«L’improbable fable de Lady Bobblehead» de Hicham Lasri
Mohamed Nait Youssef
Un roman étrange! Une histoire poignante, une écriture intelligente, fluide et cocasse, «L’improbable fable de Lady Bobblehead» de Hicham Lasri, édité par les Éditions Rimal, peint la réalité d’une époque. Incontestablement, la nôtre.
En effet, dans cette troisième œuvre romanesque, l’écrivain et réalisateur amène le lecteur à un univers à la fois agité, absurde, banal et miné de questions d’un personnage problématique, sans foi, mais qui se bat pour sauver son âme et chercher un sens à son existence.
Ainsi, le récit, guidé jusqu’au bout avec un rythme très intense et cohérent, est une réflexion sur la vie, l’amour, l’existence, la vieillisse, la haine, la déception, le désir, la religion, la sexualité, la présence et l’absence.
A vrai dire, au début, on a l’impression que ce fameux personnage est jeté dans le monde, son monde. En d’autres termes, un ‘’être-au-monde’’, comme disait Heidegger. « Je t’aime. Tu n’as jamais compris ni le sens, ni la portée de cette formule. », peut on lire dans le roman. Par ailleurs, le personnage de Hicham Lasri nous fait penser au personnage principal de l’étranger d’Albert Camus, Meursault.
Malgré tout, ce personnage agit et lutte contre les vents et marrées de la vacuité d’un monde fou et désorienté. « Tu pleures. Tu signes. Tu sèches. Tu n’as plus d’âme. Tu n’as plus de nausée. Tu as perdu ta connexion avec ton âme. », p.40. Tout se passe comme si la tâche ultime du personnage était la réhabilitation de son être et de sauver son essence de l’indifférence du monde.
Toutefois, sa chute quand le tramway est arrivé sans que personne ne lui revienne en aide en dit long. «L’absurde naît de cette confrontation entre l’appel humain et le silence déraisonnable du monde.», décrivait Camus dans le Mythe de Sisyphe, le sort de l’homme des temps modernes.
La cruauté du monde est bien incarnée dans le roman notamment dans certaines réflexions du personnage. »Euh bien, oui, nous sommes les nouveaux barbares, Et nous voulons être des barbares. », dit-il. En outre, Hicham Lasri opte pour le récit à la deuxième personne. Cette technique littéraire nous fait réfléchir à d’autres voix récurant au sein de la narration, à d’autres histoires s’adressant au lecteur.
La musique, un personnage à part entière
Entre cinéma, jeux vidéos et musique, les références de l’auteur dans ‘’L’improbable fable de Lady Bobblehead’’ sont nombreuses et multiples. D’abord, le roman commence par une longue playlist. De la musique pour éclairer les idées, pour trouver les inspirations et stimuler l’imaginaire créatif. « Si tu es intelligent, c’est ici que tu dois lancer la musique emphatique qui va lancer ton récit comme un train fou dans la nuit. », p. 20. Belle image ! À vrai dire, rien que la musique et l’art peuvent rendre le monde du personnage plus vivable. Presque omniprésente, la musique est un personnage à part entière dans ce roman.