Recrutement des enseignants
Khalid Darfaf
Le ministre de l’Education nationale, du préscolaire et des sports, Chakib Benmoussa, a annoncé, le 19 novembre, la limitation à 30 ans de l’âge requis pour pouvoir passer le recrutement des enseignants. Une décision rejetée massivement par les jeunes diplômés qui dénoncent une mesure injuste. Pour eux, il s’agit d’une mesure anticonstitutionnelle voire discriminatoire qui ne fait que consacrer une politique d’exclusion et de marginalisation.
Pour manifester leur rejet catégorique de cette décision, les étudiants de la Faculté Sidi Mohamed Benabdallah à Fès ont organisé dans la soirée du vendredi dernier une marche massive qui a pris le complexe universitaire Dhar el Mahraz comme point de départ avant de se diriger vers le boulevard Hassan II et ce après avoir sillonné les quartiers Lido et l’Atlas.
Durant tout le parcours de la manifestation, les participants ont scandé des slogans appelant le gouvernement à faire marche arrière et se conformer à la Constitution. Les étudiants considèrent que la mesure de Benmoussa constitue « une attaque systématique contre les statuts de la fonction publique », qui fixent à 45 ans la limite d’âge de recrutement.
Même constat dans la ville de Béni Mellal où des dizaines d’étudiants et diplômés chômeurs se sont rassemblés devant le siège de l’académie régionale de l’éducation et la formation professionnelle pour dénoncer ce qu’ils ont qualifié d’une décision abusive, en invitant le chef du département de tutelle à revenir sur cette décision. Les protestataires ont appelé l’Exécutif à respecter le principe de l’égalité en donnant une chance à toutes les catégories de la société marocaine pour passer ce concours qui demeure pour eux la dernière lueur d’espoir.
Qui plus est, les manifestants ont juré de maintenir leur action militante jusqu’à ce que le ministre se rétracte. En termes plus clairs, la décision de Chakib Benmoussa a porté atteinte à une large catégorie sociale qui se voit privée de ses droits constitutionnels. Notons aussi que plusieurs villes du pays ont connu des manifestations dénonçant les nouvelles mesures imposées par le ministère de l’Education nationale, à savoir Oujda, Errachidia, Midelt, entre autres.
Il est à souligner que Rachid Hamouni, président du groupe parlementaire du progrès et du socialisme (PPS) a considéré dans une publication diffusée sur sa page Facebook, que la décision du ministre est un acte de reconnaissance de l’échec de la stratégie du gouvernement. Il faut dire selon le militant du PPS, qu’une telle mesure ne va que renforcer la défiance entre les citoyens et le gouvernement. Cela étant, la restriction de l’âge minimum à 30 ans est synonyme d’une politique de marginalisation systématique et une régression juridique et sociale car elle va à l’encontre de l’essence de la réforme et de la justice sociale, a-t-il insisté. Abondant dans le même ordre d’idées, le président du Groupe parlementaire du progrès et du socialisme à la Chambre des représentants a affirmé que sa formation politique va entreprendre toutes les initiatives afin de faire face à cette violation de la Constitution.