La fidélité aux idéaux

Mohamed Khalil

Le 13 août 1997 s’est inscrite dans l’Histoire du PPS. C’est ce jour là que nous a quittés Si Ali Yata, Secrétaire général du Parti – depuis le Parti communiste marocain, le Parti de la Libération et du socialisme et le Parti du progrès et du socialisme. Et pour cause notre regretté défunt a marqué d’une empreinte indélébile la scène nationale et internationale du Maroc d’avant comme d’après indépendance.

En plus de son engagement reconnu dans la bataille de libération nationale contre le joug colonial, Ali Yata a eu le privilège d’avoir été parmi les tout premiers militants à avoir fait siens les principaux du socialisme scientifique, dont il avait assuré une bonne diffusion.

C’est donc un acte de fidélité aux idéaux communs et de la reconnaissance à la vie militante d’un grand dirigeant politique. Fondateur du Parti auquel il est resté fidèle jusqu’à la mort, l’homme avait marqué le Maroc d’avant comme d’après l’indépendance, par son patriotisme hors pair, sa lutte inébranlable pour l’indépendance et son combat inlassable pour la démocratie et la justice sociale.

Un farouche patriote

Avec Abdeslam Bourquia et, plus tard, Abdallah Layachi, Ali Yata formait la triplette du Parti. Les dirigeants historiques, qui auront marqué, durant plusieurs décennies, la vie du Parti, à côté d’autres intellectuels à l’instar d’Abdelkrim Benabdallah, Hadi Messouak, Aziz Belal, Chouaib Riffi et d’autres.

Le nom d’Ali Yata est aussi lié à la reconnaissance officielle de Feu Sa Majesté Mohammed V, pour le rôle joué par les communistes marocains dans la lutte pour l’indépendance du Maroc, en recevant, après son retour d’exil, une délégation de la direction du PCM.

Après l’indépendance, Ali Yata restera de tous les combats, face à la rude répression, pour l’indépendance nationale et la démocratie. Il luttera farouchement pour la reconnaissance du PCM (interdit en 1959) et du PLS (créé en 1968 et interdit en 1969), puis pour le droit à l’existence du PPS, en 1974.

Mêmes ses rivaux politiques reconnaissent à Si Ali son attachement indéfectible à la Patrie et à son indépendance mais aussi à la cause populaire. Il paiera le prixde son engagement patriotique et démocratique également durant les premières décennies du Maroc indépendant.

Hélas, Ali Yata ne connaitra pas la joie de l’indépendance au Maroc. Il restera exilé et ne regagnera le Maroc que plusieurs mois après et sera reçu, à la tête d’une délégation du PCM, par feu Sa Majesté le Roi Mohammed V.

Un démocrate convaincu

Ali Yata sera omniprésent dans le combat pour l’avènement du processus démocratique en 1974 afin que le PPS continue le combat de la concrétisation des contenus de l’indépendance nationale et de la marche vers la démocratie revendiquée dès la libération du pays du joug colonial. Mais dans tous ces combats, Ali Yata avait une faculté inouïe d’adaptation, malgré la rude répression, et n’a renié, à aucun moment, ses convictions idéologiques, en faisant preuve de réalisme et d’innovation.

Son combat sur le front parlementaire est trop connu de la génération marocaine de cette époque avec ses passages résonnants à la télévision, en tant que député de la circonscription de l’ancienne Médina de Casablanca, a permis d’élever, haut et fort, la voix du PPS, ses analyses et ses positions, tant sur le plan politique que social et économique.

Ses ouvrages sur le Sahara marocain demeurent une référence historique à l’international. Dommage que la génération marocaine actuelle ne connait pas ces écrits. Et pourquoi ne pas penser à les rééditer ?

Un artisan de l’alternance démocratique…

Mais, chose peu connue à part dans certaines sphères politiques bien restreintes, Ali Yata a amplement contribué à la réussite de l’avènement de l’alternance, qui alla porter Me Abderrahmane Youssoufi au sommet de l’Exécutif marocain en 1997, quelques mois après le décès de Si Ali…

C’est grâce à lui que les canaux de la négociation ont permis un travail très discret qui allait faire venir la Koutla démocratique aux rennes de la gestion publique des affaires du Maroc moderne.

Dans ce sens, il faudra rendre un hommage particulier à Ali Yata pour avoir été l’un des grands artisans du gouvernement de l’alternance démocratique, que le défunt vétéran du PPS n’a pas savouré la joie de sa réalisation…

Ali Yata, comme ses compagnons de lutte, aujourd’hui presque tous dans l’autre monde, demeurera un bel exemple d’altruisme qui fait cruellement défaut par les temps qui courent.

Related posts

Top