L’Espagne parie sur la reprise du travail

La pandémie continue sa progression

Malgré un rebond dimanche du nombre de morts causés par la pandémie du coronavirus, l’Espagne va faire lundi le pari de l’optimisme, en autorisant une reprise partielle du travail, bien qu’ailleurs la maladie continue à endeuiller la planète.

Alors que dans de nombreux pays les mesures de confinement semblent porter leurs fruits et ralentir le rythme des décès journaliers, le gouvernement de Madrid va autoriser les Espagnols à reprendre, dans une certaine mesure, le chemin des usines, des chantiers et des bureaux.

«Nous restons loin de la victoire, du moment où nous retrouverons cette normalité dans nos vies», a déclaré dimanche le chef du gouvernement Pedro Sanchez.

Pour tenter de relancer une économie encore fragile tout en évitant un rebond des contagions, les autorités espagnoles ont annoncé la distribution, dans les métros et les gares, de dix millions de masques aux personnes obligées d’emprunter les transports en commun.

La reprise du travail, qui est bien entamée en Chine après la levée des mesures de confinement dans la région où est née la pandémie en décembre, est toutefois loin d’être à l’ordre du jour dans de nombreux autres pays.
En France, le président Emmanuel Macron va, dans une allocution à la télévision, annoncer lundi soir une prolongation du confinement généralisé, au moins jusqu’au10 mai.

Le pays a constaté une légère baisse du nombre de patients en réanimation pour le quatrième jour consécutif, ainsi que du nombre de décès en une journée à l’hôpital (310 morts contre 345 la veille) pour un total de 14.393 morts.

La maladie Covid-19 a déjà tué plus de 112.500 personnes dans le monde depuis son apparition en décembre en Chine, un chiffre qui a doublé en un peu plus d’une semaine.

Les Etats-Unis restent le pays le plus endeuillé avec au moins 22.020 décès pour plus de 555.000 cas confirmés. Avec un total de 75.011 morts (pour 909.673 cas), l’Europe demeure le continent le plus durement touché par la pandémie.

Ailleurs, la situation est effroyable dans plusieurs pays, notamment en Equateur où hôpitaux et pompes funèbres sont complètement débordés. A Guayaquil, la capitale économique équatorienne, une équipe spéciale de policiers et militaires a été créée pour recueillir les cadavres qui ne peuvent être enlevés et qui restent parfois abandonnés dans les rues. Cette équipe a déjà récupéré près de 800 corps dans les habitations à travers la ville.

«Les experts médicaux estiment malheureusement (…) que les décès dus au Covid atteindront dans les prochains mois entre 2.500 et 3.500 rien que dans la province de Guayas», celle de Guayaquil, a déclaré Jorge Wated, qui dirige l’unité.

Mais le nombre quotidien de morts montre des signes de repli depuis plusieurs jours dans certains des pays les plus affectés, en Italie, en France et aux Etats-Unis.

L’Italie a annoncé dimanche sa journée la moins meurtrière en plus de trois semaines, avec 431 morts en 24 heures (près de 20.000 morts au total). Depuis le 19 mars, le chiffre quotidien dépassait systématiquement 500 morts.

La pandémie semble également approcher de son pic aux Etats-Unis où 1.514 nouveaux décès ont été enregistrés en 24 heures, un chiffre en recul pour le deuxième jour consécutif.

L’expert en chef de la Maison Blanche, Anthony Fauci, a estimé que l’économie américaine pourrait redémarrer graduellement en mai. Alors que les principaux indicateurs de la propagation «ne sont pas seulement stabilisés mais commencent à redescendre», il a dit son «optimisme prudent».

Le gouverneur de l’Etat de New York, épicentre de la maladie avec plus de 9.000 morts, a toutefois tempéré : «On ne voit pas de baisse importante, c’est juste une stabilisation», a affirmé Andrew Cuomo.

La maladie n’épargne pas non plus les puissants : le Premier ministre britannique Boris Johnson, 55 ans, s’en est sorti, de son propre aveu, de justesse.

«Tout aurait pu basculer» pour lui, a-t-il dit dans une vidéo publiée par ses services, à sa sortie de l’hôpital où il est resté une semaine, dont trois jours en soins intensifs. L’épidémie a tué plus de 10.000 personnes au Royaume-Uni.

Sur le front économique, les pays exportateurs de pétrole sont convenus dimanche d’une baisse de production d’une ampleur inédite, dans l’espoir d’enrayer la chute des cours. Les prix du brut ont bondi en Asie lundi matin, mais les marchés boursiers ne se sont pas enflammés, considérant cet accord comme un minimum attendu.

Après plusieurs jours de négociations ardues, une ultime réunion a permis de lever les derniers obstacles à une réduction de l’offre pétrolière de 9,7 millions de barils par jours (mbj) en mai et en juin.

Il s’agit d’un «très bon accord pour tous!», a tweeté le président américain Donald Trump.

Eglises désertées, cérémonies sans fidèles, services religieux sur écran… Le dimanche de Pâques, qui commémore la résurrection du Christ selon la tradition chrétienne, s’est déroulé dans des conditions inédites, avec des images hallucinantes des monuments célèbres et grandes places dépeuplés partout sur la planète.

Le clergé a rivalisé d’imagination pour les célébrations: à Madagascar, un curé a célébré une partie de la messe de Pâques depuis l’arrière de sa voiture, aux couleurs blanche et jaune de l’eglise catholique. Et à Londres, un pasteur – en col romain et baskets colorées – a enfourché son vélo pour délivrer un office itinérant aux chrétiens confinés.

La Chine, où l’épidémie est globalement endiguée, a annoncé dimanche 97 nouveaux «cas importés» de contamination, principalement le fait de Chinois rentrant chez eux depuis l’étranger, un niveau jamais atteint depuis début mars et la publication de ce décompte.

Partout, le confinement pèse sur les humains cloîtrés. Pour les distraire, dans la capitale du Panama, des policiers en uniforme, équipés de masques et de gants, ont interprété plusieurs chansons dont «We are the champions» du groupe britannique Queen sous le regard de résidents ravis, qui sont sortis danser sur les balcons.

(AFP)

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