Hausse des décès lors des interventions policières en France
La mort du jeune homme, abattu mardi par la police à Nanterre (près de Paris) lors d’un contrôle routier, met de nouveau en lumière l’augmentation des décès lors des interventions des forces de l’ordre, écrit jeudi Libération, pointant une “inflation meurtrière qui se nourrit d’une parole politique débridée, d’un cadre législatif permissif et des défaillances dans la formation”.
La mort du jeune Naël a suscité la colère de politiques et de célébrités, mais aussi de citoyens appelant à des rassemblements mercredi soir notamment en banlieue parisienne, avec un constat : “la police tue”, souligne le quotidien.
“De fait, elle tue même de plus en plus”, note le journal, qui rappelle les conclusions du recensement des « interventions létales » de la police et de la gendarmerie, mis à jour, ce jeudi, par le média en ligne “Basta”, qui intègre les chiffres des années 2021 et 2022, rappelle le journal.
Les résultats sont »extrêmement préoccupants », déplorent les journalistes de ce média cités par Libération.
»Nous recensons deux fois plus de décès suite à une intervention policière depuis 2020 que la moyenne observée dans les années 2010. En 2020, 40 personnes sont mortes dans le cadre d’une mission de police ou de gendarmerie, 52 en 2021, 39 en 2022. C’est deux fois plus que dans les années 2010 (21 personnes tuées en moyenne par an sur la période 2010-2019) », constatent les auteurs.
Pour expliquer cette “inflation mortelle”, les policiers, leurs syndicats, le gouvernement et l’extrême droite ont un argument rodé : ce n’est pas que la police est de plus en plus violente, mais c’est la société qui s' »ensauvage » (ou se « décivilise »), relève Libération, estimant que l’affirmation est “difficilement démontrable”.
Selon Libération, une bonne partie des mesures de la violence sont “fabriquées” par le ministère de l’Intérieur dans une “complète opacité”, qu’il s’agisse des membres des forces de l’ordre blessés ou bien des refus d’obtempérer, ajoutant que la multiplication des homicides policiers pourrait provenir notamment du discours politique qui aurait tendance « à décomplexer le recours à la violence en banalisant la violence policière ».
Outre la défense systématique de ses effectifs par le ministre de l’Intérieur, certaines prises de paroles présidentielles ont pu contribuer à ce phénomène, au même titre que l’adoption de l’article 435-1 du code de la sécurité intérieure, en février 2017, qui a assoupli les conditions d’usage de l’arme par les agents, le rendant légitime en cas d’atteintes susceptibles de se produire, poursuit le journal.
Et d’ajouter que cela se double d’une “profonde défaillance” de l’appareil de formation de la police nationale, mis à mal par la volonté du gouvernement d’augmenter la présence des effectifs sur le terrain.