M’Barek Tafsi
Nous livrons, ci-après la synthèse du rapport politique, présenté, au nom du bureau politique, par le Secrétaire Général Mohamed Nabil Benabdallah devant la neuvième session du comité central dont la principale partie a été consacrée à la préparation du onzième congrès national du PPS.
Dans son rapport politique, le Secrétaire Général du PPS a développé cinq axes : le contexte et le cadre de la session, les principales caractéristiques de la situation internationale, la situation au niveau national, le besoin d’une alternative démocratique progressiste et le processus préparatoire du onzième congrès national du parti.
Le contexte et le cadre de la session
Après avoir rappelé que la huitième session du comité central, tenue le 30 octobre 2021, avait été consacrée à l’examen de la situation politique issue des élections de l’année dernière, le Secrétaire Général a fait savoir qu’il sera procédé au cours de l’actuelle session au lancement des opérations préparatoires du onzième congrès national du parti.
Il a rappelé que la dernière session avait permis de définir les grandes lignes de la feuille de route et les responsabilités du parti. C’est ainsi qu’il a été procédé à l’élaboration du document intitulé «dans la perspective de la préparation du onzième congrès national : pistes de réflexion et de débat », au sujet duquel des discussions thématiques ont été organisées au niveau des sections.
Au cours de cette session, il est question de procéder au lancement effectif des opérations préparatoires du onzième congrès national, qui constitue l’axe principal de cette session, a-t-il indiqué.
Rayonnement fort du parti et présence distinguée de son Groupe parlementaire et de ses élus (es).
Au cours de la dernière période, a-t-il dit, la situation internationale et nationale a été marquée par plusieurs évènements qui ont été suivis de près par le bureau politique et au sujet desquels il a exprimé, comme à son habitude, avec audace et responsabilité, les positions du parti.
Il a notamment suivi par ses analyses l’action du gouvernement, à partir de sa position d’opposition nationale, démocratique, progressiste, responsable et constructive.
A ce propos, l’on ne peut qu’être fier de l’énorme travail accompli par le groupe parlementaire du parti pour faire entendre la voix du PPS sur le front de la lutte institutionnelle, à partir de la position de l’opposition à laquelle ce groupe contribue de manière marquante à sa dynamisation.
A cette occasion, il en a félicité le président et les membres du groupe du progrès et du socialisme et salué l’ensemble des élus (es) du parti à travers le territoire national dont en premier lieu les présidents des collectivités territoriales pour leurs efforts déployés au service des citoyennes et des citoyens.
Les principales caractéristiques de la situation internationale :
Des changements internationaux cruciaux et une gestation annonciatrice de la naissance d’un monde nouveau
Selon le SG, les répercussions de la pandémie du Covid-19, qui ont ébranlé les équilibres, les approches et les relations internationales continuent toujours de marquer la situation, qui s’est détériorée davantage, suite à l’éclatement de la guerre russo-ukrainienne avec ses effets dévastateurs sur tous les plans et en particulier sur la paix mondiale.
A cette occasion, le Secrétaire Général a réitéré la position de refus de la guerre par le parti et des tentatives d’imposer un monde unipolaire et souligné les contradictions et les visées des différents pôles capitalistes. Il a également renouvelé l’appel du parti à un nouvel ordre mondial alternatif, équilibré et juste, fondé sur les valeurs de paix, de sécurité et de solidarité entre les peuples.
L’actuelle guerre va provoquer sans doute des catastrophes humaines et matérielles et avoir des répercussions fâcheuses au niveau économique et social, selon lui.
Comme tous les pays, le Maroc est également touché par cette guerre comme en témoigne la flambée des prix, aggravée par les manœuvres des spéculateurs et des monopolistes. Il en a résulté la dégradation du pouvoir d’achat du citoyen, compte tenu de la dépendance du pays et des perturbations des cours mondiaux en ce qui a trait surtout aux produits énergétiques, en sus des effets néfastes de la sécheresse, qui sévit dans le pays, a-t-il dit.
