Il est des projets lancés dans la nature depuis de longues années, sans qu’ils ne voient le jour, jusqu’à présent. Dans la capitale du Souss, ce n’est guère les exemples qui manquent. On en a cité une panoplie qui, à nos jours, suscite bien la risée de tout le monde. Ce n’est pas du tout dans l’intention de revenir sur cette défection qui affecte nombre de réalisations inachevées. Mais, on évoquera, par la présente, le fameux jardin botanique d’Agadir dont le coup d’envoi remonte à une dizaine d’années.
D’emblée, il importe de dire que l’idée avait tant motivé l’ancien maire de la ville, Tarek Kabbaj. Sans nul complexe, on affirmera que c’était là une initiative qui ne manque point d’ingéniosité, en termes de civisme et de sagesse. En fait, le lieu où devait avoir lieu cet édifice si original et symbolique, renvoyait à une nécrologie sinistre, au lendemain du cataclysme de 1960 qui avait frappé, en particulier, cette zone sismique qu’on appelle communément ancien Talborjt, mitoyen d’autres espaces sismiques, notamment le site de Founty et la citadelle de la Kasbah.
Le rêve avait donc bien germé chez son illustre initiateur et devait, en effet, passer au stade de l’exécution, tellement cela lui tenait tant à cœur. Or, il se trouve que ce fervent instigateur n’est plus où il était, cédant son perchoir à ses successeurs, en cours de chemin. Ces derniers ne tardaient pas à relayer, non sans trop de tergiversations. Peu après, les nouveaux locataires de l’hôtel de ville ont tout de même procédé à la clôture de cet endroit, en vue de mettre à exécution cette édification typique qui raviverait son inertie morne. Mais, depuis maintenant plus d’un an, on se mettait à se lasser de cet attentisme et se doutait même de sa véracité.
Est-ce une simple expectative ou un autre bluff qui viendrait prendre place dans les tiroirs en poussière de cette cité malchanceuse ? A voir le chantier tel un hameau abandonné, on est alors en droit de se poser des questions sur le devenir de ce projet en voie d’avortement ! Le standby dans lequel il se trouve actuellement laisse s’installer des incertitudes de plus en plus probables, quoiqu’on l’ait priorisé parmi les ouvrages de l’actuelle équipe communale. Cependant, on croit bien savoir qu’il s’engouffre dans un rouage interminable de l’épuration de son assiette foncière qui, semble-t-il, serait réclamée par des ayant-droits potentiels, en dépit de la réquisition entamée par les services concernés, en raison de la sismicité de cette zone, désertée depuis maintenant presque six décennies.
Le projet est donc à l’arrêt, malgré le fait que la commune ait déjà débloqué la bagatelle somme de plus de huit millions de dirhams pour les travaux préliminaires relatifs aux études et aux divers aménagements, avant de poursuivre les phases ultérieures pour un coût global de la réalisation estimée à plus de 40 millions de dirhams, destinés à la sauvegarde de certains décombres saillants et à la mise en valeur des végétations locales. Wait and see, dirait le plus optimiste de cette nouvelle désillusion qui plane dans les airs…!