L’eau et l’investissement productif, deux problématiques relevant d’une vision et d’une logique communes.

Abdeslam Seddiki.

La question de l’investissement a constitué, à côté de celle de l’eau, l’objet principal du discours adressé par Le Souverain au parlement à l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire ce vendredi 14 octobre.  A vrai dire, ces deux questions, traitées séparément, pour des considérations méthodologiques évidentes, relèvent d’une même vision et d’une même logique.

La vision, c’est celle que le Roi a annoncé dès les premiers jours de Son accession au trône et qui consiste à préparer l’avenir du pays, à se projeter dans le temps long en prospectant le futur et de prendre par conséquent, les mesures nécessaires pour atteindre le meilleur résultat. La logique consiste à mettre tout le monde devant ses responsabilités en impliquant tous les citoyens, et en premier lieu les forces vives de la nation, dans le processus de changement.

En effet, le Roi, conformément aux prérogatives qui sont les Siennes, nous trace la voie à suivre et impulse les réformes à entreprendre, mais c’est à nous citoyens de modifier notre comportement et nous remettre en cause, à chaque fois que c’est nécessaire, pour être en phase avec cette volonté royale. C’est cette symbiose entre le Roi et le peuple, dans toute sa plénitude, qui fait la force de notre pays pour relever les défis et transformer à chaque fois les moments de crise en véritables opportunités.

Sur la question de l’eau, l’Etat a réalisé des investissements considérables pour mobiliser des ressources hydrauliques là où c’est possible. Il s’est engagé à travers l’adoption d’un plan ambitieux à redoubler d’efforts en construisant plus d’ouvrages hydrauliques, en procédant à la construction d’une série de stations de dessalement de l’eau de mer, en développant le traitement des eaux usées aux fins de leur réutilisation … Tout cela ne suffit pas si le citoyen ne modifie pas son comportement à l’égard de l’eau considérée comme une denrée rare et non « entièrement renouvelable ».  A cet égard, Le Roi a tracé les orientations pour l’avenir :

« Premièrement : il est nécessaire de lancer des initiatives et des projets plus ambitieux, par le recours aux innovations et technologies nouvelles, dans le domaine de l’économie de l’eau et de la réutilisation des eaux usées.

-Deuxièmement : il est impératif d’accorder une attention particulière à une exploitation rationnelle des eaux souterraines et à la préservation des nappes phréatiques, en mettant fin au phénomène de pompage illégal et au creusement de puits anarchiques.

-Troisièmement : il est essentiel de garder à l’esprit que la question de l’eau n’est pas l’affaire exclusive d’une politique sectorielle isolée, mais qu’elle constitue une préoccupation commune à de nombreux secteurs.

Il en résulte que les stratégies sectorielles doivent être constamment mises à jour en fonction de la pression exercée sur les ressources en eau ainsi que sur leur évolution future.

-Quatrièmement : il est indispensable de prendre en compte le coût réel de l’eau à chaque étape de la mobilisation de cette ressource, de considérer ce que cela implique en termes de transparence et de sensibilisation aux différents aspects de ce coût. »

Sur la question de l’investissement, le souhait affiché par le Souverain est « que la nouvelle Charte nationale de l’investissement donne une impulsion tangible à l’attractivité du Maroc pour les investissements privés, tant nationaux qu’étrangers ». Bien sûr, il ne s’agit pas de n’importe quel investissement, mais de l’investissement productif. Ce qui appelle un changement dans les mentalités et les comportements spéculatifs et rentiers d’une partie du secteur privé qui se nourrit de la mamelle de la rente et s’enrichit indûment au détriment de la collectivité.

 Le projet de loi-cadre formant charte de l’investissement, actuellement en discussion au parlement, constitue une avancée de taille dans la rationalisation des choix en matière d’investissement. Ainsi, les relations entre l’Etat et l’investissement privé sont parfaitement définies en précisant les droits et obligations de chaque partie dans le cadre d’un « Pacte National pour l’Investissement ».  L’investissement privé va inscrire désormais son action dans les grandes orientations définies par l’Etat et dans les choix fondamentaux de la nation. Toutes les primes et les facilités qui lui seront accordées seront conditionnées par le respect de ces engagements.

Par ailleurs, l’Etat est appelé à assurer un environnement favorable à l’investissement et à améliorer davantage le climat des affaires en procédant à  :  l’accès facile au foncier ; la mise en place d’une logistique compétitive ;  la réforme du secteur de l’énergie  tout en favorisant l’usage des énergies renouvelables ;  la mise en place d’une offre de formation, initiale et continue, adaptée aux besoins des entreprises ;  la promotion  des activités de recherche et développement et la  facilitation de   l’accès aux nouvelles technologies de l’information et de la communication ; l’amélioration de l’accès au financement à travers un engagement fort du secteur bancaire et financier ; et l’accélération du processus de simplification des procédures administratives.

Elément nouveau dans ce projet de loi-cadre, il porte sur la gouvernance. Est prévue, à cet effet, la création d’un organe ministériel chargé  notamment  de : approuver tout projet de convention d’investissement ;  statuer sur le caractère stratégique ou non des projets ; procéder à une évaluation périodique de l’efficacité des dispositifs de soutien  et de proposer, le cas échéant, les ajustements nécessaires aux distorsions constatées ; assurer le suivi de la mise en œuvre des dispositions de ladite loi-cadre et des textes pris pour son application;  proposer toute mesure de nature à promouvoir l’investissement et à renforcer l’attractivité du Royaume vis-à-vis des investisseurs.

Deux objectifs chiffrés sont assignés à cette charte : 1) tabler sur la mobilisation de 550 MM DH d’investissement au cours de la période 2022-2026 avec la création de 500 000 emplois ; 2) inverser les proportions de l’investissement public et de l’investissement privé en portant la part de ce dernier à deux-tiers de l’investissement global à l’horizon 2035 contre un tiers actuellement, conformément à l’objectif fixé dans le rapport général sur le NMD.

Il va sans dire que la promotion de l’investissement privé et l’amélioration de l’attractivité du Maroc sont tributaires d’une série d’autres facteurs dont notamment la conduite à terme de toutes les réformes structurelles en cours (régionalisation avancée, déconcentration administrative, CRI, EEP, réforme fiscale …) et celles qui sont prévues pour les prochaines années. Cependant, une attention particulière doit être accordée à la lutte contre l’économie de rente, la corruption et la lourdeur administrative.  

Toujours est-il qu’il est opportun de soulever la question de l’investissement dans ce contexte précis marqué par la crise économique et la contraction du taux de croissance qui ne dépasserait pas 1% cette année. L’intervention royale est venue justement pour insuffler de l’espoir et inciter les Marocains à croire aux potentialités de leur pays et à se mettre au travail pour les valoriser.

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