L’érosion est un phénomène naturel de tous les instants. Insidieuse, son action n’est constatée que lorsque ses conséquences sont apparentes. Il en est ainsi de la dégradation du pouvoir d’achat dans notre beau pays. La hausse des prix a toujours une cause et le consommateur doit se soumettre aux injonctions du marché pour satisfaire ses besoins ; qu’ils soient réels ou supposés l’être.
Après l’oignon et son enchérissement, les carburants induisent une dépense plus importante à l’échelle individuelle d’une part, et d’autre part une dépréciation de la monnaie nationale pour faire face à la variation du prix du pétrole brut à l’international. Cela au moment où le Fonds Monétaire International use et abuse de ses recommandations pour faire «nager» le dirham à son bénéfice et au péril de notre économie nationale!
Dans le contexte morose de la vie politique nationale, la perception objective/subjective de la population de l’impact de ce «plus à dépenser» n’est pas faite pour dissiper les inquiétudes et calmer les esprits.
Il faut dire que l’atmosphère s’échauffe et que la présence des acridiens a été remarquée dans certaines contrées. Déjà que les perturbations de la pluviométrie en cette année risquent d’impacter négativement la production agricole et accentuer le stress hydrique dont souffre le pays en général.
En ce mois de Ramadan où la dévotion des marocain(e)s est à son pic sommital annuel, le discours est une belle prose où tout est formulé sans que rien ne soit explicitement dit. L’enthousiasme est loin d’être présent et la mobilisation s’effectue beaucoup plus pour garantir sa position dans l’au-delà que d’améliorer sa situation ici-bas.
Certain(e)s ne veulent même plus ni de démocratie, ni d’élections et encore moins de partis politiques et cherchent autre chose où l’apartheid politique permettrait enfin à «une élite» de trouver son égo dans la représentation des masses ignorantes et incultes et prendre les décisions qui s’imposent ! Mépris petit-bourgeois ou érosion des organisations politiques. Ces dernières restent dans le «wait and see» sans se mouiller vraiment. Même les nouvelles parmi elles n’arrivent pas à émerger individuellement ou ensemble. Cette situation peut servir certaines forces qui ne pensent qu’à leur positionnement électoral sans pour autant aider à consolider le processus démocratique dans son ensemble.
La stridulation qui semble constituée le chant de ralliement des acridiens de tout bord s’est transformée en bruit de fond. L’état fort de ses pouvoirs régaliens se trouve confronté à des choix cornéliens. Entre l’identitaire, renfermé et réactionnaire d’un côté, l’affairisme et l’argent qu’il sème à tout vent pour assurer sa pérennité et sa position sociale, rien ne semble garantir cet équilibre dynamique de la réforme dans la stabilité.
Les attentes se font de plus en plus exigeantes que le retard dans l’exécution se prolonge et devient un atermoiement. Ainsi beaucoup de choses sont décidées mais sont renvoyées aux calendes grecques sans aucune raison. La transformation sociale en pâtit tel un malade qui ne termine jamais sa prescription médicamenteuse en antibiotiques. Il en devient plus souffrant à force de médicaments qui soulagent un jour et l’abatte une semaine. Et «bis repetita»… ! On parle de réduire les inégalités sociales et spatiales alors qu’elles ne font que s’accroître à vue d’œil. La recherche de l’emploi est promue au rang de priorité alors que des cohortes de candidats,soutenus par leurs familles, viennent subir un concours destiné au recrutement de quelques heureux impétrants. Les autres vieilliront dans l’espoir … La santé se cherche alors que l’éducation se perd. Et cette croissance qui reste faible et non inclusive depuis belle lurette alors que la fiscalité cherche à être équitable dans l’avenir!
Le devoir national exige la sortie de cette spirale qui semble plomber l’évolution et la consolidation du processus démocratique dans notre pays. Il est temps de réagir.
La postérité nous regarde déjà et s’interroge sur notre capacité de sortir de ce temps des acridiens pour que les fleurs s’épanouissent et que les idées se transforment en progrès. Ne la décevons pas.