L’indexation !

Il faut préciser au préalable que l’indexation envisagée  portera sur l’essence, le gasoil et le fuel  à usage industriel. Le gaz butane s’en trouvera par conséquent exclu en attendant des «jours mauvais» ! Pour ce qui est de l’indexation  partielle, elle  s’appliquera  dans un intervalle de temps de 15 jours (le 1er et le 16 du mois) dès lors que le cours du baril dépasse le prix de référence arrêté par la loi de finances, à savoir 105 $ le baril pour l’année 2013, ou  descend en dessous de ce plafond. Autrement dit, l’indexation  s’exerce en principe à la fois dans le sens de l’augmentation des prix et de la baisse, sachant que cette deuxième possibilité (celle de la baisse) se produit rarement. L’indexation partielle ne supprime donc pas la subvention telle qu’elle a été votée dans la loi de finances. Elle vise tout simplement à la contenir dans ses limites et ce  afin de  maîtriser davantage le déficit budgétaire.  Mesure d’autant plus importante et préventive lorsqu’on sait qu’une augmentation du cours du baril de 1 $  se traduit par des dépenses supplémentaires de 600 millions DH au niveau de la compensation !!  Imaginons le coût additionnel pour le budget de l’Etat avec  le cours du baril qui dépasse 115 $ à l’heure où nous écrivons ces lignes.
Pour ce qui est de l’application concrète de l’indexation, elle posera  à coup sûr des difficultés et suscite des interrogations sur sa pertinence dans la mesure où il y a nécessairement un décalage dans le temps plus ou moins important,  selon les stocks disponibles, entre le moment de l’achat et le moment de la vente. La société de transformation du pétrole, en l’occurrence la SAMIR, va  réaliser ce que l’on appelle «une rente du producteur» : vendre au nouveau prix un produit acheté auparavant à un prix inférieur. De même, et c’est une pratique bien courante, les prix de référence internationaux ne sont jamais les prix réels. Ces derniers  font l’objet de tractations et sont souvent inférieurs aux prix  annoncés sur les places  internationales.  Nous sommes là en face de difficultés  réelles.
Ceci étant, reste à savoir les retombées de ces ajustements des prix des carburants à la fois sur les ménages et les entreprises. Tout dépendra de l’ampleur de l’augmentation du baril sur le marché mondial. Si les cours resteront cantonnés dans la fourchette 105-115 $, l’augmentation peut être  supportée et digérée même difficilement. Sachant que notre tissu productif demeure fragile et perd des points en matière de compétitivité. Mais dans l’hypothèse  pessimiste où le cours du baril s’envolerait pour dépasser  la barre des  115 $,  voire atteindre la barre de 150 $  comme le prévoient déjà certains  centres de prévision dans le cas d’une attaque  armée contre la Syrie, alors là, l’indexation  sera  mortelle à la fois pour l’entreprise et pour le consommateur. Il faudra s’orienter vers d’autres solutions et opter pour un «prix politique» du pétrole… Face à une situation exceptionnelle, il faudra nécessairement des mesures exceptionnelles.
En tout état de cause, le gouvernement se doit de  traiter les problèmes dans leur globalité au lieu de les traiter par à-coups et de continuer à  jouer au pompier : attendre d’abord que le problème arrive pour le traiter dans la précipitation.  Gouverner, c’est prévoir, on ne le répétera jamais assez…

*Membre du Bureau Politique du PPS et Professeur à la FSJES Rabat Agdal

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