Lors de l’importante manifestation de dimanche dernier qui avait rassemblé à Moscou quelques 20.000 personnes toutes sorties pour dénoncer l’invalidation, la veille par le gouvernement, de 57 candidatures aux législatives du 8 septembre prochain déposées par des alliés de l’opposant à Poutine Alexeï Navalny, ce dernier avait promis de faire sortir, samedi, pour manifester devant la mairie de Moscou, un plus grand nombre de personnes si le gouvernement n’annule pas cette décision.
Il n’en fallait pas plus pour faire monter la tension à l’approche de ces législatives qui s’annoncent difficiles pour les candidats du pouvoir et pour pousser le gouvernement à réagir en arrêtant Navalny au moment où, ce mercredi matin, il s’apprêtait à sortir faire un jogging et acheter des fleurs pour l’anniversaire de son épouse; ce qui fera dire, à ce dernier avec un sourire ironique au coin des lèvres: «Les gens ont raison quand ils disent que le sport n’est pas toujours bon pour la santé».
L’opposant à Poutine qui avait déjà passé dix jours en détention, au début du mois, pour avoir participé à une marche de soutien au journaliste d’investigation Ivan Golounov qui avait été accusé de trafic de drogue, avant d’en être disculpé à la suite d’une mobilisation sans précédent, a été condamné, le soir même, à 30 jours d’emprisonnement; ce qui constitue la peine maximale pour «infraction répétée aux règles d’organisation des manifestations» qui subordonnent la tenue de tels évènements à l’obtention de l’aval des autorités. Son compagnon, Oleg Stepanov, également interpelé mercredi a été, pour sa part, condamné à 8 jours de détention.
Après son arrestation, Navalny écrira sur son compte Twitter : «Sortez dans la rue samedi (…) Tant que nous n’avons pas le droit de vote, nous sommes tous, de toutes façons, en détention». Pendant ce temps-là, des perquisitions ont eu lieu dans les domiciles de plusieurs candidats «refoulés» dont Ivan Jdanov, proche collaborateur d’Alexeï Navalny ou encore Dmitri Goudkov alors que le département de la justice a lancé, le jour-même, une enquête «pour entrave au travail de la Commission électorale» suite à la tenue d’une manifestation «non autorisée» devant son siège à Moscou et que l’opposant Ilia Iachine a assuré que l’interpellation «grossière» de Navalny n’aura «aucune influence» et émis le souhait qu’elle puisse servir de prélude à une plus grande mobilisation.
Enfin, si la côte de popularité du président Poutine qui avait été exceptionnellement rehaussée au moment de «l’annexion» de la Crimée a considérablement chuté depuis sa réélection, l’année dernière, pour un quatrième mandat et que les législatives de septembre prochain s’annoncent ardues pour les candidats du pouvoir comme l’a laissé entendre la manifestation de dimanche en ramenant aux mémoires les mouvements de protestation de 2011 et 2012 contre le retour de Poutine à la présidence de la Fédération de Russie, il ne semble pas que l’été russe va être gorgé de soleil mais attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi