Quand le gouvernement fait la politique de l’autruche

Exploitation des bacs de la Samir

Le retard enregistré en matière de l’exploitation des bacs de la raffinerie nationale (Samir)  est sur toutes les langues. En fait, depuis mai dernier, le processus de cette opération est toujours au point mort. Notons que la décision rendue par le juge-commissaire, suite à une action de l’Etat, entamée par  l’Agence judiciaire, a été accueillie  favorablement par les salariés. Des observateurs et analystes ont cru que le gouvernement s’est enfin rendu à la raison pour s’attaquer de front à ce dossier et ce sans ambages ni tergiversations, mais en vain.

Ainsi, la question qui se pose avec acuité : pourquoi veut-on saper ce projet dont l’utilité n’est plus à démontrer ?

Il faut dire que l’Etat, en retardant ce projet,  a manqué une grande  occasion pour booster son budget. En termes plus clairs, la capacité de stockage de la Samir est estimée à 2 millions de m3. Or, si le gouvernement avait accéléré le processus de stockage au moment où le prix du baril de pétrole équivalait les 20 dollars au mois de mai,  contre 40 dollars aujourd’hui, il aurait épargné au moins 400 millions de dollars. Il est aussi à souligner qu’un simple calcul nous montre que le retard de l’opération de stockage aurait privé la Samir de 100 millions de DH pour chaque mois, étant donné que la location de chaque m3 est estimée à 50DH, selon les experts.

Neutralité négative !

En fait, cela fait cinq ans que la Samir a cessé ses activités, alors que ce dossier épineux peine à voir le bout du tunnel.  Une telle situation s’explique, selon plusieurs observateurs, par l’inertie du gouvernement, qui a brillé par son incapacité à résoudre un dossier relevant d’un problème public par excellence.  Certains ironisent même sur l’attitude du gouvernement, qui a privilégié, selon eux,  appliquer la politique de l’autruche au lieu de prendre le taureau par les cornes.  D’autres avancent même l’hypothèse que le cabinet de Saad Dine El Otmani a écarté de son agenda ce dossier en se cachant  derrière la logique judicaire tout en affichant une position empreinte d’une neutralité négative.

Houcine El Yamani, coordinateur du Front national pour la sauvegarde de la Samir, a souligné dans une déclaration à Al Bayane que la «résolution de ce dossier exige de l’audace et une position claire de la part de l’Exécutif censé promouvoir l’investissement national en mettant en place des mesures incitatives pour l’investissement à travers l’adoption des mécanismes de garanties». Et d’ajouter que  «dans un secteur marqué par l’incertitude, l’Etat est appelé à  donner un message d’encouragement afin de rassurer les investisseurs en procédant à protéger la production nationale, comme c’est le cas lors du transfert de l’entreprise à la société Corral».

Le hic, c’est que plusieurs des entreprises qui ont  manifesté leur volonté pour l’achat de la Samir en 2017 et 2018,  se sont adressées au gouvernement en vue de  clarifier sa position quant au devenir du secteur, notamment en ce qui concerne la spécification des produits pétroliers, mais, malheureusement,  elles n’ont  reçu aucune réponse jusqu’à maintenant.

Il va sans dire que les premiers perdants, au cas où l’entreprise serait poussée à la faillite, seront les créanciers. D’ailleurs, a-t-il poursuivi, «le droit est on ne peut plus clair là-dessus, qui dispose que le patrimoine de la société est un gage commun des créanciers».  Ainsi, «ces derniers (Douane, ministère des finances, banques…)  seront appelés à entamer une action pour préserver ce joyau national», a-t-il indiqué. «Le paradoxe,  c’est que le gouvernement veut  imposer un impôt de solidarité pour collecter 5 milliards de DH alors qu’il a la possibilité de récupérer 18 milliards de DH en procédant par la conversion des créances en capital», conclut  Houcine El Yamani.

Khalid Darfaf

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