Consécration de l’effervescence de la jeune littérature marocaine

Pour sa 38e édition, qui se tiendra du 23 au 27 mars 2017, le Salon du livre de Paris accueillera pour la première fois le Maroc, qui succédera à la Corée en tant qu’invité d’honneur. Le Royaume présentera la richesse de la production marocaine en langue française, un joli coup de projecteur pour l’offre éditoriale.

En effet, le Maroc devient ainsi le premier pays arabe et africain à être accueilli par le Salon de Paris en tant qu’invité d’honneur en 38 ans d’existence. Une convention sera signée le mercredi 7 septembre prochain à Casablanca à cette occasion entre l’Union des éditeurs marocains (UEM), le ministère de la Culture, côté marocain et le Syndicat national de l’édition (SNE) et Reed Expositions, son prestataire pour l’organisation de la manifestation, côté français, nous a indiqué Abdelkader Retnani, président de l’Union des éditeurs marocains (UEM).

«C’est une excellente initiative du ministère de la culture qui va se concrétiser en la présence de tous les éditeurs marocains» a-t-il déclaré, tout en ajoutant que la littérature marocaine est en pleine évolution. Elle se fait connaitre de plus en plus et cet évènement sera un véritable tremplin.

En marge de la signature de cette convention, les détails de la participation marocaine seront dévoilés. Notons que cet événement reflétera les multiples facettes de la création marocaine et ses différents affluents régionaux, linguistiques et civilisationnels.

«La participation du Maroc en tant que pays invité d’honneur du salon du livre de Paris est un honneur incroyable. C’est un geste inestimable et symbolique, d’inviter le Maroc qui n’est pas spécialement célèbre pour sa littérature francophone et lui proposer une vitrine aussi importante à l’échelle mondiale», nous a confié Reda Dalil, journaliste et écrivain marocain. «Ce salon se veut une vitrine pour nos auteurs et éditeurs marocains. Il leur permettra d’exposer leur littérature aux éditeurs venus d’autres pays», ajoute-t-il.

Pour l’écrivain, «c’est une opportunité exceptionnelle que doit saisir la délégation marocaine qui se rendra à Paris, surtout qu’au cours des dix dernières années, il y’a eu une effervescence incroyable au niveau de la littérature marocaine qui parle aujourd’hui de sujets plus actuels et contemporains».

En effet, cette 38e édition verra la participation de 30 à 40 écrivains marocains. Elle sera marquée par diverses autres activités parallèles. Sont prévus à l’occasion, des tables rondes, des conférences, des ateliers de travail et des remises de prix.

«Le salon du livre de Paris est le salon le plus prestigieux en termes de visibilité pour le livre et pour la littérature», a ajouté pour sa part Najib Abdelhak, journaliste, chroniqueur, romancier, analyste politique. «Je suis ravi que le Maroc soit l’invité d’honneur de cette édition. C’est à la fois un honneur et un hommage rendu à la littérature, notamment aux écrivains et auteurs marocains quelles que soit leurs tendances : poète, romancier, homme de théâtre(…). C’est peut être cette variété qui a incité les organisateurs à faire appel au Maroc», a-t-il poursuivi.

«On a une pléiade de grands écrivains qui ont traversé l’histoire depuis plusieurs décennies, entre autres : Driss Chraibi, Abdelkbir Hafidi, Mohammed Kheir Eddine, Abdellatif Laabi, Tahar Benjelloun, Mohammed Choukri, des gens beaucoup plus proches de nous comme Fouad Laaroui, et toute cette nouvelle génération d’auteurs auquel je fais partie aujourd’hui. Une génération plus productive qui fait des choses intéressantes. En effet, la littérature marocaine aujourd’hui est plus centrée sur elle-même, à la fois dans le style, dans les thèmes abordés ou dans l’écriture et c’est cette variété qui fait la particularité de la jeune littérature marocaine aujourd’hui. Donc je pense qu’il y’a matière à rendre hommage à la littérature marocaine», souligne t-il.

«Aujourd’hui, la littérature marocaine n’a plus les mêmes préoccupations. Auparavant, les anciens débattaient de la langue de l’occupant, de l’identité… Aujourd’hui, un artiste comme Abdellah Taïa parle de son homosexualité, bien que ce soit un problème qu’on n’a pas envie de voir dans ce pays. Les auteurs racontent les soucis actuels des Marocains, avec une approche littéraire très différente de celles des écrivains comme Driss Chraïbi», avait souligné Mahi Binebine, peintre, sculpteur et écrivain dans un entretien accordé au site Télérama.

Le salon du livre de Paris est devenu au fil des années une référence pour le secteur de l’édition en France et un rendez-vous incontournable pour les professionnels et distributeurs du livre à travers le monde.

Cette année, les visiteurs auront l’occasion de prendre connaissance des manuscrits et documents marocains qui seront exposés durant cette 38e édition du salon. Une initiative qui traduit la profondeur des relations fraternelles entre les deux pays et contribue à l’ouverture de la culture française sur les œuvres littéraires et la richesse du patrimoine culturel marocain.

Le Salon du livre de Paris est un événement culturel qui rassemble chaque année des milliers de visiteurs. Créé en 1981, il accueille à chaque fois plus de 4 000 auteurs mais aussi des créateurs étrangers.

S’il est vrai que le livre au Maroc se bat contre vents et marrées, il faut dire que le mal est à déceler à tous les niveaux de la chaîne, notamment le lectorat, l’édition, la distribution. Un débat auquel le Maroc compte apporter sa contribution pour booster le secteur du livre en Afrique et profiter de l’expérience des autres pays en la matière.

Omayma Khtib

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