Toutes choses égales par ailleurs, la réduction des inégalités a plus d’impact positif sur la pauvreté que la croissance économique. Selon des calculs du HCP, baisser de 1% les inégalités, baisse de deux fois plus la pauvreté que lorsqu’on augmente la croissance de 1%.
L’intérêt du débat sur la justice sociale, initié il y a quelques jours par la Chambre des Conseillers, est à cet égard, à ne pas démontrer. Ce débat auquel le Souverain a,d’ailleurs, envoyé une importante Lettre Royale, s’est soldé par une Déclaration qui appelle à «l’édification d’un modèle marocain pour relever les défis prioritaires, dont le renforcement des solidarités sociales», plaidant, pour ce faire, à «l’utilisation judicieuse des mécanismes de la démocratie participative, des nouvelles prérogatives dévolues aux collectivités territoriales, et de la force suggestive des institutions constitutionnelles et de la société civile».
La justice sociale a, par ailleurs, été au centre des motivations sous-tendant la grève organisée le 24 courant à l’appel de quatre centrales syndicales. La grève étant un droit constitutionnel garanti et donc indiscutable, son déclenchement sur un spectre général, témoigne, néanmoins, d’un échec du dialogue social. Surtout que certains syndicalistes ayant appelé à la grève générale siègent justement à la Chambre des Conseillers, censée être un lieu de rapprochement des points de vue entre les partenaires économiques et sociaux.
Quels que soient donc les arguments des uns et des autres, le dialogue social a bel et bien été défaillant. Il est vrai qu’une année élective est féconde en actes de positionnements politiques et en tactiques opérationnelles de la part des forces politiques et sociales en présence. Surtout que des dossiers aussi lourds que les retraites, la loi régissant la grève, la stratégie nationale de l’emploi… sont sur le métier.
Sauf que ces questions importantes et urgentes, ne peuvent, chacun le sait, être résolues par une tactique de torsion des bras ! Elles appellent justement, un dialogue social patient et un partage équilibré des responsabilités.
Les populations que représentent les parlementaires et les syndicalistes, n’attendent assurément pas une exhibition des forces, ni des théories sociales. Elles attendent des solutions pratico-pratiques pouvant favoriser la marche vers la meilleure justice sociale souhaitée par tous.
La justice sociale est une clé pour la croissance économique, comme la croissance économique à elle seule est insuffisante pour éradiquer la pauvreté.
Ahmed Azirar
(26/02/2015)