DNES à Essaouira Danielle Engolo
La musique gnaoua, sous différentes teintes et couleurs, était au menu de la soirée d’ouverture du Festival gnaoua musiques du monde, jeudi dernier dans la cité des Alizés. Si l’art gnaoua a été majestueusement célébré par ses mâalems et mêlé aux rythmes du monde, c’est surtout la musique dans son ensemble qui a été honorée. Puisque la date du début des festivités du 21e festival d’Essaouira a coïncidé avec la Fête de la musique commémorée le 21 juin à travers le monde.
Qui pour bien ouvrir le festival gnaoua que ses célèbres ténors ! On le sait bien, à chaque édition, ce sont eux qui mettent le train du festival en marche. Cette année, ils n’ont pas dérogé à la tradition, mais surtout ils l’ont fait avec une touche particulière. C’est par une fusion entre le mâalem Hamid El Kasriet le groupe de Jazz américain Snarky Puppy que le festival a ouvert ses portes jeudi dernier. Sur la scène Moulay Hassan en pleine ébullition, les deux titans ont livré avec une harmonie parfaite des sonorités différentes, mais savamment orchestrées. Guembri, castagnettes, pianos, flûtes, saxophones, guitare, instruments de percussion… se sont mariés sur scène, sur fond de chants gnaoua entonnés par le mâalem Hamid El Kasri, produisant des sons et rythmes métissés, qui n’ont pas laissé indifférents les mélomanes, venus nombreux fêter la musique.
Fruit d’une résidence d’une semaine entre les deux groupes, le concert d’une heure était le haut-lieu de la rencontre entre différentes musiques, témoignant de l’ouverture de l’art gnaoua sur les autres musiques du monde. Eh oui… La musique n’a pas de frontières. On a pu l’observer sur scène, en voyant des instrumentistes américains en train d’esquisser quelques pas de danses sous le rythme des castagnettes et du guembri et un public marocain et étranger captivé par ce mélange culturel inédit.
La relève des mâalems séduit le public
Prenant la relève d’un Hamid El Kasri, très énergique et très connu du public souiri et surtout très acclamé en cette soirée, les jeunes mâalems de la relève de Casablanca avaient du pain sur la planche en cette soirée, puisque c’était leur première apparition sur les scènes du festival. Mais c’est avec brio que les jeunes mâalems Ismaël Rahil, Brahim Hamam et Khalid Sansi, venus de la ville blanche, ont exécuté le répertoire gnaoua, en chœur avec le public, invité à se joindre aux artistes sur scène pour faire honneur au patrimoine musical gnaoua. Il ne fait pas de doute, que la relève est assurée, puisque les mélomanes et festivaliers ont vibré pendant une heure et demie, esquissant avec entrain des pas de danses.
Hoba-Hoba Spirit, tant attendu par le public
C’était la grande révélation de cette soirée d’ouverture! Jusqu’à minuit, au moment où ils montaient à peine sur scène, la place Moulay Hassan bondait de monde. C’est avec enthousiasme que le public attendait les 5 mousquetaires ! Accueilli dès son entrée sur scène par des youyous, des cris, Hoba Hoba Spirit s’est fait le plaisir, comme à son habitude, de délecter les mélomanes des chants de son répertoire en darija, en anglais… jusqu’aux belles heures de la nuit. Entre rock, hip hop, funk et folklore marocain, tout a été conjugué par les artistes et instrumentistes pour offrir aux festivaliers une fête de la musique sans mesure. Loin d’être un simple spectacle auquel devait assister les mélomanes, le public a été invité par le groupe à se mêler au spectacle, en reprenant avec les artistes sur scène les chants emblématiques du groupe gravés dans la mémoire des jeunes mélomanes marocains.
A noter que cette ouverture a également été marquée, par des concerts sur d’autres scènes du festival, notamment un spectacle à la Zaouia Sidna Bilal, en hommage aux maâlems défunts de la confrérie d’Essaouira et d’autres sur les scènes de Dar Loubane et la Zaouia Issaoua animés par les maâlems Haddada, Ahmed Baqbou, guadiri Hassan et Omar Hayat.