, des odeurs, des rencontres et des fêtes qui poétisent l’espace.

Le livre rend également un vibrant hommage au Moussem de Tan Tan proclamé en 2005 chef d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité et inscrit en 2008 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Un évènement artistique et culturel qui s’ouvre sur la culture du désert sous toutes ses facettes. On déguste dans le livre, via l’écriture fluide et ficelée de Fatima Ait M’hand, un thé sous la tente sahraouie et sur les rythmes du chant et de la poésie orale hassanis.

Et ce n’est pas tout. Le festival des cerises de Sefrou ou «lfichata di hebb lemlouk» est présenté au lecteur dans une dimension esthétique et historique digne de l’histoire de cette ville symbole de la coexistence et de la symbiose entre les Amazighs, les Juifs et les Arabes, ainsi que toutes les autres composantes de la mémoire plurielle marocaine. A noter que l’UNESCO a inscrit ce festival sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité le 7 décembre 2012.

Ainsi, la fauconnerie, la gastronomie méditerranéenne, l’argan, les pratiques et savoir-faire liés à l’arganier, l’art culinaire et l’artisanat témoignent dans ce beau livre de la spécificité et de l’originalité du patrimoine vivant du Maroc qui constitue un pont solide entre le passé ancestral et l’avenir prometteur.

A lire et à déguster sans hésitation !

Mohamed Nait Youssef