En situation de stag-déflation, l’économie marocaine combine en 2016 une baisse du rythme de la croissance, une inflation très réduite, une baisse du déficit budgétaire et le maintien à un un niveau élevé du taux de chômage. En somme, un «carré magique» peu flatteur.
Mais une baisse du taux directeur de la banque centrale d’un quart de point, serait-elle la solution. Tout le monde sait que c’est pour le moins douteux. D’abord parce que la baisse n’est pas la première et que les précédentes n’ont pas eu l’effet souhaité. Tant la décision de baisse est prise en retard et à un degré insuffisant comparé à la profondeur du besoin.
Pour un pilotage réussi de l’économie, chacun sait que la politique monétaire et du crédit, pour être efficace, devrait être parfaitement synchronisée avec la politique budgétaire et franchement volontariste. Particulièrement dans un pays où l’impact du seul taux d’intérêt sur l’investissement n’est pas garanti et que la bancarisation reste faible dans un marché où l’informel est important. Le mix-policy, adéquat et efficacement appliqué, est fortement requis. En soulignant l’importance capitale de l’autonomie de décision de la banque centrale, qui cherche, néanmoins, toujours, une coopération en politique économique dans l’intérêt d’une allocation optimale des ressources.
Depuis l’explosion du déficit budgétaire, sous la pression de la demande sociale, il était attendu que l’effort budgétaire de l’Etat soit réorienté à la baisse. Sous peine de faillite financière. Il était donc attendu que les autorités monétaires prennent des décisions fortes pour appuyer la demande privée et soutenir efficacement l’investissement des entreprises. Cela n’a pas été fait dans les proportions nécessaires. Pour preuve, le crédit bancaire est resté serré, des secteurs entiers exclus, et partant,une demande privée atone, à un moment où le marché extérieur reste en berne.
On ne peut tout naturellement, dans un pays où le secteur public reste important, s’attendre à un taux de croissance élevé quand le budget de l’Etat est à la recherche de sa viabilité. C’est au secteur privé et partant au secteur bancaire de relancer la machine en faisant en sorte que les paiements se fassent normalement, que la consommation continue et que l’investissement, surtout, ne soit pas décalé. C’est loin d’avoir été le cas. D’ailleurs, les paiements continuent à être retenus, comme gymnastique nationale de gestion de trésorerie, l’analyse du risque bancaire étriqué, surtout que les banques ont une ouverture d’affaires extérieure plus intéressante, et que l’investissement privé reste anesthésié dans les secteurs moteurs et au niveau des PME. Sachant que le plan d’accélération industrielle n’est pas encore en vitesse suffisante pour impacter positivement le taux de croissance et l’emploi.
Ce n’est donc pas une conquête que de dire aujourd’hui que nous sommes loin du 5% promis par la majorité gouvernementale actuelle. Quand un gouvernement tarde à faire les réformes, au dela de sa première année d’investiture, quelles qu’en soient les motivations, soit il ne les fera pas, soit il n’en recueillera pas les fruits s’il les réalise à la fin de sa mandature.
Et pourtant, le verre de notre économie est-il aujourd’hui à moitié plein, ou à moitié vide ?A chacun sa manière de voir !
Ahmed Azirar