Donnarumma dans la cour des grands gardiens

« Gigio », ce héros…

Impérial pour détourner deux tirs au but anglais dans un stade de Wembley en fusion, le gardien Gianluigi Donnarumma a été le grand monsieur de l’Italie championne d’Europe dimanche (1-1 a.p., 3-2 t.a.b.), et se voit promis, à 22 ans, à un avenir radieux.

C’est le héros de Londres ! Déjà décisif mardi pour stopper la tentative d’Alvaro Morata dans la séance de tirs au but de la demi-finale contre l’Espagne, « Gigio » a récidivé devant Jadon Sancho puis Bukayo Saka, remportant son duel à distance face à Jordan Pickford.

Les frappes des deux Anglais ont heurté la main ferme du gardien phénomène de la Nazionale. Quelques secondes plus tôt, il avait déjà bien perturbé la course d’élan de Marcus Rashford, qui a touché le poteau sur sa tentative.

Du haut de son mètre quatre-vingts seize, le joueur dont le contrat avec l’AC Milan s’est achevé fin juin et qui est annoncé en partance pour le Paris SG, restera l’un des hommes forts du sacre italien, et d’une série folle de 34 matches sans défaite pour la sélection de Roberto Mancini.

Ce n’est d’ailleurs pas anodin si c’est lui qui a été désigné meilleur joueur du tournoi, recevant son trophée comme un gamin timide après la rencontre. Les statistiques parlent pour lui: il n’a jamais perdu la moindre séance de tirs au but dans sa carrière (trois précédents en club, deux en sélection), selon le statisticien Opta. Et n’a jamais encaissé plus d’un but par match sous le maillot italien, en 33 sélections…

Il est le plus jeune gardien à remporter l’Euro depuis l’Espagnol José Angel Iribar, sacré à 21 ans en 1964.

Sa prestation, dimanche, symbolise aussi toute la maturité acquise par le portier italien… Il ne peut rien sur le premier but inscrit par Luke Shaw (2e), puis n’a absolument aucune intervention à faire pendant le reste de la rencontre, mis à part deux sorties aériennes en prolongation.

Peu perturbé par cette absence d’occasions côté anglais (un seul tir cadré), Donnarumma a alors su patienter, puis se remettre en selle lorsqu’il l’a fallu, pour la séance de tirs au but. Et les regards, souriants et confiants, échangés avec ses coéquipiers juste avant le début de celle-ci ont prouvé que les Italiens n’avaient pas beaucoup d’inquiétude sur la capacité de leur gardien à se mettre au niveau du rendez-vous, malgré son jeune âge.

Cette séance est venue récompenser un Euro quasiment parfait pour le natif de la métropole napolitaine, avec seulement quatre buts encaissés et une impression générale de grande solidité, derrière les deux défenseurs briscards de la sélection, Giorgio Chiellini et Leonardo Bonucci.

« Je me fais entendre et mes coéquipiers m’écoutent aussi. Le gardien de but doit donner des ordres à la défense et on doit faire ressentir de la sécurité et de la confiance, toujours », disait-il ces derniers jours, sûr de ses forces.

Son apport dans la sélection italienne fait l’unanimité dans le pays, qui l’a vu émerger chez les jeunes à Naples, puis en professionnels au Milan, où il sera remplacé par le Français Mike Maignan.

« J’ai une grande considération pour lui. Il est jeune, il a déjà disputé de nombreuses saisons avec Milan et beaucoup joué avec l’équipe nationale. L’évidence, c’est qu’il a des perspectives importantes pour devenir un grand gardien. Ensuite, cela dépendra de lui, mais les possibilités sont immenses », s’enthousiasmait Dino Zoff, un glorieux prédécesseur, dans un entretien à l’AFP cette semaine.

Avec de tels soutiens et une telle assurance, nul doute que l’avenir de « Gigio » est tout tracé. L’armoire à trophées n’est pas encore aussi remplie que celle de Gianluigi Buffon, à qui il a succédé en sélection. Mais Donnarumma pourrait vite commencer à la garnir à Paris après son triomphe de Londres.

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