L’instauration des droits humains est une opération multiforme

des comportements au quotidien et une charnière des droits dans la vie active. Entretien. 

Al Bayane : Quelles actions entreprises pour quels desseins escomptés ?
Mohamed Charef : Dès le départ, nous nous sommes focalisés sur la mise en place d’une structure synergétique, susceptible de créer, autour d’elle, une dynamique de plus en plus ascendante. Pour ce faire, il avait fallu structurer nos lieux et mécanismes de travail, en partenariat avec nombre d’intervenants, notamment le département de l’éducation et de la formation grâce auquel nous avons pu nous doter d’un espace réhabilité à cet effet. Par la suite, nous nous sommes penchés sur la mutualisation des efforts en nous ouvrant sur toutes les potentialités œuvrant dans le domaine des droits de l’homme, sans nous montrer, à aucun moment, «tuteurs»  ou encore «accapareurs» du secteur. Nous nous sommes conduits en partenaires, adeptes de l’écoute et de l’interaction. C’est pour cette raison que nombre d’acteurs du domaine ne trouve aucune peine à nous approcher. Dans ce sens, nous avons toujours procédé par groupes de travail auxquels s’ajoutent, bien entendu, des acteurs des droits de l’homme de la région afin de former une réelle communion symbiotique.

Comment tentez-vous de mettre en illustration cette symbiose au sein de la communauté institutionnelle et associative dans la région?
Il ne fait pas de doute que le travail collectif demeure notre préoccupation majeure, car nous n’avons pas prétendu, un seul instant, que ce secteur relève exclusivement de notre ressort. A ce propos, nous nous mettons constamment à la disposition de toute action allant dans le sens de la consolidation et de l’élargissement des idéaux des droits de l’homme. A cet égard, nous nous sommes associés à plusieurs programmes et actions menés par le réseau associatif aussi bien dans le monde rural que les milieux urbains. Car, nous croyons fermement que la conjugaison des efforts mène, sans conteste, aux objectifs attendus. Nous avons donc tenu à être présents dans toutes les activités tant celles tenus par les associations que les partenaires d’autres horizons, tout en essayant, dans la mesure du possible, d’apporter notre appui au niveau de la logistique, de l’expertise et de la documentation. Il faut bien dire que l’entrain associatif et institutionnel est, pour nous, un leitmotiv manifeste pour rallier toutes ces actions, sans réserve. A titre indicatif, nous avons adhéré, récemment, à la caravane de la mémoire qui a été organisée à Tiznit et à Taghjijt, en dédicace posthume aux deux résistants de proue, en l’occurrence Brahim Tizniti et de Lahcen Taghjijti. En nous alliant à cette manifestation à laquelle a participé une panoplie d’acteurs des droits de l’homme et de militants politiques et syndicaux, nous avons estimé que cette action rentrait dans le vif de nos soucis, en vue de contribuer à la réhabilitation des «offenses» qui ont été commises envers les patriotes des années de plomb et sous le joug colonial.

Quels messages tentez-vous de transmettre, à partir de cette instance régionale, relevant du Conseil national des droits de l’homme ?
Vous savez, depuis déjà quelques années, notre pays a cumulé des acquis considérables dans le sens de la préservation des droits de l’homme. Cette entreprise s’insère, évidemment, dans le sillage du processus démocratique multiforme dans lequel s’est engagée notre nation, d’une manière déterminante et irrévocable. Bien entendu, nous n’avons jamais considéré que ces cumuls positifs constituaient une fin en soi. Le chemin de cette opération ardue et complexe est bien long. Dans ce sens, le Maroc a pu mettre en place des structures, à même de consolider ces performances, notamment le Conseil national des droits de l’homme, les commissions régionales du conseil, l’institution du Médiateur, l’Instance équité et réconciliation, l’Instance de lutte contre la corruption… S’ajoutent à cela les multiples associations et organisations des droits de l’homme, à travers toutes les régions du royaume. Cet arsenal, unique en son genre, s’attelle, en effet, à fortifier ces acquis et à mettre notre pays dans le giron des pays démocratiques dans le monde. Compte tenu de tout ce contexte tant national que mondial, notre structure régionale se déploie, avec tous les moyens dont elle dispose, pour vulgariser les principes des droits de l’homme dans les divers espaces de la vie sociétale. C’est ainsi que notre action s’ancre dans le milieu scolaire où s’activent des apprenants de tous âges,  dans la vie associative où évoluent des jeunes, toutes sensibilités et vocations confondues, dans l’espace intellectuel où se consacrent des acteurs de la vie académique, artistique et culturelle. Pour ce faire, nous avons mis sur pieds un éventail riche et varié pour combler toutes les attentes possibles. Pour ce qui est des doléances et des requêtes émanant des citoyens, victimes de violations et de transgressions, nous essayons de porter tout le soutien nécessaire, en tendant des passerelles de solidarité avec tous les intervenants.

Pensez-vous que les droits de l’homme, dans notre pays, sont de nature à placer notre pays parmi les nations démocratisées ?

Sans aucun doute, la cadence de l’instauration des droits de l’homme va crescendo. Grâce à cette volonté politique, nous avons pu incruster certains outils dans ce sens. Nos textes institutionnels ont, de loin, mis en fonction des structures de haute importance, notamment au niveau de la parité, de l’égalité et de la jurisprudence, en général. Cependant, la concrétisation de toutes ces prouesses contextuelles et textuelles laisse toujours à désirer. C’est à ce niveau qu’il va falloir faire le plus gros du travail, afin de mettre d’aplomb ce déficit. D’autre part, on a toujours tendance à lier les droits de l’homme aux questions d’ordre institutionnel, en termes de libertés. Or, à mon avis, les droits sociaux se rapportant à l’emploi, à la scolarité, à la sante, à l’habitat, à la culture… sont également des impératifs de grande nécessité pour les citoyen. C’est là aussi où l’effort devait être mené.

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