En un mot, l’on est en présence de la gestation annonciatrice d’un monde nouveau et différent et de changements dans le rapport des forces internationales et dans les positionnements géostratégiques, a-t-il dit, notant que de nouvelles puissances montantes vont émerger alors que d’autres se battent pour préserver leurs positions et influence. L’on assiste aussi à l’émergence de nouvelles valeurs et à la naissance de nouveaux modes de production avec le développement des technologies numériques.
Ce sont les peuples qui paient la facture des perturbations mondiales
Selon Nabil Benabdallah, la situation internationale est marquée notamment par l’incertitude, la crise de la politique, les difficultés et les reculs de la démocratie représentative, la transformation des forces du capital industriel en forces financières, la concurrence acharnée pour la direction du monde, les conflits armés, la vulnérabilité du modèle économique capitaliste outre la résurrection du concept de la souveraineté et de la sécurité stratégique des Etats, l’approfondissement des contradictions entre les classes et des disparités sociales et l’extension de la pauvreté y compris dans des pays riches. Dans le même temps, a-t-il dit, il importe de reconnaitre que l’Etat a vu ses rôles stratégiques se renforcer et d’enregistrer l’apparition d’une nouvelle génération de mouvements militants qui tentent de faire face aux politiques dominatrices et au capitalisme.
Malheureusement, a-t-il dit, ce sont les peuples et en particulier les pays et les couches pauvres qui sont les premières victimes de ces perturbations internationales qui ont provoqué une crise alimentaire mondiale, une extension de la pauvreté, de la précarité et du chômage et un approfondissement sans précédent du sentiment d’instabilité.
Dans ce cadre, de nombreux pays font actuellement face à une crise d’inflation accompagnée de stagflation et à des obstacles de tous genres pour accéder aux matières premières et aux produits de consommation. Ils sont également confrontés à la flambée des prix de l’énergie et à des dysfonctionnements des différentes filières de production et d’approvisionnement.
Dans une telle situation, l’on assiste de même à une expansion sans précédent des industries de guerre, à l’augmentation des dangers qui menacent la sécurité, l’indépendance et la souveraineté des Etats et à la perte d’intérêt à l’égard des causes justes des peuples à l’instar de celle de la Palestine.
Position constante de soutien de la cause palestinienne
Au moment où le monde entier ne se préoccupe plus que de ces perturbations, a-t-il rappelé, Israël poursuit ses agressions et ses tueries à l’encontre du peuple palestinien héroïque dans le cadre de sa politique expansionniste et de colonisation raciste.
Pour ce qui le concerne, a-t-il souligné, le Parti du Progrès et du Socialisme réaffirme sa solidarité absolue avec le peuple palestinien dans sa lutte contre la tyrannie, le racisme et les crimes de guerre sionistes dont le dernier en date est l’assassinat de la martyre de la presse Shireen Abu Akleh, et ce jusqu’à la réalisation de ses aspirations légitimes dont en premier lieu la création de son Etat indépendant avec Al Qods-Ach-Charif comme capitale.
La situation au niveau national
Dans le cadre de la nouvelle situation internationale très compliquée et des changements rapides en cours, il est question pour le Maroc de rechercher le meilleur moyen pour bien se positionner, a-t-il indiqué.
Montée du Maroc à l’international au profit de la cause de son intégrité territoriale.
Tout en soulignant que la cause de l’intégrité territoriale est toujours en tête des priorités nationales, le Secrétaire Général du PPS a salué l’action diplomatique du pays et ses succès successifs, sous la conduite de Sa Majesté le Roi. Ces succès ont en effet permis de consolider la position du Maroc aux niveaux international, continental et régional. Il s’est félicité dans ce cadre de l’évolution enregistrée au niveau des positions de l’Espagne, de l’Allemagne, des Pays Bas et de bien d’autres et a appelé à davantage de réalisations dans domaine.
Il s’est en outre arrêté sur la position belliqueuse et imprévisible du régime algérien à l’égard du Maroc et ses réactions maladroites et dangereuses, contraires à la logique et à la sagesse et aux exigences de l’édification du Grand Maghreb.
Face à cette situation, la consolidation du front intérieur reste la condition incontournable pour la préservation de l’intégrité territoriale, a-t-il indiqué.
