Ouzbékistan : Tenue du 1er Sommet UE-Asie Centrale

Attendons pour voir…

 Nabil EL BOUSAADI

Comprenant l’Ouzbékistan, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et le Turkménistan qui, tous, appartenaient à l’ancienne Union Soviétique, l’Asie Centrale, qui est, généralement, perçue comme étant un carrefour entre l’Orient et l’Occident, et, à ce titre, une plaque tournante pour les échanges commerciaux », est, très souvent, tiraillé entre la Russie et la Chine au nom de leurs intérêts « nationaux » respectifs.

Mais, si le Kazakhstan et l’Ouzbékistan sont riches en minerais, terres rares et métaux stratégiques comme le lithium et le cobalt et que le Kirghizistan et le Tadjikistan possèdent, de leur côté, de nombreux gisements qu’il conviendrait d’explorer et d’exploiter, « le Turkménistan reste un point d’interrogation sur la carte, avec peut-être des réserves dans le golfe du Kara-Bogaz-Gol sur la Caspienne » aux dires de Michaël Levystone, doctorant au centre de recherches Europes-Eurasie (CREE) à l’Inalco et cofondateur de l’Observatoire de la nouvelle Eurasie.

Autant de raisons pour lesquelles en étant soucieuse de diversifier ses partenariats après avoir été sévèrement secouée par la guerre d’Ukraine qui l’avait mise au-devant de l’impérieuse nécessité de rechercher d’autres sources d’approvisionnement en matière de pétrole, notamment, l’Union Européenne, qui avait longtemps été mise à l’écart de cette région dont la richesse en ressources naturelles attise les convoitises mais qui relève, néanmoins, du pré-carré de la Russie, a tenté de s’ériger en alternative aux deux géants chinois et russe en organisant, ce vendredi, à Samarkande, en Ouzbékistan, un sommet inédit réunissant les dirigeants des cinq pays précités autour de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et du président du Conseil européen, Antonio Costa.

En prélude à la tenue de ce sommet, ce dernier avait notamment déclaré qu’en vivant « dans un monde de chaos et de fragmentation (…) la seule solution possible pour l’UE est de renforcer les partenariats pour la paix et la prospérité » avant d’ajouter qu’étant donné que « dans un monde multipolaire, un engagement plus actif et ciblé est nécessaire », ce sommet UE-Asie centrale va permettre, aux participants, de « renforcer leurs engagements et de garantir la paix, la stabilité et le progrès durable ».

Mais, il convient de préciser, toutefois, que bien que les défis communs aux cinq anciennes républiques soviétiques d’Asie Centrale précitées aient trait à la sécurité et à la lutte contre le jihadisme dans la mesure où ce sont des ressortissants centrasiatiques qui avaient commis des attentats en Russie, en Suède et en Turquie à la fin des années 2010, les questions sécuritaires qui ont été abordées, au cours de ce sommet, ne se sont pas limitées au seul terrorisme islamiste car la sécurité énergétique y revêt une extrême importance et que c’est pour cette raison que, pour l’Union Européenne, l’accès sécurisé et diversifié aux ressources naturelles figure en très bonne place dans l’ordre du jour du sommet de Samarkande.

Et si, pour pouvoir obtenir davantage d’investissements, « notamment pour le corridor de transport transcaspien, qui réduira considérablement le temps nécessaire à l’exportation de marchandises entre les deux régions tout en contournant la Russie, et d’établir un bureau local de la BERD en Ouzbékistan », les participants ont convenu de se réunir tous les deux ans, attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

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