«Il faut libérer le travail et renforcer la surveillance du marché»

Hakim Marrakchi est un candidat confiant. Cet entrepreneur, qui postule à la direction de la CGEM, propose une vision « innovante» à même de donner à la confédération toute la place qui lui échoit sur la scène nationale. Pour lui, le système basé sur l’intégration par le travail est devenu obsolète et ne marche plus. Marrakchi veut inciter les opérateurs et les acteurs économiques à faire preuve de solidarité et de citoyenneté pour relever les défis de l’avenir. Il est convaincu que l’informel provoque un dumping social et menace à terme de détruire le tissu économique national. D’où la nécessité pour les pouvoirs publics d’agir, en étroite collaboration avec la CGEM, pour améliorer les outils de surveillance du marché. Pour lui, la mobilisation de toutes les entreprises et leur participation à cette consultation cruciale sont la clé pour remporter cette élection au poste de président de la CGEM.

Al Bayane : Qu’est-ce qui vous démarque concrètement de votre concurrent à la présidence de la CGEM, notamment en termes d’expériences professionnelles?

Hakim Marrakchi : Je suis un entrepreneur. Je connais tous les problèmes de base qui entravent le développement de l’entreprise marocaine. Je suis à la CGEM depuis 12 ans et j’ai vu la confédération, portée par Madame Bensaleh, évoluer pour atteindre une visibilité exceptionnelle… Mais en même temps, la CGEM n’a pas encore atteint l’efficacité voulue par nos entreprises et nos métiers et n’a pas le poids critique que la présidente a voulu lui donner. Mon objectif est de faire représenter la base pour qu’elle puisse mieux s’exprimer et faire part de ses maux et non pas seulement de ses attentes. L’entreprise ne doit pas être perçue uniquement comme une source d’enrichissement au détriment des autres mais plutôt comme un espace de création de richesses où l’Etat pourra collecter la part qui lui est due pour pouvoir la redistribuer. J’ai, donc, une vision de l’entreprise et de l’associatif qui est totalement innovante par rapport à celle de mon concurrent. Cette vision découle naturellement de mon travail quotidien au sein de mon entreprise au Maroc et à l’étranger. Je suis ancré au Maroc et j’aime mon pays. Je suis un entrepreneur au sens authentique du terme, j’ai des propositions, j’ai une expérience et je suis à même de détecter ce qui manque à la CGEM aujourd’hui.

Le secteur privé reste largement dominé par les activités informelles. Quel est votre plan d’action dans ce sens et comment la CGEM peut-elle jouer un rôle dans la restructuration de ce secteur?

L’écrasante majorité des Marocains vit aujourd’hui dans l’informel. Selon les chiffres, 1.200 milles personnes sont mensuellement inscrites à la CNSS et seulement 500 milles adhèrent aux caisses de l’Etat au moment où 14 millions de personnes sont dans la vie active. Autrement dit, une grande proportion de Marocain(e)s vit dans l’informel et dans des conditions de précarité absolues. C’est un constat qui nous pousse à agir pour changer tout le système et non pas se contenter des constats. D’ailleurs, SM le Roi a appelé à un nouveau modèle de développement économique et social et en tant que candidat à la présidence de la CGEM, je m’inscris dans cette perspective et je pense que le système qui nous porte qui est basé par l’intégration des Marocains par le travail est devenu obsolète et ne fonctionne plus.

Ainsi, je propose de faire participer les gens à la solidarité par le biais de la citoyenneté. Le Marocain a droit à un enseignement de qualité pour ses enfants, à un système de santé et un logement décent et à un transport public de qualité. En assurant tout cela, le coût du travail baissera. Malheureusement, l’entreprise marocaine supporte tous ces dysfonctionnements. En tant que futur président de la CGEM, je propose d’aller plus loin pour libérer non pas l’entreprise mais le travail, qui doit redevenir la valeur fondamentale de notre société. Aujourd’hui, il y’a une certaine forme de précarité dans le travail car les technologies ont tellement évolué que les métiers auront une vie peut-être courte. Le digital prend le pas avec des révolutions incessantes et la compétitivité de l’entreprise va automatiquement changer, ce qui suppose aussi que les métiers vont changer. Je propose que le travail et la production ne soient plus taxés. A ce moment-là, il n’y aura plus d’informel au niveau industriel. Toutefois, il faudra renforcer la surveillance des marchés pour éviter que l’informel ne se développe dans la consommation et financer la solidarité, non pas par le travail et la production, mais par la consommation et le profit. Quand on gagne de l’argent, on veut bien payer ses impôts. Par contre, payer l’impôt pour travailler c’est tuer le travail.  C’est comme ça que je vois la solution pour combattre l’informel. Restera le problème de l’informel d’importation qui est totalement destructeur. Au moment où l’informel de production provoque un dumping social, l’informel d’importation tue toute l’économie.  Ainsi, pour le combattre, il faudra améliorer le fonctionnement de la surveillance du marché auquel je souhaite être associé en tant que secteur privé. Je souhaite, en tant que patron des patrons demain, être partie prenante du système de surveillance du marché. Avec la mise en place de ces mécanismes, l’informel disparaitra de lui-même. Aujourd’hui, on persiste dans un système qui ne marche pas et donc, on développe l’informel qui est synonyme de précarité.

Quelle est aujourd’hui votre chance de remporter la présidence de la CGEM?

Notre chance de remporter cette élection dépend de la mobilisation des entreprises pour les inciter à aller voter le 22 mai pour la liste Hakim Marrakchi et Assia Benhida. Si les entreprises se mobilisent, le poids de quelques grosses entreprises qui soutiennent notre concurrent sera noyer dans la masse. Il suffit que les entreprises se mobilisent et puis, plus le taux de participation sera élevé, plus notre chance de gagner sera importante.

Quelle évaluation faites-vous du bilan de la présidente sortante?

Je pense que Madame Bensaleh a porté très haut l’image de la CGEM. La confédération a une visibilité qu’elle n’avait pas auparavant. La présidente sortante a ouvert de nouveaux chantiers et recruté de nouveaux membres. Nous allons continuer dans la lignée de ce qu’elle a apporté à la CGEM et user davantage de professionnalisme pour faire aboutir les dossiers qu’elle a ouverts et nous apporterons également notre touche qui est celle d’un industriel confronté à la concurrence aussi bien marocaine qu’étrangère, avec ma colistière Assia Benhida. Nous allons utiliser tous les bienfaits que la présidente sortante a apportés
à  la CGEM.

Fairouz El Mouden

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