La continuité reste de mise

 Conseil de Bank Al-Maghrib

Par Fairouz EL Mouden

La ligne droite de la politique monétaire de Bank AL Maghrib (BAM) reste en grande partie inchangée. Son gouverneur estime que l’orientation de la politique monétaire est largement accommodante garantissant des conditions de financement appropriées. Pour cela, le niveau actuel du taux directeur est maintenu inchangé à 1,5%.  Les évaluations de la banque centrale laissent présager une reprise de l’activité dans les prochains mois à venir. Ainsi, le PIB terminerait l’année 2021 avec un rebond de 6,2%. Une amélioration qui traduit la hausse de 18,8% de la valeur ajoutée agricole et une augmentation de 4,6% de celle non agricole. En 2022, la croissance se consoliderait à 3%, recouvrant un repli de 3,3% de la valeur ajoutée agricole, sous l’hypothèse d’un retour à une production céréalière moyenne, et un accroissement de 3,6% de celle des activités non agricoles.

L’analyse de  l’évolution de la situation sanitaire et des progrès de l’opération de vaccination combinés à la poursuite de la reprise de l’activité économique et l’évolution de l’inflation à des niveaux modérés malgré les  pressions inflationnistes externes, le Conseil a décidé de maintenir inchangé le taux directeur actuel à 1,5%. Il rappelle que dans un contexte marqué par le renchérissement des produits énergétiques, la reprise de la demande intérieure et l’accentuation de l’inflation importée, l’inflation  devrait se situer à 1,2% sur l’ensemble de cette année et s’établir à 1,6% en 2022 et ce, après un taux de 0,7% en 2020. Sa composante sous-jacente devrait passer de 0,5% en moyenne en 2020 à1, 4% en 2021 et atteindrait 2,1% en 2022, indique le communiqué de BAM.

Le Conseil  souligne que la reprise de l’économie mondiale à l’échelle internationale reste  favorable mais entourées d’incertitudes. Les matières premières quant à elles affichent une tendance haussière, notamment pour les produits énergétiques et le phosphate et dérivés.   Cette tendance haussière conjuguée à la reprise de l’activité et des contraintes d’approvisionnement  devra provoquer une forte pression sur les prix à la consommation. Ainsi, l’inflation ressortirait à 4,4% sur l’ensemble de cette année aux Etats-Unis, avant de ralentir légèrement à 4,2% en 2022, tandis que dans la zone euro, elle resterait proche de la cible de la BCE, atteignant 2,3% en 2021 et 1,9% en 2022.

Le communiqué de Bank AL Maghrib indique qu’au niveau national, les données des comptes nationaux relatives au deuxième trimestre de 2021, relatent  une croissance de 15,2%, en glissement annuel, avec des progressions de 18,6%  de la valeur ajoutée agricole et de 14,8% de celle des activités non agricoles. « La reprise devrait se poursuivre, soutenue par les progrès notables de la campagne de vaccination, la très bonne campagne agricole, le stimulus budgétaire ainsi que l’orientation accommodante de la politique monétaire. Ainsi, selon les projections actualisées de Bank Al-Maghrib, le PIB en termes réels terminerait l’année avec un rebond de 6,2%, en révision à la hausse de 0,9 point par rapport aux prévisions de juin dernier », explique le communiqué. Une amélioration qui reflète une augmentation de 18,8% de la valeur ajoutée agricole, compte tenu d’une récolte céréalière de 103,2 millions de quintaux, et une augmentation de 4,6% de celle non agricole. En 2022, la croissance se consoliderait à 3%, recouvrant un repli de 3,3% de la valeur ajoutée agricole, sous l’hypothèse d’un retour à une production céréalière moyenne, et un accroissement de 3,6% de celle des activités non agricoles.

Au niveau du marché du travail, les statistiques annoncent que  le taux d’activité s’est amélioré de 1,3 point à 46,1% alors que le taux de chômage s’est aggravé de 0,5 point à 12,8%.

Du côté des échanges extérieurs, on annonce une  accélération généralisée de la reprise du commerce de biens. Néanmoins, « les restrictions sanitaires continuent de peser sur les recettes voyages avec une nouvelle baisse de 8,6% à 33,3 milliards de dirhams prévue en 2021 après celle de 53,7% en 2020. En 2022, sous l’hypothèse d’un allègement significatif de ces mesures, ces recettes connaitraient un rebond à 60,7 milliards, un niveau qui reste toutefois bien en deçà de celui de 78,7 milliards enregistré en 2019 », note BAM qui explique qu’ après un accroissement de 4,9% en 2020, les transferts des MRE afficheraient une progression importante de 27,7% en 2021 pour atteindre un record de 87 milliards de dirhams, avant de baisser de 5% à 82,7 milliards en 2022 ».

Le déficit du compte courant se creuserait de 1,5% du PIB en 2020 à 2,5% en 2021 avant de s’alléger à 1,4% en 2022. S’agissant des flux des investissements directs étrangers, ils devraient osciller autour de l’équivalent de 3% du PIB sur l’horizon de prévision. Tenant compte, en particulier, des financements extérieurs prévus du Trésor et de l’allocation de DTS de 10,8 milliards de dirhams, les avoirs officiels de réserve se situeraient à 335 milliards de dirhams à fin 2021 et à 345,1 milliards à fin 2022, soit l’équivalent de plus de 7 mois d’importations de biens et services.

Pour ce qui est du crédit bancaire au secteur non financier, sa progression a affiché un léger ralentissement à 3,3% au deuxième trimestre, reflétant en particulier la décélération des prêts accordés aux entreprises non financières privées après la fin de certains programmes de soutien mis en place en 2020 dans le cadre de la réponse à la crise de la Covid-19. Il devrait terminer cette année avec une hausse de 3,7%, puis augmenter de 3,8% en 2022.

Enfin, en termes  d’exécution  budgétaire au terme des huit premiers mois de l’année, le déficit se creuse pour se situer à 48,8 milliards de dirhams. Les recettes ordinaires se sont améliorées de 9,3%, tirées par la hausse du produit fiscal de toutes les catégories d’impôt à l’exception de celui au titre de l’IS qui est ressorti en recul. En parallèle, les dépenses globales se sont alourdies de 8%, en lien notamment avec les augmentations des dépenses de biens et services, des transferts aux Collectivités Territoriales et de la charge de compensation. Le déficit budgétaire, hors privatisation, devrait s’améliorer, selon les projections de Bank Al-Maghrib, passant de 7,6% du PIB en 2020 à 7,3% en 2021 et à 6,8% en 2022, rapporte le communiqué.

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