Le temps économique, «ennemi juré» du gouvernement El Otmani

Crise de la Samir

Pour la énième fois, le Tribunal de Commerce de Casablanca a ordonné, jeudi dernier, la poursuite des activités d’exploitation de la Samir  pour trois mois encore. Cela est devenu presque une routine et aucune solution ne semble se profiler dans l’avenir vu la mollesse dont a fait preuve le gouvernement Saad Eddine El Otmani dans la gestion de ce dossier.

 Houcine El Yamani, Secrétaire général du syndicat national des industries du pétrole et du gaz affilié à la CDT, souligne que,  « le verdict du tribunal maintient davantage l’espoir de sauver cette entreprise nationale », mais, le plus important pour lui , c’est de s’interroger sur « le travail devant être entamé par le gouvernement en vue de résoudre ce dossier,   surtout lorsqu’on on sait que plusieurs opérateurs ont manifesté leurs intérêts d’achat, dont aucune n’a pas abouti »,  a-t-il poursuivi.     

En termes plus clairs,  il semble que la notion du temps économique ne figure point dans l’appareil conceptuel des responsables du gouvernement qui ont brillé spécialement par leur absence, surtout quand il  s’agit du dossier de la Samir.                                                                            Comment explique-t-on le fait que presque cinq ans n’ont pas suffi à notre Exécutif pour dénouer ce dossier. Est-ce que cela s’explique par un manque de compétences ou d’une oisiveté volontaire ? Ce qui  est  qui sûr, c’est que l’histoire retiendra que ce gouvernement a fait les mains et les pieds pour ne pas sauver ce joyau industriel national en s´érigent contre la volonté populaire et multiples appels des voix sages qui n´ont cessé de l´appeler à  se conformer à la raison. 

D’ailleurs, son rejet de la proposition de la de loi portant sur le transfert des actifs de la Samir à l’Etat, provenant de plusieurs formations politiques dans la Chambre des conseillers, restera dans les annales de l’histoire politique du Maroc.

Des pertes énormes

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En fait, depuis l’arrêt de la raffinerie,  le recours à l’achat des produits raffinés fait perdre l’Etat marocain environ 5 milliards de DH annuellement. Autre point non moins important, c’est que la cessation des activités de la Samir a conduit à une distorsion des conditions de la concurrence et a donné libre cours aux grands distributeurs pour dompter le marché des hydrocarbures en réalisant des profits obscènes, s’élevant à  8 milliards de DH par an.

A cela s’ajoute aussi l’incapacité des distributeurs à assurer les stocks de sécurité du pays en dépit des mesures incitatives du gouvernement. Qui plus est,  la fermeture de Samir a entrainé la perte de plus  4000 postes d’emplois, ce qui a eu des effets néfastes sur toute l’économie de la ville de Mohammedia, privée d’une manne financière estimée à  un milliard de DH. Soit la totalité des salaires versés annuellement à l’ensemble du personnel de l’entreprise et qui sont injectés dans l’économie de la ville, sans omettre également les recettes fiscales. 

Pour plusieurs spécialistes en management de la connaissance, une fermeture définitive de la Samir serait synonyme de la  destruction de l’expertise nationale en matière de l’industrie pétrolière accumulée durant plus de 60 ans. En fait, l’entreprise contribuait à la formation de plus de 2000 étudiants des écoles supérieures.

Sur un autre registre, il faut mettre l’accent sur le fait que le retard enregistré en matière de la location des bacs de stockages a privé l’Etat des gains significatifs, soit 4,5 milliards de DH depuis mai dernier et la Samir de 100 millions de DH pour chaque mois.

La question qui est sur toutes les lèvres : pourquoi le gouvernement n’agit pas si vite pour sauver ce joyau industriel national ?                                Somme toute, l’inaction du gouvernement relève de l’absurde et demeure une énigme inexplicable, surtout lorsqu’on sait que l’Etat est le premier créancier de la Samir (60%) et a l’obligation de récupérer l’argent public.

Khalid Darfaf

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