L’action du gouvernement en deçà des difficultés nationales
Poursuivant l’analyse de la situation nationale, il a fait savoir que les répercussions des perturbations internationales sur l’économie nationale soulèvent en premier lieu la question de la sécurité énergétique, alimentaire et médicamenteuse et que l’état de sécheresse et de stress hydrique que connait le pays pose la question de la sécurité hydrique nationale.
Selon lui, il s’agit de questions principales qui requièrent des mesures efficientes et immédiates en plus de décisions à moyen et long terme pour assurer le stock stratégique en matière d’énergie, d’eau, de santé et d’alimentation.
En toute objectivité, a-t-il reconnu, toutes ces interrogations et ces orientations ainsi que les réformes structurelles nécessaires sont contenues dans le document du nouveau modèle de développement.
Malheureusement, elles n’ont pas eu le moindre écho dans les politiques publiques et les approches du gouvernement actuel, qui a déclaré avoir adopté le NMD comme référentiel de son programme.
Il avait également annoncé son intention de mettre en application les orientations de ce NMD et avait fait sien le slogan de l’Etat social, nonobstant la teneur et la dimension idéologiques et politiques de ce concept sans oublier qu’il avait porté très haut le seuil des engagements et des attentes et avancé des promesses démagogiques aux différentes couches sociales.
Objectivement parlant, il faut reconnaitre que le gouvernement a pris certaines mesures au profit de quelques secteurs et couches, tels le tourisme, les transporteurs, le programme Awrachs, le programme Forsa et adopté 22 décrets dans le cadre de la mise en œuvre de la loi-cadre de la protection sociale, a-t-il dit, tout en saluant l’approche de réforme poursuivie dans l’enseignement, qui part du traitement en premier lieu de la question des ressources humaines. Il a réaffirmé à cette occasion la nécessité de traiter la question de la contractualisation en se fondant sur la bonne volonté de tous.
Selon lui, ce sont là des mesures à impact limité et très faible, comparées au volume des défis, des engagements et des ambitions. Elles ne s’inscrivent pas non plus dans le cadre d’une vision complémentaire et ne sont en fait que des initiatives sectorielles isolées.
Et le Secrétaire Général du PPS d’en déduire que ce gouvernement, qui se qualifie de «politique et fort» et d’équipe des potentialités et d’innovation des solutions, est très loin d’être effectivement ainsi, au moment où le Maroc a besoin que ce gouvernement soit réellement politique et fort.
Tout en reconnaissant que tout gouvernement confronté à une telle situation complexe et extraordinaire aura des difficultés, il a estimé qu’il est toutefois inadmissible de transformer ces difficultés en justifications. Pour lui, ce sont ces difficultés qui doivent justifier le besoin pressant à un gouvernement politique fort, efficace et novateur en solutions.
Selon le SG du PPS, il est également inacceptable que le gouvernement ferme les perspectives et lance des déclarations, selon lesquelles, il ne peut rien faire pour alléger le poids de la cherté du coût de la vie sur les Marocains.
C’est ainsi que le gouvernement n’a pas donné de signe jusqu’à présent qu’il va entamer les réformes structurelles attendues à l’instar de la réforme fiscale, la sauvegarde des caisses de retraite et la mise en œuvre de l’Etat de droit dans le domaine économique.
D’après lui, le chantier de la protection sociale est la seule réforme, au niveau de laquelle des progrès ont été faits jusqu’à présent. Il a rappelé à ce propos, que le PPS s’implique fortement dans ce chantier, qui constitue une de ses raisons d’être qui visent à placer l’homme au cœur de l’œuvre du développement.
Pour y parvenir, il est toutefois nécessaire de lui assurer toutes les conditions de réussite relatives au financement, à sa généralisation effective, à la réforme du système médical, y compris le renforcement de l’offre médicale et la réalisation de la justice spatiale à ce sujet, la mise à niveau de l’hôpital public, le contrôle des cliniques privées, la réforme des caisses de retraite et d’assurance médicale, le renforcement de la politique médicamenteuse et la révision des méthodes et des instruments de ciblage sociale dans la perspective d’assurer leur gouvernance et leur efficacité.