Farid Mezouar, directeur exécutif de flm.ma
Propos recueillis par Kaoutar Khennach
La Bourse de Casablanca a clôturé le mois d’octobre en hausse. Le Masi a avancé de 2,80% à 13.555,45 points pour porter la performance annuelle (YTD) à plus de 20%. A cet effet, nous avons interviewé notre expert des marchés financiers et directeur exécutif de FL Markets (Flm.ma) afin de donner son analyse sur la performance mensuelle en octobre et livrer ses perspectives de la place casablancaise. Les propos.
Al Bayane: Quel est le bilan du MASI en octobre?
Farid Mezouar : Globalement, durant ce mois, le MASI a digéré et/ou apprécié les résultats semestriels. Ainsi, comme nous l’avons anticipé à Flm après avoir franchi en août la première résistance de 12.600 points, le MASI s’est naturellement dirigé à la mi-octobre vers la deuxième résistance de 13.200 points qu’il a surpassé, portant son rebond depuis le 18 mars 2020 à 50,8% et atteignant un plus haut depuis les records de 2008. Ainsi, au mois d’octobre, le MASI a réalisé une performance de 2,8% portant ses gains annuels en 2021 à 20,1%.
Au titre de ce mois, la place casablancaise a vu 20 indices sectoriels finir sur une note positive, contre seulement 4 en retrait. L’indice des « ingénieries et biens d’équipement industriels » a réalisé la meilleure performance sectorielle du mois (+87,69%), boosté par Stroc Industrie (+152,37%) et Delattre Levivier Maroc (+8,5%). Le secteur de la « Sylviculture et Papier » a affiché la seconde meilleure hausse de cette période (+18,51%), suivi de celui des « Assurances » (+11,47%) et de celui des « Distributeurs » (+9,51%).
Parmi les hausses également figurent les secteurs « Pétrole et Gaz » (+8,23%), « Electricité » (+7%), « Banques » (+1,62%) et « Télécommunications » (+0,99%). Du côté des perdants, le secteur « Sociétés de portefeuilles et holdings » a reculé de 5%, soit la plus forte baisse sectorielle, suivi de celui de la « Participation et promotion immobilières « avec -4,23%, de celui l' »Agroalimentaire/production » (-1,12%), et de celui du « transport » (-0,84%).
Le volume global des échanges a atteint, quant à lui, plus de 3,66 milliards de DH. Par valeurs, Bank of Africa a été l’instrument le plus actif du mois avec 459,59 millions de DH suivi de Itissalat Al-Maghrib avec 439,77 MDH et Attijariwafa Bank avec 372,1 MDH. S’agissant de la capitalisation boursière, elle s’est chiffrée, au terme du mois d’octobre, à 697,51 milliards de DH.
Les plus fortes hausses ont été réalisées par Stroc Industrie (+152,37%), Maghreb Oxygène (+62,98%) et Involys (+37,78%).En revanche, les plus lourdes baisses ont été accusées par S.M Monétique (-7,33%), Promopharm S.A (-6,53%) et Delta Holding (-5,09%).
Comment expliquer ce trend haussier?
Cette nouvelle hausse du MASI a été catalysée par le bon déroulement des élections ainsi que par la formation d’un gouvernement plutôt technicien et assez proche du marché financier. D’ailleurs, le Chef du gouvernement est un ancien patron de société cotée au même titre que plusieurs ministres comme celui de l’Économie et celui du Transport .
Aussi, selon les projections actualisées de Bank Al-Maghrib, le PIB devrait terminer l’année avec un rebond de 6,2%, en révision à la hausse de 0,9 point par rapport aux prévisions de juin dernier. Surtout, ce rebond économique a été ressenti en Bourse avec la hausse de plus de 71% de la masse bénéficiaire au premier semestre 2021 qui retrouve et/ou dépasse son niveau du premier semestre 2019. Par ailleurs, les taux d’intérêt se sont maintenus à un niveau assez bas avec un 5 ans autour de 2%. Ce niveau modéré devrait perdurer grâce au maintien du taux directeur de 1,5% et de la posture accommodante de BAM.
Quelle est votre perception des perspectives boursières?
Pour les perspectives, nous confirmons à Flm notre sentiment positif envers le marché actions grâce aux différents éléments comme le niveau bas des taux, la reprise de la croissance économique et le redressement des bénéfices des sociétés cotées. De plus, il ne faut pas oublier le profil attractif de plusieurs groupes marocains qui offrent une exposition intéressante à l’Afrique subsaharienne. D’ailleurs, la nature de certaines transactions récentes, laisse penser un retour des investisseurs étrangers et un renforcement de la présence des boursicoteurs. In fine, nous pensons que le MASI peut retrouver son plus haut historique avec un gain supplémentaire de plus de 10%.
Quels sont les freins potentiels?
Le premier frein est mondial au niveau de la hausse des prix de l’énergie et des commodités. En effet, l’Indice FAO des prix des produits alimentaires qui a affiché une valeur moyenne de 130,0 points en septembre 2021, en hausse de 32,8% sur un an glissant. Aussi, le pétrole affiche actuellement une progression de 100% sur un an glissant. En particulier, une telle pression sur les intrants peut pénaliser les marges des industriels.
Le deuxième frein potentiel est lié à la persistance de certaines mesures sanitaires restrictives comme le pass vaccinal. De telles mesures peuvent freiner l’activité dans le commerce et les services tandis que le secteur touristique poursuit son chemin de croix.
Comment expliquer l’absence des introductions en bourse?
Effectivement, malgré la forte progression des cours et du MASI, la Bourse ne semble pas soulever les foules et attirer les masses. Ainsi, les introductions en bourse (IPO) se font rares même au niveau du vivier de la centaine d’entreprises du programme ELITE. De même, le nombre de souscripteurs dans les dernières IPO, est resté assez faible. En effet, selon mon analyse, cette situation peut s’expliquer par l’insuffisance des mesures audacieuses et/ou innovantes. Ainsi, le marché boursier semble peiner à séduire au-delà de son public traditionnel. Les meilleurs exemples sont ceux de la dernière OPV d’Aradei, où seuls 83 fonctionnaires y ont participé tandis qu’aucune des 94 entreprises du programme ELITE au Maroc depuis 2016, n’a franchi le pas de la cotation.