Un colloque international sur le thème « Éthique de l’Intelligence Artificielle (IA) : des standards émergeants aux perspectives de mise en œuvre » a été organisé, vendredi à Rabat, à l’initiative du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), avec la participation d’un parterre d’experts et de chercheurs marocains et étrangers.
Cette rencontre de deux jours, tenue au siège du CNDH en collaboration avec ses partenaires académiques, s’assigne pour but de discuter plus en détail des normes et outils disponibles pour mieux évaluer le développement d’une Intelligence Artificielle (IA) qui respecte et protège les droits et libertés fondamentaux.
Il s’agit également d’approfondir le débat, d’échanger de nouvelles expertises et de partager les bonnes pratiques autour des principaux défis à relever pour mettre en œuvre une IA éthique, notamment la mise à niveau des cadres juridiques et organisationnels, la réglementation des secteurs de l’éducation, de la recherche, des entreprises et du développement, la composition et les prérogatives des organismes de contrôle et de surveillance.
Intervenant lors du panel d’ouverture, la présidente du CNDH a indiqué que l’utilisation de l’intelligence artificielle affecte certains droits et soulève des préoccupations et des interrogations relatives à la vie privée, à l’éducation, au travail, aux soins sociaux, à la santé, à la mobilité, à l’application de la loi et au maintien de l’ordre public.
« Le CNDH a décidé d’accompagner le développement de l’IA dans notre pays, avec pour mission la consolidation de la protection des droits de l’homme et de leur promotion » a-t-elle fait savoir.
Mettant en avant la contribution du digital et des systèmes de l’IA pour l’accès aux droits, la présidente du CNDH s’est dite, par ailleurs, « consciente’ des impacts sur la vie privée, les discriminations envers les femmes, les races et leurs couleurs, les personnes en situation de handicap.
« Nos préoccupations sont énormes à cet effet, comment mettre en place des règles de déontologie, en vue de réduire l’impact et les retombées des systèmes de l’IA sur les droits de l’homme en général et surtout sur ces catégories en particulier », a-t-elle argué.
S’exprimant à cette occasion, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Abdellatif Miraoui a mis en relief de la pertinence de la thématique objet de ce colloque, qui « traite d’une question à double détente, mettant en correspondance l’opportunité de favoriser le recours élargi à l’IA et l’impératif d’en réguler l’usage pour se conformer aux exigences de l’éthique et de respect des droits de l’Homme ».
M. Miraoui a assuré, dans ce sens, que son département tient compte des disruptions occasionnées par l’essor des technologies liées à l’intelligence artificielle, citant à ce titre le Plan National d’Accélération de la Transformation de l’écosystème de l’ESRI à horizon 2030, qui place l’ancrage au numérique au cœur de son dispositif opérationnel.
« Près de 1.500 thèses de doctorat en intelligence artificielle et éthique, en intelligence artificielle responsable, en sécurité numérique et en confiance numérique, ont été soutenues entre 2016 et 2021, alors que près de 2.000 thèses similaires sont en cours de préparation », a-t-il dit.
Pour sa part, le président de la Commission nationale de contrôle de la protection des données à caractère personnel (CNDP), Omar Seghrouchni a fait observer que le droit de la protection des données est un droit qui se construit au fur et à mesure.
« On ne peut être dans une logique de légiférer une fois tous les dix ans, il faut être alerte, agile et trouver des mécanismes d’encadrement qui puissent préserver la vie privée de l’être humain », a-t-il expliqué, notant que la CNDP a fait le choix de travailler, de façon définitive, à un niveau international afin d’anticiper les contraintes liées au domaine de protection des données personnelles.