En s’accrochant à son mur, Trump décrète l’Etat d’urgence…

Le président américain Donald Trump a signé, ce vendredi, une déclaration d’«urgence nationale» au titre du financement du mur qu’il s’était engagé, durant sa campagne électorale, à construire à la frontière mexicaine pour contrecarrer le flux migratoire clandestin en provenance du pays voisin; une procédure qui lui permet, certes, de passer outre l’aval du congrès pour le déblocage des fonds fédéraux nécessaires à l’édification de ce mur mais qui ouvre, tout de même, la voie à une féroce bataille judiciaire.

En recourant, ainsi, aux pouvoirs extraordinaires réservés à l’exécutif, Donald Trump active une procédure qui court-circuite le Congrès en l’écartant du financement de cette opération alors même que c’est l’instance qui a coutume de détenir les cordons de la bourse.

Dénonçant une initiative prise «sans aucune justification», les démocrates ont immédiatement appelé à «ne pas laisser le président déchirer la constitution». Ainsi, Nancy Pelosi, la Présidente de la Chambre des représentants et Chuck Schlumer, le chef de la minorité démocrate au Congrès ont écrit sur Twitter que «la déclaration illégale du président, partant d’une crise qui n’existe pas, porte un coup violent à (la) Constitution et rend l’Amérique moins sûre».

Même son de cloche du côté républicain où certains élus ont exprimés leur malaise. Ainsi, pour Marc Rubio «aucune crise ne justifie qu’on viole la Constitution» alors que Susan Collins, sénatrice républicaine du Maine a mis en garde le Président en lui signifiant que «déclarer l’urgence dans ce cas est une erreur car elle mine le rôle du Congrès et le processus d’approbation des dépenses».

Pour le sénateur du Kentucky, Rand Paul, «la constitution tend très clairement à séparer les pouvoirs. Si nous commençons à qualifier d’urgence des choses (comme la situation à la frontière) je pense que, très vite, nous perdrons tout moyen de contrôler et de contrebalancer l’action du gouvernement».

Evoquant, dans sa conférence de presse, une «invasion» de drogue et de criminels, Donald Trump déclare avoir fait appel à la procédure d’urgence, régi par la loi fédérale dite National Emergencies Act (NEA) votée en 1974 et signée par le président Gerald Ford en 1976 dans le sillage du scandale du «Watergate», pour pouvoir édifier ce mur le plus rapidement possible. S’attendant à ce que des poursuites judiciaires soient lancées contre sa déclaration d’urgence nationale du moment que ce qui est «urgent» pour lui – à savoir la construction de cet ouvrage – ne l’est pas pour ses adversaires politiques, Donald Trump affiche, tout de même, un certain optimisme du fait de la présence, à la Cour Suprême, de juges «conservateurs» nommés par lui et à même de l’aider à remporter la bataille qui se profile.

Bastion démocrate, l’Etat de New York a immédiatement fait part de son intention de saisir les tribunaux  alors que le gouverneur Gavin Newsom a lancé, à l’adresse du chef de l’Etat : «La Californie vous donne rendez-vous devant la justice !».

Ayant les yeux rivés sur un nouveau mandat présidentiel, Donald Trump qui a fait de l’immigration illégale son cheval de bataille espère parvenir, ainsi, à galvaniser ses troupes pour les présidentielles de 2020. Y parviendra-t-il ? Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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