Beauté et estime de soi

Pour Sartre, «la beauté n’est ni une apparence ni un être, mais un rapport : la transformation de l’être en apparence». Se regarder dans le miroir ne suffit plus. Le selfie  très tendance, qui permet de montrer aux autres le moi intérieur exige la perfection ; pas de profil très exposé ni de photo large montrant les rondeurs. Tout le monde à présent cherche l’image de beauté dans le regard de l’autre.

Certains se penchent sur les produits cosmétiques ; d’autres s’orientent vers la chirurgie esthétique. Cette apparence qui se souscrit à un idéal standardisé universellement, Kant l’avait bien résumée en disant que le «beau est ce qui plaît universellement et sans concept». La beauté est devenue un critère d’appartenance sociétale. Elle permet d’atteindre un certain bien-être, d’avoir une estime de soi où juste se donner la chance de séduire ou d’être séduit, en ayant recours à de nombreuses crèmes rajeunissantes, au contouring et effet lifting jusqu’au vrai lifting et remodelage par la chirurgie. Tous les moyens sont bons pour développer un semblant d’assurance et d’épanouissement.

Cosmétique: besoin ou tendance ?

Le marché marocain est inondé de marques cosmétiques étrangères, puisqu’à l’ère d’internet, le consommateur marocain ne se contente plus de ce qu’il y a sur le marché mais il cherche un produit efficace et qui soit aussi à la mode. Dans ce but et pour limiter l’impact de la contrebande, plusieurs franchises voient le jour, facilitées par l’émergence des grandes surfaces de ventes.

Ceci dit, le prix de ces marques reste abordable. Ce qui pousse les consommateurs à chercher toujours les prix moins chers, parfois au grand dam de leur santé d’autant qu’il s’agit quelque fois de produits contrefaits ou expirés. D’autres plus attachés à la culture marocaine préfèrent avoir recours aux produits artisanaux ou dits plutôt du terroir, comme le henné, le ghassoul. Des produits qui respectent généralement le pouvoir d’achat du consommateur marocain.

huil d'arganLe Maroc est riche de ses atouts naturels. A titre d’exemple, l’huile d’argan est le chouchou des fabricants, ingrédient incontestable pour les produits faits maison. De nombreuses coopératives, qui s’adonnent à cette pratique, affirment que leurs produits sont bien traités selon des normes universelles et n’intègrent aucune composante chimique. Ce qui n’est pas toujours vrai, nous confie une gérante d’une coopérative spécialisée en huile d’argan. Selon elle, «de nombreux produits dits faits à base d’huile d’argan sont en vérité mélangés avec d’autres essences. Ce qui explique leurs prix faibles». En effet, explique-t-elle, le prix de l’huile d’argan dédié à l’usage cosmétique est trop cher. Il est 3 fois plus cher que l’huile d’argan alimentaire qui est d’environ 250 dhs. «Plusieurs fabricants se donnent le droit de faire des mélanges sans avoir ni la qualification ni le savoir faire», se désole la spécialiste en cosmétique.

Une véritable crainte d’autant que certains produits mélangés sans dosage bien étudié ont des risques néfastes sur la santé. D’où «le test in-vitro» qui n’a rien à voir avec la fécondation. Il s’agit d’un test qui consiste à observer l’effet du produit sur un échantillon d’utilisateur pendant une durée prédéfinie, permettant ainsi de certifier le produit avec preuve (image d’avant et d’après).

Le Maroc, conscient de l’importance que prend la cosmétique dans le quotidien des gens, a élaboré plusieurs projets, notamment le projet de norme marocaine NM 08.0.802 relatif aux produits cosmétiques et d’hygiène corporelle halal, adopté en 2015 à travers l’institut marocain des normalisations (IMANOR). Une  norme  qui permettra aux entreprises du Royaume de saisir les opportunités présentées par ce créneau en Asie et dans les pays arabes et islamiques.

Dans ce cadre, la participation du Maroc à la 21e édition du Salon international de la cosmétique «Beauty world Middle East», qui s’est déroulé du 15 au 17 mai à Dubaï, constitue une occasion pour positionner l’offre marocaine en matière de produits cosmétiques.

Rappelons qu’à l’horizon 2020, les deux écosystèmes du secteur de la chimie-parachimie que le Maroc a bien développés ces dernières années, celui dit de  chimie verte : cosmétique Bio et celui de chimie organique : cosmétique MDD- Marque de distributeur, visent à créer 12.430 emplois directs stables et 20.570 emplois indirects industriels; augmenter le chiffre d’affaire direct de 14.6 milliards de dirhams ; améliorer la balance commerciale de 9.8 milliards de dirhams et créer une valeur ajoutée directe additionnelle de 3.8 milliards de dirhams.

La chirurgie esthétique, l’ultime recours ?

Un mal pour un grand bien, la chirurgie esthétique ouvre aujourd’hui une infinité de moyens qui permettent un nouveau regard sur le corps humain.

Certaines opérations sont pratiquées afin de corriger ou de réparer une anomalie. D’autres ont pour but d’embellir, selon un besoin de conformité ou de bien intérieur. Dans les deux cas, avoir recours à la chirurgie esthétique reste une étape qui nécessite une réflexion bien profonde.

Depuis quelques années, on a pu remarquer la création  de plusieurs  cliniques, offrant des interventions sous formes d’injection de botox, d’acide hyaluronique ou de traitement au laser. La pratique la plus demandée au Maroc est la liposuccion suivie de l’augmentation mammaire, confie le Dr Sanaa Elmounjid, membre de la Société marocaine de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique.

Pour sa part, le Dr Fayçal El Kouhen, diplômé du Collège français de chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique et de l’European board of plastic, aesthetic and reconstructive surgery, confirme qu’«avant de pouvoir ouvrir une clinique de chirurgie esthétique ou autre, le ministère de la santé a effectivement, mis en place des règles strictes que le médecin doit suivre scrupuleusement avant de pouvoir obtenir les autorisations nécessaires. A ce sujet, des commissions de contrôle passent régulièrement dans les cliniques afin de vérifier si toutes les règles sont observées à la lettre». Toutefois, le patient reste maître de la situation puisque la principale contrainte, souligne le médecin, reste la gestion des patients qui sont très exigeants dans ce  métier. «En fait, nous avons une obligation de résultat, c’est à dire que nous devons obtenir des résultats jolis, naturels et surtout sans complications car il faut toujours garder à l’esprit que nous devons apporter du bonheur à nos patients et non l’inverse. Et ce niveau d’exigences exerce une terrible pression sur nous, que ce soit au bloc opératoire ou lors de la réalisation de procédures de médecine esthétique», souligne t-il.

Nawal Ansar (J.S)

Top