Lecture dans l’œuvre de l’artiste peintre Mohamed Debdoubi

Said Karmass, critique d’art

En guise de sa participation à l’édition de « Etre ici » Tanger 2022, Mohamed Debdoubi réalise une vingtaine de petits formats (20 sur 20 Cm), confectionnés à partir de chutes de différents matériaux naturels et industriels.

Mises ensemble, ces petites œuvres forment un texte synesthétsique au plaisir des yeux et de l’esprit. Il est donc inutile, lorsque vous regarderez ces tableaux débarrassés du souci de la toile, de chercher à quelle ou quelle autre œuvre de « Maitre » ou d’ « avant-gardiste », l’œuvre de M.debdoubi renvoie. Il est aussi inutile de faire une analyse de ces œuvres; car admettre que ses yeux soient « choqués » – car il n’y a pas d’œuvres choquantes, mais seulement des « regards choqués » comme disait un critique contemporain – c’est déjà beaucoup pour un spectateur dont l’esprit réveillé par les résonnances confuses suscitées par ces tableaux, pourrait se sentir bousculé.

Mélomane initié aux secrets des bruits, sons et rythmes, M. Debdoubi sait aussi voir et apprécier l’environnement immédiat et lointain qui commence à « faire mal aux yeux »; et pour cause, la production à l’excès des déchets dus à la société de consommation sciemment inconsciente des effets immédiats (multiplication des décharges) et à long terme (irréversibilité des actions destructrices de la nature).

Aussi n’existe-t-il point de chemins meilleurs que ceux de l’Art dont la fonction essentielle est d’agir sur notre sensibilité, non sur notre intellect seul.

Il est vrai que le style de M. Debdoubi, comme d’ailleurs beaucoup de peintres abstraits, sollicite la collaboration du spectateur et compte sur son esprit critique, quand bien même celui-ci tend à l’extrême; à la condition que ce spectateur ne soit pas « vide d’images », dépourvu d’imagination et de sensibilité nécessaires à l’appréhension des œuvres d’art par association d’idées et de sentiments; sans quoi, il ne verra que « du vent ».